présentation des enregistrements

Ces enregistrements restituent les exposés & les débats qui ont eu lieu durant trois journées qui ont réuni des chercheurs, des architectes, des élus, des artistes et des usagers autour des thématiques suivantes :
– 3 juillet 2007 : Les espaces de la marche en ville
– 13 novembre 2007 : La dimension sensible et corporelle de la marche en ville
– 15 janvier 2008 : Les outils d’observation et d’analyse de la marche en ville

Ces enregistrements accompagnent le rapport N°71 :

Séminaire « Marcher en ville »

 

Index

Journée du 3 juillet 2007
Les espaces de la marche en ville

 

01 – Accueil – 2min 22s

Grégoire Chelkoff, Architecte, Directeur du Cresson

 

02 – Introduction générale au séminaire – 13min 06s

Rachel THOMAS (Sociologue)

Après avoir rappelé l’importance de cette thématique de la marche en ville dans la construction des problématiques de recherche de l’équipe CRESSON, cette introduction fixe à la fois le cadre général de ce séminaire de recherche et ses axes de questionnement. Ainsi, deux problématiques, transversales à l’ensemble des  journées thématiques, sont plus particulièrement mises en avant. D’une part, en quoi l’émergence aujourd’hui d’une « pensée de la marche », dans des milieux disciplinaires aussi différents que l’économie des transports, la sociologie urbaine, la géographie, l’urbanisme… modifie-t-elle les cadres d’interprétation de la ville et sa planification ? D’autre part, comment la marche peut-elle passer d’un statut instrumental à un statut d’objet de recherche dans le champ des ambiances architecturales et urbaines ?

 

03 – L’historiographie de la marche en ville selon Marcel Poëte – 43min 45s

Steven MELEMIS (Urbaniste)

C’est à travers les écrits de l’historien du quotidien, Marcel Poëte, qu’est ici évoquée la place de la marche dans la constitution et l’évolution de l’espace parisien des années 1910-1920. À cette époque, la capitale française, en pleine croissance, fait l’objet d’une planification urbaine rationnelle, dont Poëte restitue les principes à partir d’observations du quotidien et de recueils iconographiques. Outre une réflexion autour de la marche, et des principes aménagés qui l’ont dessiné, l’auteur démontre ici en quoi la démarche historiographique de Poëte a fondé la discipline de l’urbanisme et a influé sur la critique du projet urbain.

04 – Débats 1 – 32min 27s

 

05 – La marche, un des usages légitimes (et non exclusifs) de l’espace urbain – 58min 24s

Jean-Pierre CHARBONNEAU (Urbaniste)

Malgré le militantisme à l’œuvre dans la défense du piéton en ville, et face au poids écrasant des lobbies de la voiture et des modes de transports dits « doux », la marche en ville peine encore à trouver sa place et une force conséquente dans notre société pour orienter durablement les politiques publiques de déplacement. S’imposer comme un mode d’usage légitime de la ville nécessite en effet de la négociation, du dialogue et des arbitrages. C’est à travers la présentation de projets urbains réalisés en France, en Amérique Latine et au Danemark qu’est ici discutée l’idée d’un équilibre à trouver, dans la planification urbaine, entre les divers modes de déplacement et d’investissement de l’espace public urbain.

06 – Débats 2 – 33min 41s

 

07 – Relire Pas à Pas (JF. Augoyard) : le monde commence autrement – 40min 21s

Yves WINKIN (Professeur de sociologie)

30 ans après la publication de Pas à pas : essai sur le cheminement quotidien en milieu urbain, et devant Jean-François Augoyard, il s’agit de proposer une relecture de l’ouvrage au-delà du carcan interprétatif dans lequel il a été enfermé jusqu’à présent. Chapitre important de l’histoire du Cresson, Pas à pas n’est en effet pas à apprécier pour sa seule contribution à une rhétorique du cheminement. Si sa portée méthodologique pour le champ des ambiances architecturales et urbaines n’est pas contestée, sa dimension opératoire et politique restent à apprécier. Pas à pas, en donnant à voir cette forme de « résistance » et d’utopie habitante face aux cadres construits imposés par le politique et l’urbaniste, rend manifeste une opposition : celle entre « habiter » et « loger », dont on sait qu’elle demeure aujourd’hui d’actualité.

