présentation des enregistrements

Cette recherche présente 19 enregistrements sonores de prise de son in situ dans les villes de Lyon, Nantes et Paris. Elles donnent à entendre des parcs, des jardins collectifs, des places proches d’habitat collectif. La problématique de cette recherche est la suivante : existe-t-il des configurations végétales qui, avec l’espace construit et la société locale, donnent du sens à l’habitat, au volume d’air partagé; entre l’habitant et son environnement, aux rapports entre voisins ? Peut-on considérer le végétal comme un donneur d’ambiances appropriées à l’habitat urbain dense ? Comment les distances de voisinage changent-elles avec le végétal ? Les fragments sonores illustrent la façon dont les gens construisent un rapport affectif avec les autres et avec le végétal dans leur habitat et leur environnement. Ces enregistrements ont servi de matériau pour effectuer des entretiens sur écoute réactivée. Ils avaient généralement lieu au domicile des interviewés. Les conditions d’écoute en intérieur étaient favorables. Les séquences étaient diffusés sur un ordinateur portable et écoutées au casque.

Ces séquences sonores accompagnent le rapport de recherche N°86 :

L’architecte, l’habitat, le végétal et la densité

Index

01 – Nantes aux Dervallières depuis un logement face à la Chézine – 51s

La grande prairie fait entendre activités vocales et jeux quand elle n’est pas une réserve de calme ou de silence. On entend même des sons éloignés : drone urbain et circulation sur les grands boulevards au sud du secteur.
– Aménagement : nous sommes à la fenêtre d’un appartement du 4e étage tourné vers la prairie de la Chézine et l’étang. La hauteur donne plus de portée au son;
– Végétation locale : pots de fleurs et jardinières à la fenêtre, cèdres, pins et chênes proches de la façade, étang, prairies, pelouse des terrains de football, ruisseau… Les zones boisées et ombragées focalisent la présence humaine par temps chaud;
– Monde animal : jacassements, croassements et pépiements marquent plusieurs plans sonores;
– Conditions météo : lourd après-midi estival sans vent.

 

02 – Nantes aux Dervallières, RnB sur un banc – 2min 11s

Deux adolescentes sur un banc sous les arbres écoutent et reprennent sur un téléphone portable un morceau de RnB du moment. La couverture végétale est révélée par les oiseaux et les vagues de vent dans le branchage, et les façades en vis-à-vis par la réverbération, les sons plus éloignés étant par ailleurs canalisés par ce dispositif, qui offre aussi un point d’écoute élevé du reste du monde.
– Aménagement : deux bancs sous les arbres entre deux barres surplombant le parc de la Chézine;
– Végétation locale : gros chênes au-dessus des bancs, feuillus et résineux dans la pente;
– Monde animal : trilles de passereaux et hululements;
– Conditions météo : lourd après-midi d’été sans vent;
– Leq 3 minutes : 46,3 dBA, LA min : 39 dBA.

 

03 – Nantes aux Dervallières face au bassin et à la Chézine – 4min 33s

Depuis le haut de l’étang, on entend toute la profondeur et la largeur de l’espace sonore de la prairie, très clairement indiquées par les interpellations des jeunes, les croassements de corbeaux et les accélérations rageuses de la voiture en rodéo. La transparence et la coprésence sont fortes entre les sons de l’intérieur des logements, ceux des activités au pied des bâtiments, des activités lointaines sur la prairie, et ceux de la vie animale et végétale.
– Aménagement : terrain en pente depuis les abords du centre culturel sur plusieurs centaines de mètres jusqu’à la Chézine;
– Végétation locale : arbres et arbustes à proximité de l’auditeur, en lisière et tout autour de la grande prairie, la végétation propre à l’étang;
– Monde animal : On entend un très grand nombre de passereaux, des corbeaux et des hibous dans tous les arbres, beaucoup d’oiseaux et de grenouilles dans l’étang;
– Conditions météo : fin de journée estivale avec séquences éventées.

