La diversité des bouleversements formels, esthétiques et sensibles occasionnés par l'installation de projets d'aménagement urbains éphémères à vocation festive révèle la richesse d'un phénomène capable de remettre provisoirement en cause l'organisation spatiale et temporelle de la cité. A partir d'une analyse critique des multiples moyens mis en oeuvre pour concrétiser ces projets aux qualités plurisensorielles, cette recherche s'applique à mettre en évidence l'existence d'une réelle cohérence entre les différentes étapes du processus d'émergence de ces interventions épisodiques.

Depuis l'expression des premières intentions créatrices jusqu'à la variété des émotions suscitées auprès du public, ces réalisations tendent à vérifier les principes d'une véritable économie du projet d'aménagement éphémère. Couplée à un large éventail d'artifices techniques, l'exploitation des contraintes et des potentialités des sites investis par la fête commande la gamme des effets sensibles offerts au public. L'étude des propriétés spatiales puis des dispositifs plurisensoriels appartenant à un corpus de projets diachroniques édifiés au XVIIIe siècle et au XXe siècle permet de comprendre la spécificité politique, économique, artistique ou sociale d'un champ d'activité qui revêt à la fois une dimension instrumentale et expérimentale.

En marge de la transformation des contingences qui ont régulièrement inscrit ces phénomènes dans les rythmes urbains, l'évolution des techniques n'a nullement remis en cause les arcanes d'une pratique vieille de plusieurs siècles. Cette surprenante stabilité offre alors la possibilité d'entreprendre le décryptage des invariants qui participent à l'émergence d'environnements nouveaux en ayant recours à la problématique centrale des ambiances architecturales et urbaines.