08 – Débats 3 – 43min 08s

 

09 – Film documentaire : Paris-Orléans : carnet de voyage d’un banlieusard : Carnet de voyage d’un balieusard + débats – 34min 16s

Olivier COMTE (Auteur-réalisateur)

La projection de ce film-documentaire est un moyen de revenir sur la dimension sociale et symbolique de la marche en ville. Paris-Orléans retrace le voyage à pied de son auteur, Olivier Comte, le long du tracé de l’ancienne voie romaine reliant les deux villes. Au fil du voyage, des rencontres se tissent avec les habitants des lieux (riverains, retraités, « banlieusards », intellectuels) qui permettent de raconter des fragments de vie, de décrire des morceaux du paysage urbain et de donner à percevoir la force et l’ambivalence des relations nouées lors d’un parcours à pieds.

 

Journée du 13 novembre 2007
La dimension sensible et corporelle de la marche en ville

 

10 – Accueil – 3min 34s

Vincent Michel (directeur de l’ENSAG) & Grégoire Chelkoff (Directeur du Cresson)

 

11 – Introduction générale à la deuxième journée du séminaire – 7min 36s

Rachel THOMAS (Sociologue)

Comment la marche met-elle quotidiennement en jeu le corps et les sens des citadins ? De quelle manière cette expérience d’ancrage du piéton participe-t-elle de la dimension charnelle de la ville ? Trois pistes de débats sont proposées dans le cadre de cette journée pour tenter d’amorcer des pistes de réponse à cette problématique. La première est celle des « techniques du corps » : qu’en est-il des langages corporels des piétons et comment ceux-ci se modulent-ils en fonction des situations ou des contextes urbains ? La seconde est celle de la synesthésie : si la marche constitue bien une activité d’ajustement entre le piéton et l’environnement, comment cette activité articule-t- elle des modalités sensorielles différentes ? La troisième piste de réflexion, enfin, est transversale aux deux précédentes. Elle pose plus directement la question de l’efficace des ambiances architecturales et urbaines sur le pas du piéton. Il s’agit là de s’interroger autant sur les modalités d’action qu’elles permettent ou contraignent que de s’intéresser aux « états émotionnels » qu’elles provoquent.

 

12 – Corps à corps urbains – 53min 31s

Anne JARRIGEON (Chercheur en sciences de l’information et de la communication)

Cette intervention reprend une partie des questionnements et des résultats d’une thèse soutenue récemment en science de l’information et de la communication, et dont l’objectif a été la construction d’une anthropologie poétique de l’anonymat parisien. Dans le contexte de l’anonymat présent à l’échelle de la grande métropole, les langages des corps en marche produisent et témoignent d’une grammaire des apparences et des ajustements identitaires à l’œuvre dans les modes d’investissement de l’espace public urbain. Décrire cette rhétorique des corps en marche permet non seulement d’en révéler la dimension sensible mais aussi de l’articuler à des formes d’intelligibilité du social que la marche met à l’épreuve et qu’elle produit dans le même temps.

13 – Débats 4 – 28min 19s

 

14 – Autour et loin de sa maison – 42min 31s

Jean-François PIRSON (Artiste Pédagogue)

La marche est ici investie à partir de trois champs disciplinaires : la phénoménologie, les arts plastiques et l’anthropologie. Elle est d’abord conçue comme une pratique exploratoire de l’espace avant d’être définie comme une manière sensuelle d’être au monde. Jean-François Pirson marche autour de sa maison mais aussi dans les grandes métropoles urbaines oubliées ou focalisant les discours contemporains sur la ville : Téhéran, Beyrouth, Alep, Damas, Barcelone… À chaque voyage, l’acte de marcher entre dans un processus de compréhension des rapports entre le corps et l’espace : comment le corps du marcheur reçoit-il l’espace et le déploie-t-il ? Au-delà de cette recherche qui alimente aujourd’hui un travail plastique, la marche constitue également un mode d’engagement : elle est fondamentalement un moyen de « traverser des concrétions », de chercher « un coefficient de frottement avec le monde » dont le marcheur, plus que le piéton, semble être l’instrument.