 

04 – Nantes au bord de l’Erdre près de l’embarcadère de Port-Boyer – 3min 12s

On se croirait vraiment à la campagne, loin de toute habitation, de tout bâtiment, avec cette importante densité verte sur les deux rives, et cet espace quasi lacustre qui offre une vraie « clairière liquide » sur plusieurs centaines de mètres de largeur et de profondeur. Joggeurs, cyclistes et usagers d’embarcations font bon ménage avec les animaux d’une petite réserve naturelle. A l’écoute, le drone du centre ville reste présent.
– Aménagement : allées gravillonnées, embarcadère du Navibus nantais;
– Végétation locale : arbres et arbustes du bord de l’Erdre, en fait ici très large et dépourvu de courant;
– Monde animal : présence importante de l’avifaune, canards, pigeons, passereaux, corbeaux, insectes;
– Conditions météo : matinée estivale, air humide, vent nul;
– Leq 3 minutes : 47 dBA, LA min : 41 dBA.

 

05 – Nantes depuis une tour de Port-Boyer – 2min 39s

Depuis un palier du 13e étage ouvert sur la façade, on entend la rumeur de Nantes (à gauche) et on devine le large Erdre au pied des tours, même si les signaux de la rivière sont rares ce jour-là. Le vent révèle la gigantesque nappe verte qui est sous nos oreilles, qui masque un peu les échanges au pied de la tour, dans les halls et les couloirs. Le passage d’un avion à hélices sur la ville donne une dimension verticale à la séquence.
– Aménagement : parkings et allées piétonnes en plateforme au pied des immeubles, l’ensemble dominant l’Erdre sur une butte;
– Végétation locale : le pied des immeubles est arboré et gazonné ; vers l’Erdre la végétation est très dense;
– Monde animal : passereaux multiples, solistes par moment, grenouilles et corbeaux vers l’Erdre;
– Conditions météo : bourrasques de vent dans les feuillages environnants (plus bas que nous) en fin de soirée;
– Leq 3 minutes : 52 dBA avec chantier lointain.

 

06 – Nantes au bout des Landes face au “petit bois” – 1min 59s

La poche verte est très menacée par les sons routiers. Les activités locales se déroulent dans une acoustique dotée d’une réverbération propre à l’architecture des bâtiments et aux troncs d’arbres eux-mêmes. Le drone de circulation routière avec des camions solistes, très présent et consistant, qui fait fond et mur à la fois, s’engouffre dans cet espace comme à travers une fenêtre.
– Aménagement : au pied des bâtiments, quelques allées étroites sont pavées ou gravillonnées, le reste du sol est nu. Quelques tables en ciment et quelques bancs sous les arbre;
– Végétation locale : plantation régulière et dense, serrée parfois, de feuillus, qui forment un bois assez sombre;
– Monde animal : avifaune présente, avec quelques solistes (corbeaux et passereaux);
– Conditions météo : chaude matinée d’été
– Leq 3 minutes : 51,6 dBA. LA min : 47,3 dBA

 

07 – Lyon dans le quartier des États-Unis – 1min 39s

Parcours du boulevard jusqu’au boulodrome qui fait ressentir plusieurs enveloppes sonores dont une végétale. La circulation s’atténue vite, on passe devant un transformateur EDF, puis on entre sur le sol en gravillon du boulodrome. Le bruissement des feuilles masque remarquablement la rumeur urbaine finalement très proche.
– aménagement : les parcelles et les locaux du boulodrome;
– végétation locale : platanes sur le boulevard et sur le boulodrome;
– monde animal : aucune présence remarquable pendant ce parcours;
– conditions météo : matinée printanière avec bouffées de vent sur les feuilles au sol sur le boulevard, puis dans les platanes au-dessus des joueurs;
– Leq 3min 64 dBA sur le boulevard, Leq 3min 53 dBA dans la clairière.

 

08 – Lyon place Sathonay vers 17:00 heures – 1min 14s

Parcours. Présence de jeux d’enfants au départ, puis climatisation, traversée d’une rue, passage au milieu d’une terrasse de café, puis à nouveau calme, quelques oiseaux et fontaine, on se rapproche des enfants.
– Aménagement : sol en terre;
– Végétation locale : d’immenses marronniers surplombent;
– Monde animal : un rossignol soliste;
– Conditions météo : bel après-midi, 17 h;
– Leq 10’ : 59 dBA.

 

09 – Lyon place Sathonay vers 22:00 heures – 1min 13s

Au milieu des jeux de boules, discussions, terrasses de café à distance, rares passages de véhicules.
– Aménagement : sol en terre;
– Végétation locale : d’immenses marronniers surplombent;
– Monde animal : aucune présence audible;
– Conditions météo : belle soirée 22h.

