FR

Mots-clés : habituation, ambiance, Villeneuve (Grenoble), expérience quotidienne, rénovation urbaine.

Résumé :La Villeneuve de Grenoble, pensée comme une utopie dans les années 70 puis classée en Zone Urbaine Sensible, a fait l’objet de deux programmes de rénovation urbaine (2008-2025). Ces programmes tentent de changer l’image et la structure du quartier et de le reconnecter avec l’agglomération grenobloise. Dans ce contexte de transformation urbaine, nous avons tenté de comprendre les processus d’habituation des habitants aux ambiances de la rénovation. Les habitudes, savoir-faire et savoir-être, et l’habituation, synonyme de familiarisation ou de désensibilisation, sont potentiellement autant une source de renouveau qu’un frein au changement. Au cours d’une enquête de trois ans (2015-2018) nous observons l’étape d’une réhabilitation en site habité de deux montées d’immeuble de logements sociaux, entourée d’une série de démolition. À travers l’usage du récit, de la photographie et du relevé de signes, nous tentons de comprendre et de rendre compte de l’expérience vécue et de la vie quotidienne des habitants. Entre un agir et un pâtir, les habitants sont déstabilisés et tentent de re-stabiliser leur vie quotidienne. Dans ce bouleversement, nous avons cherché les manières d’être, d’agir et de pâtir pour proposer une réflexion sur le déroulement de ces processus d’habituation, sur leurs possibilités et leurs limites. L’habituation des habitants aux enquêteurs nous mènera à de nouvelles expérimentations méthodologiques pour produire des données face à un terrain qui ne se laisse pas enquêter et pour respecter les différentes postures que prennent envers nous les habitants. Cette recherche, en même temps qu’elle tente de rendre compte de la vie quotidienne et des problématiques de ceux qui habitent la réhabilitation, souhaite proposer un regard sur la place des habitudes et des pratiques quotidiennes dans le déroulement de projet urbain en site habité.

 

EN

The « Villeneuve de Grenoble », thought of as a utopia in the 1970s and then classified as a Sensitive Urban Zone, has been the subject of two urban renewal programs (2008-2025). These programs endeavor to modify the image and structure of the neighborhood as well as to reconnect it with the main city. In this context of urban transformation, we tried to comprehend the inhabitants’ processes of habituation to the ambiances of the renovation.
Habits, know-how to be and know-how to do, and habituation, synonym of familiarization or desensitization, all could be either a source or a preventer of renewal. During a three years inquiry (2015-2018) we observed the stage of rehabilitation in an inhabited site of two social housing buildings, surrounded by a sequence of demolitions. Through story-telling, photography and signs recording, we tried to grasp and report the lived experience and the daily life of the unstabilized inhabitants trying to stabilize their own daily lives. In this upheaval, we searched for some ways of being, ways of doing and ways of suffering to propose thoughts about how the habituation process takes place, and what are his limits and possibilities. The inhabitant’s habituation to investigators leads us to a methodological experiment to collect data in this neighborhood that does not let itself be investigated and to respect the inhabitant’s needs. This study, at the same time as it tries to share the daily life of those who live in rehabilitation, it is trying to offer a perspective on the place of habits and daily practices in inhabited urban projects.