15 – Débats 5 – 27min 43s

 

16 – Marcher à plusieurs – 46min 38s

Samuel BORDREUIL (Directeur du LAMES, Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme)

Si la marche solitaire, et notamment la flânerie, occupent largement les écrits sur la ville depuis le XIXe siècle, elles ne constituent qu’un cas rare d’investissement de l’espace public au quotidien. L’observation des pratiques urbaines et des interactions sociales révèle en effet la banalité et la prégnance des conduites de groupe en ville. Or, que nous disent ces marches à plusieurs des processus et procédures à l’œuvre dans la constitution du social en ville ? Privilégiant une approche micro-analytique de ces pratiques, proche des thèses de l’interactionnisme symbolique, l’auteur revient à la fois sur les conditions interactionnelles qui rendent possible la marche à plusieurs et sur les ressources (pratiques, perceptives) qu’elle requiert chez le piéton. À travers l’exemple d’une recherche menée dans la zone commerciale de Plan de Campagne, entre Marseille et Aix-en-Provence, c’est donc toute l’intersubjectivité et toute la réflexivité des conduites urbaines qui sont ici décrites.

17 – Débats 6 – 37min 01s

 

18 – Marcher en ville : le regard du chorégraphe – 1h 25min 06s

Sylvie GUILLERMIN (Chorégraphe)

Cette table-ronde aborde la place de la marche, et plus largement des gestes quotidiens, dans le milieu de la danse contemporaine. Elle s’appuie sur deux supports : d’une part, la réalisation d’un atelier-marche, animé par Sylvie Guillermin, et auquel ont participé des membres de l’équipe Cresson ; d’autre part, le commentaire d’extraits de spectacles, chorégraphiés par Sylvie Guillermin et commentés à la fois par l’auteure et son assistante. Si la marche constitue, pour le danseur, la base même du mouvement et de la mise en jeu du corps dans l’espace, elle est aussi un moyen de s’interroger sur cet espace et ses limites. À travers une recherche chorégraphique sur l’espace vertical et sur celui de l’enfermement, Sylvie Guillermin donne à penser ici l’existence d’espaces dans l’espace et leurs potentialités pour le mouvement des corps.

 

Journée du 15 janvier 2008
Les outils d’observation et d’analyse de la marche en ville

 

19 – Accueil – 1min 22s

Grégoire Chelkoff, Directeur du Cresson

 

20 – Introduction générale à la troisième journée du séminaire – 13min 32s

Rachel THOMAS (Sociologue)

Si la thématique de la marche en ville constitue davantage une ritournelle de l’histoire urbaine qu’une préoccupation marquante de ce XXIe siècle, elle réapparait aujourd’hui dans un contexte moral particulier : celui du militantisme environnemental. Or, bien que ce militantisme permette une réflexion nécessaire sur la qualité de vie en ville, il nourrit également un certain nombre de dérives dont la première est celle de véhiculer une vision « aseptisée » de la ville. Comment retourner cette tendance et faire en sorte que l’intérêt porté au piéton et à ses pratiques participe d’un renouvellement de la réflexion sur la ville ? Une piste de réflexion a été tissée tout au long de ce séminaire de recherche : celle de porter attention à la ville charnelle, c’est-à-dire à la manière dont quotidiennement les pratiques piétonnes et l’environnement urbain se saisissent mutuellement l’un de l’autre pour prendre finalement corps et sens. Il s’agit maintenant de réfléchir aux outils et au vocabulaire adéquats pour amorcer cette nouvelle piste de travail.

