La part sensible de l’expérience n’est pas la plus explicite. Au sein de l’expérience sensible l’expérience sonore ne semble prendre relief que dans les temps forts de l’expérience musicale ou dans le choc de l’exposition au bruit. De nombreux champs de l’action, aussi bien individuels que collectifs, sont cependant sono-induits. Ils réagissent aux milieux sonores dans le même temps qu’ils en écrivent les partitions complexes.

Par l’approche ethnographique, ce travail interrogera les modèles en apparence stables de la fête locale et la prégnance des dispositifs historiquement constitués en leur pouvoir d’orientation des formes et contenus explicites de l’action sonore. Comme il en est pour de nombreux autres dispositifs de la sociabilité, la Fête a en effet naturalisé les expressions du Bruit, de la Musique, de la Voix et l’ensemble des gestes sonores. Il s’agira de questionner les espaces acoustiques où se nouent les dynamiques des pulsions individuelles finement articulées en des instants-lieux de reliance, l’intersubjectivité, d’intercorporalité mais aussi les résistances à la fois physiques et symboliques, aussi bien des lieux que des habitudes perceptives.

Le rapport au final toujours singulier que la Fête concrétise avec le lieu doit être soumis à la question de la pulsativité onore des actions communes. C’est en effet par une reliance au final toujours mystérieuse que le son, et plus globalement le sensoriel, tracent le sillon du lien sociétal. Comment les nombreux registres de l’action sonore font-ils lien et font-ils lieu ? Telles sont les questions dominantes auxquelles tente de répondre ce travail.