 

10 – Paris au jardin Georges-Duhamel – 2min 19s

La grande ville n’est pas bien loin (drone, hélicoptère…), mais on a ici la sensation d’un espace relativement fermé, contenant ses propres sons vocaux et ceux des activités qui s’y déroulent, notamment les jeux d’enfants au jardin et à la crèche. Cet espace est caractérisé par un temps de réverbération important dû à des façades lisses et vitrées pour la plupart. L’ambiance est joyeuse et tonique, multi-ethnique et multi-générationnelle.
– Aménagement : ce jardin a un statut de square public parisien ; il est protégé de l’agitation des quais de Seine car il est construit sur une dalle surélevée devancée d’un généreux merlon ; la chicane entre les barres de bâtiments empêche également l’entrée des sons du quartier de l’avenue de France;
– Végétation locale : très variée (une vrai catalogue paysager…), elle offre plusieurs itinéraires parallèles et des ambiances où l’on est plus ou moins exposé, plus ou moins protégé;
– Monde animal : forte présence de passereaux à distance dans les jardinets au pied des façades, mouches;
– Conditions météo : fin d’après-midi estival, absence de vent.

 

11 – Paris au cœur de l’îlot ouvert rue Elsa-Morante – 2min 17s

La perméabilité de l’îlot aux sons de l’extérieur est majeure, la grande ville paraît anormalement proche, presque renforcée par la réverbération des bâtiments. On est exposés à tous les vents et tous les sons qui pourront passer. Il n’y a pas encore de grands arbres, le feuillage de ceux qui ont été plantés est en plein croissance et trop peu généreux encore pour apporter un effet de masquage des sons urbains, et les espaces verts de la résidence ne sont pas ouverts aux jeux. C’est le côté minéral qui l’emporte, qui renvoie à une forme d’aseptisation en l’absence de sons animaliers. Si les habitants ne s’arrêtent pas au pied des bâtiments faute d’un lieu attrayant au pied des bâtiments à part un banc, ils occupent par contre cet espace vocalement lors des parcours jusqu’au cœur du domicile en passant par l’allée principale et le hall. Un hélicoptère passe à moyenne altitude, répercuté mille fois dans l’îlot ouvert.
– Végétation locale : végétation « maîtrisée », en bacs, en parterres, sur les balcons, évoquée graphiquement sur la façade de la tour
– Monde animal : ni avifaune ni insectes repérables
– Conditions météo : température estivale, absence de vent

 

12 – Paris au cœur de l’îlot ouvert rues Goscinny et des Frigos – 2min

Cet espace fait extrême oriental, zen, calmant. Bien que les bâtiments sud-est de l’îlot soient directement exposés à l’animation des quais de la Seine et dotés de plusieurs passages vers le jardin intérieur, leurs ouvertures laissent pénétrer modérément le drone urbain, qui va plus jouer ici un rôle lissant de l’ambiance locale que de résonateur pour les sons extérieurs. De nombreux sons de la sphère domestique circulent dans la sphère collective.
– Aménagement : 2 bancs;
– Végétation locale : arbres, arbustes, parterres, balcons et galeries fleuris;
– Monde animal : quelques passereaux;
– Conditions météo : après-midi estival avec quelques bouffées de vent douces dans les feuillages.

 

13 – Paris dans la cour des Bouleaux – 2min 17s

Les sons de circulation dans la rue passent partiellement dans cette cour, où on entend beaucoup d’habitants derrière les fenêtres ouvertes, dans les halls et les cheminements. Pas, échanges et roulements de poussettes sur le revêtement dur du sol de la cour dans cette qualité de réverbération due aux bâtiments et aux troncs d’arbres renvoient à une ruelle villageoise. On est juste étonné par la faible présence de l’avifaune pour tout ce feuillage (à cause du chantier de couverture ce jour-là ?). Rumble constant qui évoque le passage d’une péniche (compresseur de chantier à proximité ?)
– Aménagement : deux parcours principaux en dur permettent de desservir toutes les entrées de la résidence;
– Végétation locale : plusieurs rangées de bouleaux et massifs de prunus quasiment sur toute la surface de la cour;
– Monde animal : pépiement de passereau soliste dans les bouleaux;
– Conditions météo : après-midi estival très chaud et sans vent.

