Les indicateurs de l’identité sonore d’un quartier
Responsable(s) scientifique : Olivier BALAŸ & Jacques Lambert
Contrat de recherche terminé en février 1997
Rapport de recherche N°36 -
Le souci de la qualité sonore devrait être l'affaire d'un organisme qui gère la ville. Cette proposition, si l'on fait un peu d'histoire récente, n'obtenait pas beaucoup de suffrage il y a peu. Mais aujourd'hui, un petit nombre d'acteurs sait bien que l'idée ne peut pas rester d'ordre théorique. Pratiquement, pourquoi un organisme de gestion urbaine devrait-il s'efforcer de contrôler l'identité sonore d'un lieu ? Quel profit social implique une telle démarche ?
Définie comme l'ensemble des caractéristiques sonores communes à un lieu, la notion d'identité sonore peut apparaître bien embarrassante pour les professionnels de l'aménagement. Un environnement sonore quotidien qui aurait du "caractère" n'est guère pensable. Susciter ce caractère lorsqu'il fait défaut ou le révéler lorsqu'il existe à l'état latent est négligé. Toutefois, pour beaucoup de gens, le quartier, le boulevard, la cour, la place, etc... sont de véritables espaces vitaux.
Les gestionnaires de la ville (élus, offices publics d'aménagement, gérants d'immeubles, urbanistes, architectes, opérateurs urbains, ... .) sont pour la plupart très embarrassés lorsqu'on leur propose de prendre en compte ces rapports identitaires que le citadin entretient avec sa ville, son quartier ou son habitat. Cet argument reste valable aussi pour les professionnels de l'acoustique qui "sentent" souvent que le caractère identifiable des sonorités d'une ville ou d'un quartier est une qualité d'interaction, mais n'ont pas les mots pour le dire. On suppose alors tout bonnement que le niveau acoustique et l'évaluation de la gêne, après enquête, sont en tous points conformes au vécu des habitants.
L'enjeu de ce travail est de montrer un des rôles que peut tenir un observatoire de l'environnement sonore à Lyon (1). Cet observatoire ne se réduit pas à un instrument de mesures et de contrôle du bruit en un certain nombre de points noirs, mais intègre d'autres dimensions de la vie sonore urbaine avant de faire des propositions ou des conseils d'aménagement. A l'échelle locale, le problème est de savoir comment les individus réussissent à définir les sons de leur territoire familier et prennent plaisir à s'identifier à eux d'une part, et d'autre part, comment cette identification dépend de celui qui contrôle, crée, aménage ce territoire. Si l'on arrive à répondre à ces questions, une agence locale d'urbanisme et d'aménagement ne peut qu'encourager un processus qui donnera à chaque espace urbain une identité sonore.
En d'autres termes, cette expérience devrait être une occasion de montrer à une structure administrative les capacités pragmatiques d'une étude à non seulement mener à des solutions de lutte contre le bruit, mais aussi de lutte pour les qualités sonores, c'est-à-dire, schématiquement, pour une certaine ambiance sonore spécifique aux quartiers. A l'idée classique d'un suivi statistique des variables acoustiques quantifiables, se mêlent celles d'un suivi qualitatif de l'évolution des perceptions et des représentations que les habitants se font de leur environnement sonore. Dans ce cadre, la mise à disposition de critères de qualité sonore pertinents mais facilement accessibles et communicables est une tâche importante.
Chercheurs : Blaise ARLAUD, Olivier BALAŸ, Jean-Luc BARDYN, Cécile REGNAULT, Collaboration : Jacques Lambert
Recherche : INGUL N°95 03 046
Retrouvez tous les contrats de recherche de l'équipe CRESSON