Reconstruction urbaine à l’épreuve des ambiances (renouvellement)
Financement : Programme PHC-CEDRE 2022
Responsable(s) scientifique : Jean-Paul Thibaud 2022, Nicolas Tixier 2023 et 2024 (AAU-CRESSON), Mousbah Rajab (CERDA Université libanaise) Fin du contrat 31 décembre 2024
Contrat de recherche débuté en février 2022
Objectif (état de l'art, objectifs scientifiques, problématique)
Ce projet scientifique s’inscrit dans un triple contexte scientifique :
Une coopération scientifique existe d’ores et déjà entre le CERDA (Université Libanaise) et le CRESSON (ENSA Grenoble) dans le cadre d’un projet Cèdre intitulé « Reconstruction et Ambiances Urbaines ». L'objectif de cette coopération est d'expérimenter une nouvelle démarche en matière de reconstruction urbaine, au croisement d'une approche urbanistique et d'une approche ambiantale. Il s’agit de développer de nouveaux modèles d'intelligibilité, dispositifs méthodologiques et outils d'analyse interdisciplinaires appropriés aux processus de reconstruction urbaine.
Une thèse en co-tutelle Liban-France est actuellement en cours, thèse réalisée par Jinane Diab sous la co-direction de Mousbah Rajab (Université Libanaise) et de Jean- Paul Thibaud. Cette thèse s’intitule « Reconstruction du Camp Nahr El Bared. Transposition des ambiances dans les nouveaux camps reconstruits ».
L’objectif de ce projet est de partir du contexte libanais et du processus de reconstruction en cours afin de mettre à l'épreuve d'un tel contexte urbain une approche par les ambiances. L'idée directrice qui guide ce projet est que la reconstruction urbaine nécessite le développement de nouveaux modèles d'intelligibilité, dispositifs méthodologiques et outils d'analyse interdisciplinaires.
A cet égard, si de nombreux travaux existent déjà concernant des analyses de la reconstruction en matière de gouvernance, d'économie, ou de morphologie urbaine, peu de recherches se sont intéressées jusqu'à présent aux expériences urbaines et aux manières d'habiter de tels territoires. Un tel projet de recherche bénéficie de deux types de compétence scientifique – analyse urbaine de la reconstruction et analyse sensible des manières d'habiter – qui n'ont pour l'instant jamais été articulés et hybridés. Ce projet permettrait d’assurer la continuation d’une telle collaboration scientifique qui pourrait se développer plus amplement par la suite.
Ce projet a pour objectif d’interroger les conditions et les processus d’une reconstruction qui prennent en compte à la fois les dimensions matérielles de l’environnement construit et les dimensions sociales de l’espace habité, les dimensions sensibles du milieu de vie et les dimensions affectives de l’attachement aux lieux. Comment tenir ensemble ces multiples perspectives dans le travail de reconstruction ? En quoi une démarche impliquée en termes d’ambiance contribue-t-elle à développer des manières originales de reconstruire ensemble ? Dans les conditions d’une extrême vulnérabilité des habitants et d’un véritable traumatisme collectif, comment activer les ressources d’un monde abîmé, réanimer au quotidien de tels milieux urbains, cultiver la richesse des mémoires collectives, et intensifier la puissance des récits de vie et des gestes ordinaires ? Une démarche en termes d’ambiance sera mise à l’épreuve qui interroge ce qui importe vraiment dans l’acte d’habiter et de reconstruire. Comment celui-ci peut-il procéder fondamentalement d’un « art du prendre soin » ? Seront explorées diverses thématiques telles que celle des communs, des attachements, de l’hospitalité des espaces, de l’entretien des milieux de vie, et de l’installation des ambiances urbaines. A cet égard, l’ambiance n’est pas seulement un nouveau domaine d’intervention urbaine, c’est aussi un mode original d’action et de transformation de l’urbain.
Cet objectif scientifique consistant à penser à nouveaux frais les processus de reconstruction à l'aune des ambiances sera mis en œuvre à partir de trois actions principales complémentaires :
- La co-direction en co-tutelle de la thèse de Jinane Diab par Mousbah Rajab (Liban) et Jean- Paul Thibaud (France).
- L'organisation d’un séminaire entre le laboratoire CRESSON et le laboratoire CERDA en 2022 (1ère année du projet) sera l’occasion de prendre connaissance du contexte urbain de Beyrouth, de saisir les enjeux de reconstruction et de réhabilitation des territoires touchés par la double explosion du 4 Août 2020, et d’ouvrir des pistes d’analyse en matière d’ambiance pouvant être mise à l’épreuve de la situation actuelle de Beyrouth. Un workshop préparatoire au colloque sera organisé à Beyrouth, en lien avec les travaux réalisés par le CERDA et ceux développés par des étudiants de Master qui étudient actuellement les quartiers détruits par l’explosion du 4 Août. Ce workshop sera l’occasion de mettre en discussion certains résultats issus de ces travaux, de préfigurer le colloque, et d’activer la collaboration entre le CERDA et le CRESSON.
L'organisation en 2023 (2ème année du projet) d'un colloque international à Beyrouth. Ce colloque s’adressera à des publics très divers, allant de l’architecture et de l’urbanisme à l’anthropologie et à la sociologie, du monde de l’art à celui de la recherche Il s’adresse aussi bien à des chercheurs, à des professionnels de l’architecture et de l’urbain, à des artistes, et à des étudiants de ces diverses origines disciplinaires.
Le projet de recherche implique trois grands volets étroitement liés, d'ordre empirique (les quartiers dévastés par la double explosion de Beyrouth), méthodologique (expérimentation d'un dispositif d'enquête/implication) et théorique (de penser le processus de reconstruction en termes d’ambiance). Il s'appuie sur un travail au long cours dans le cadre d'une thèse ainsi que sur l'organisation d'événements scientifiques plus ponctuels au cours des deux années du projet (séminaires de recherche et conférence).
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