 

14 – Nantes à la Ville-en-Pierre avec les jardinières – 2min 30s

Les habitantes-jardinières échangent sur un banc devant un petit immeuble collectif, sous le bruissement subtil des tilleuls, qui font ombrage et jolie limite sonore. Mise à part la rumeur distante du parc voisin et quelques rares sons des rues adjacentes, ce sont les sons d’en-haut (avions) qui cadrent verticalement la scène.
– Aménagement : bancs sous les tilleuls sur une placette en demi-cercle au milieu de laquelle trône un jeu et une table pour 4 enfants, sol en pavés autobloquants, jeux sur sol mou;
– Végétation locale : quelques tilleuls qui bruissent par moments, haies taillées autour de la place;
– Monde animal : rares passereaux et chouettes, aboiements lointains;
– Conditions météo : fin d’après-midi chaud, léger vent dans les branchages;
– Leq 3’ 42,5 dBA 18:30. LA min 41 dBA.

 

15 – Nantes à la Ville-en-Pierre au jeu de boules – 1min 09s

Échanges détendus entre amis dans un jardin privatif, jeu de boules et repas. Le vent dans les branches masque presque toute rumeur urbaine. Passage d’un avion très haut dans le ciel.
– Aménagement : jardin privé derrière des grillages et des haies;
– Végétation locale : nombreux jardins privés et parcelles publiques, avec des potagers, des arbustes et des grands arbres;
– Monde animal : un hibou et quelques moineaux;
– Conditions météo : soirée estivale éventée, bourrasques de vent dans les ruelles, les haies et les arbres.

 

16 – Lyon en accédant au palais Saint-Pierre – 1min 45s

On s’éloigne de la fontaine de la place des Terreaux, très vocale, avant de s’engager dans le palais. Réverbération sous le porche du bâtiment et arrivée dans le cloître près de sa fontaine, piéton sur sol stabilisé.
– Aménagement : jardin public dans un cloître;
– Végétation locale : elle ne transparaît absolument pas;
– Monde animal : avifaune nulle, aboiements de chien à l’extérieur.

 

17 – Nantes à la Fournilière pour un piquenique du crépuscule – 2min 05s

Caché parmi les jardins potagers, l’espace de pique-nique est investi ce soir par un groupe de plusieurs familles d’amis. Jeux d’enfants et préparation du repas. Il est protégé par de grands arbres qui accueillent l’avifaune, peu dérangée par l’agitation. L’ambiance est légèrement réverbérée par les arbres et les haies, qui ferment l’espace comme dans une « salle verte ». On entend la grande ville toute proche, à peine retenue par les maisons R+1 ou R+2 qui limitent le secteur des jardins.
– Aménagement : bancs et jeux pour les enfants, équipements pour les piqueniques et les barbecues;
– Végétation locale : clairière plantée d’arbres vénérables, entourée par une multitude de jardins familiaux et leurs haies d’arbustes, sol herbeux;
– Monde animal : chant du rossignol, pépiements de passereaux, jacassements de pies, martinets ou hirondelles, grillons, aboiements;
– Conditions météo : chaude fin de journée estivale avec peu de vent;
– Leq 3 minutes : 46,3 dBA LA min : 39 dBA.

 

18 – Nantes à la Fournilière ambiance ludique – 1min 50s

En plein cœur des jardins familiaux, on est entouré par toutes les activités des enfants (regroupés autour des équipements) et celles des jardiniers sur leurs parcelles. L’avifaune distante et gros plan intermittent de grillons. L’avifaune et les activités ont de la peine à surmonter le drone urbain du moment.
– Aménagement : à côté de l’allée centrale de la Fournilière, gravillonneuse;
– Végétation locale : sol herbeux, haies d’arbustes isolant les parcelles de jardins, arbres plus grands isolés;
– Monde animal : grillons, hirondelles ou martinets;
– Conditions météo : pas de vent.

 

19 – Nantes à la Fournilière en fin d’après-midi – 2min 14s

Le drone urbain et le grondement de l’avion jouent à cache-cache avec le bruissement de tous ces feuillages dans le vent, qui évoquent un grand espace boisé sauvage. On perçoit une petite activité et quelques échanges entre usagers des jardins potagers et les lointains de jeux d’enfants. Les sons animaliers contribuent à fabriquer la profondeur et la hauteur du paysage.
– Aménagement : gravier pour les pas, herbe par les grillons;
– Végétation locale : haies entourant les parcelles, grands arbres entourant l’espace de piquenique;
– Monde animal : chouette, passereaux, hirondelles ou martinets, grillons, mouches;
– Conditions météo : vagues de vent.