Cette thèse montre l'existence de pratiques qui consistent à maîtriser le confort acoustique quotidiennement et naïvement. Sans faire appel à un savoir en acoustique savante, ces pratiques se basent sur des compétences ordinaires. Posée ainsi, la question de la culture sonore ordinaire se décline comme un capital de savoirs et de savoir-faire discrets, ceux-là même décrits par Augoyard et de Certeau comme manières d'habiter ou arts de faire. Souvent rejetées dans le domaine du non-savoir et de la non-science, ces pratiques constituent pourtant le lot de la vie quotidienne. Décrire cette culture sonore ordinaire revient à décrire des situations sonores dans le lieu où elles s'exercent : l'espace habité. Une enquête approfondie nous a permis de décrire les composantes acoustiques, architecturales de vingt cellules logement, ainsi que les perceptions, représentations culturelles et actions des occupants. Les résultats témoignent de cette culture sonore ordinaire, qui dévoile sa dynamique et montre son efficacité à gérer intuitivement l'environnement sonore. L'analyse dégage trois grands genres de conduites sonores : Dans le premier, la maîtrise du confort acoustique s'appuie sur des moyens spatiaux mis en oeuvre par l'habitant pour obtenir un résultat de confort acoustique. C'est ce que nous appelons un dispositif : un ensemble de moyens rendant une action possible et efficace. Le second genre engage une dimension spatio-temporelle. On considère l'habitant dans son milieu habité, et l'on observe alors les liens dynamiques entretenus. Nous appelons procédures ces actions et gestes habiles qui réalisent le confort acoustique dans chaque situation. Le troisième genre regroupe, les stratégies qui sont des anticipations : les situations sonores sont re-présentées, et l'action de l'habitant est planifiée. Contrairement à la procédure, qui est spontanée et évanescente, la stratégie constitue un savoir et le capitalise. Elle fonctionne selon le mode de l'intentionnalité.