060-PROTOSONRapport de recherche N°60 - ((+ audio))

Penser le monde sonore comme un des éléments de la matrice sensible de la conception architecturale constitue l’horizon de cette recherche. Cette intention appelle à considérer avec attention certaines relations entre perception et action dans le cours de l’expérience des formes construites. Mené dans une telle perspective, ce travail s’intéresse aux observations et expérimentations pouvant éclairer notre compréhension des interactions entre espace, son et potentiel d’action.

Nous le faisons en explorant trois classes de formants spatio-phoniques qui qualifiraient des unités de perception et de conception nommées articulations, limites et inclusions. Ces catégories concernent différents dispositifs architecturaux et prennent sens selon des modalités d’accomplissement sans cesse recomposés par l’usage ordinaire. D’une part, afin d’illustrer et de les comprendre, des situations sonores remarquables, archétypiques au regard des trois catégories énoncées, sont mises à jour dans des espaces accessibles au public ouverts ou clos. Articulations, limites et inclusions sont ainsi précisées au fur et à mesure de la recherche à travers les processus qui les sensibilisent, chacune interrogeant des éléments architectoniques et des enjeux d’usages spécifiques. L’objectif est d’établir un “catalogue raisonné” de ces situations de référence en vue d’offrir un outil de sensibilisation et d’analyse suggérant des thématiques signifiantes de conception sonore relatives au trois catégories énoncées. D’autre part, dans un temps parallèle, nous avons conçu une expérimentation menée au sein d’un “in situ expérimentable” (dans le cadre des grands ateliers de l’île d’Abeau) afin de tester à la fois un dispositif architectural et une configuration sonore. L’artefact construit à l’échelle du corps en mouvement a fait l’objet d’une évaluation par l’usage qui met à l’épreuve une “kinésthésie sonore” afin de mettre à jour des modalités d’articulation, de limite et d’inclusion.Cette forme d’analyse montre comment des potentialités d’action modalisent l’aménagement sonore individuel et amène un matériau pour la conception dans une perspective non causaliste.

Les prototypes ainsi élaborés et les critères qui les qualifient visent à constituer des fils conducteurs de création à partir de la phénoménalité sonore. Conçus par homologie aux situations de référence, ils constituent des opérateurs pour vivre et construire avec les sons en étant transposables et réinterprétés dans des situations projectuelles diversifiées.

Loin de clore ce champ de recherche, ce travail contribue plutôt à l’ouvrir et à poser quelques jalons dans notre projet plus général d’une phénoménologie générative des ambiances architecturales et urbaines apte à irriguer la sémiose contenue dans l’acte de concevoir.

Chercheurs :Jean Luc BARDYN, Grégoire CHELKOFF , Philippe LIVENEAU,  Rachel THOMAS, Nicolas REMY, Thiefaine CHERON, juL McOISANS

Recherche : Ministère Culture/DAPA : "Concevoir les sons"