 

21 – Contribution de l’hodologie récréative à la perception des espaces urbains – 49min 51s

Hendrik STURM (Artiste-promeneur)

De l’hodologie à la dérive des situationnistes, la marche a, depuis des années, enrichi et questionné la démarche artistique. C’est à travers ce prisme de l’art, et principalement des démarches nouvellement mises en œuvres par les artistes-promeneurs, que cette thématique du « Marcher en ville » est ici abordée. Après un bref rappel des principales approches du parcours urbain et des tentatives de notation ou de catégorisation auxquelles elles ont mené, l’auteur développe plus particulièrement la thématique de « la marche récréative ». A partir d’exemples de ces promenades, une tentative de restitution et de notation dynamique du parcours urbain est ici mise en œuvre. Celle-ci permet d’approcher non seulement la dimension pratique de l’expérience cheminatoire mais aussi sa dimension affective.

22 – Débats 7 – 32min 09s

 

23 – Trois marches d’approche – 50min 46s

Jean-Paul THIBAUD (Sociologue, Urbaniste)

Quelle méthodologie mettre en œuvre pour aborder la marche urbaine dans sa concrétude, comme un processus quotidien de découverte de la ville ? En quoi cette tentative de formalisation d’une méthode d’enquête originale permet-elle d’articuler des questions de fond au sujet de la marche en ville ? Ces interrogations trouvent un terrain d’expérimentation et de dialogue à travers la construction d’un dispositif d’enquête particulier : « la marche aux trois personnes ». Fondé sur l’articulation de  protocoles – l’immersion du chercheur dans un terrain d’étude (« dérives photographiques »), le recueil de la parole habitante (« séquences accompagnées »), l’observation des conduites ordinaires des passants (« reconduction de parcours ») – cette démarche empirique propose finalement une mise en résonance de l’objet d’étude et du processus de recherche. De ce point de vue, ce sont « les modes d’existence de la marche urbaine » qui sont ici analysés et illustrés.

24 – Débats 8 – 26min 28s

 

25 – Les descriptions d’itinéraires piétons : les méthodes de l’analyse du discours aux prises avec les verbalisations situées – 55min 51s

Jeanne-Marie BARBERIS (Linguiste)

Acte banal du monde urbain, la communication d’un itinéraire à une tierce personne constitue simultanément un discours dans la ville et un discours sur la ville. C’est de cet aspect verbal, mais aussi corporel et spatial, du parcours urbain dont cette intervention traite. Plus qu’une simple transmission d’information entre deux locuteurs, la communication d’un itinéraire piéton engage simultanément le Verbe, le geste et un certain rapport à l’espace. Articulés dans l’espace-temps de l’échange interpersonnel, ces éléments contribuent à rendre l’expérience spatiale transmissible et partageable. De ce point de vue, l’analyse du genre discursif à l’oeuvre dans l’organisation de ces échanges ordinaires dévoile non seulement la complexité du parcours urbain mais aussi celle de la transmission d’un savoir sur le parcours urbain.

26 – Débats 9 – 18min 21s

 

27 – Etre à la rue, être à la vue – 50min 31s

Jean-Yves PETITEAU (Anthropologue)

À St Nazaire, des SDF parlent d’un des leurs, décédé récemment. La mort d’un compagnon, la vie à la rue mais aussi la condition d’étranger dans la ville que l’on habite scande bien souvent les récits de ces hommes à la marge. Au-delà des paroles recueillies dans la dynamique d’un parcours urbain, des images fixent une perception de la ville et un rapport à l’habiter particuliers. Ces récits métaphoriques sur la ville et ces images sont ceux que collectent, depuis 00, Jean-Yves Petiteau et Gilles Saussier, dans un travail collaboratif. Ce dialogue entre un chercheur et un photographe réinterroge aujourd’hui un travail méthodologique initié par le premier dans les années soixante-dix sous le nom de « méthode des itinéraires ». Il est ici question des doutes et des interrogations du chercheur quant à ce protocole et des modèles de représentation qui le sous-tendent depuis des années.

28 – Débats 10 – 19min 05s

 

29 – Conclusion générale au séminaire – 3min 19s

Rachel THOMAS