Dans ce travail de thèse, dont l'enquête ethnographique prend place au sein de l'arrière-pays des gares du Nord-Est parisien, nous proposons d'étudier les formes culturelles qui illustrent comment des populations migrantes et précaires se retrouvent confrontées à l'épreuve urbaine du « se nourrir ». L'alimentation en situation de migration est cruciale, notamment parce qu'elle participe au premier chef à la (re)constitution d'une intimité depuis laquelle on se rend capable d'affronter le monde extérieur afin d'y avoir des interactions sociales, d'y fonder des appartenances et d'y nouer des attachements. Pourtant, plusieurs facteurs rendent difficiles voire impossibles le fait d'être invité ou d'inviter chez soi des hôtes autour d'un repas : le manque de maîtrise de son quotidien, le manque d'argent, de matériel ou de compétences, mais aussi et surtout l'absence d'espaces publics et privés dédiés à cet usage. Il s'agit alors de décrire les différentes solutions qui sont trouvées afin de surmonter cette épreuve, en documentant certaines formes de commensalité publique et en suivant l'hypothèse selon laquelle ces dernières conditionnent l'émergence de biens communs et d'événements festifs. La thèse explore donc à la fois, comment les migrant∙e∙s se saisissent de la cuisine et de la commensalité pour s'assurer une vie digne ; et en retour, comment le fait d'enquêter sur l'alimentation en migration nous renseigne sur les qualités d'hospitalité de la ville. Afin de répondre à cette problématique, nous nous saisissons de la théorie des « ambiances urbaines » qui propose un cadre méthodologique nous introduisant au sein de situations urbaines qu'il s'agit de décrire à l'aune du corps et de la table.

mots-clefs : Hospitalité - Migration - Ambiances Urbaines - Commensalité - Ethnographie