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Le sol en tant que support de la vie urbaine est encore peu pensé par la recherche architecturale et urbaine. Dans un monde où la concurrence entre villes se joue entre autres sur la qualité des espaces publics, il est pourtant un élément essentiel des usages pédestres. Le pied le foule, l’œil le fait entrer dans l’horizon perceptif sans qu’on s’y attarde, et sans qu’une recherche approfondie nous en ait montré toutes les dimensions sensibles.

Après un rappel historique des enjeux de l’aménagement du sol urbain, nous nous penchons sur la façon dont celui-ci est très tôt intégré dans la structuration de l’expérience vécue par tout un chacun, notamment lors de l’apprentissage de la marche. Le sol est une donnée première de l’environnement et joue un rôle dans la formation de l’équilibre, du sens de la proprioception. Il participe ainsi à l’arrière-plan corporel de l’expérience, en même temps qu’il est une surface d’échanges. En matière d’architecture et d’urbanisme, nous faisons l’hypothèse que le sol fait partie du fond de l’ambiance : il contribue à l’arrière-plan ambiantal de l’expérience sensorielle des espaces publics. Pour avancer sur ces hypothèses, trois corpus sont constitués : le premier, à partir d’une écoute réactivée de vingt sons enregistrés à Paris, analyse la part du sol dans la qualité sonore de l’ambiance vécue ; le second, issu d’observations et de relevés vidéo sur deux terrains comparés à Barcelone et La Défense, permet d’évoquer les relations entre topographie et mobilité ; le troisième, issu de l’expérimentation de dix parcours commentés effectués les yeux fermés sur une partie du site de La Défense, tente d’approcher l’expérience somatique dans le rapport au sol : comment se joue la relation entre le sol et le « soma » ? Pour conclure, nous discutons les apports réciproques entre Ambiances et Somatiques, deux disciplines au cœur desquelles le sentir est exploré. Que peuvent apporter les somatiques aux ambiances en terme de méthode d’étude, du point de vue théorique et pour l’approche du projet ?

Mots-clés : sol urbain, ambiances urbaines, somatiques, expérience sensible, corps humain

EN

The ground as a support for urban life remains a largely understudied topic in architectural and urban research. In a world where towns compete to offer a better quality of public spaces, pedestrian use is considered as an essential aspect. Felt underfoot and seen on the perceptual horizon without being consciously considered, very little in-depth research has revealed its sentient dimensions.

After some brief historical considerations on the importance of urban ground, the study focuses on how the ground is integrated into the lived experience of our environment, beginning with how we learn to walk. The ground is a fundamental dimension and plays an essential role in keeping balance and creating a sense of proprioception. It participates as a basis for bodily experience by providing a surface of exchange. In terms of architecture and urban design, this study posits the ground as part of the ambiance as it constitutes the ambient background of the sensory experience of public spaces. In order to develop this hypothesis three case studies are considered: the first, based on a reactivated listening of twenty sounds recorded in Paris to provide an analysis of the role that the ground plays in experiencing the ambiance; the second, a comparative set of observations and video recordings taken in two sites in Barcelona and La Défense in Paris; the third, is based on ten blind-folded commented walks carried out at La Défense. It tries to examine what the somatic experience of the ground entails, how does the relationship between the ground and the “soma” take place? In conclusion, the reciprocal contributions of Ambiances and Somatics are considered in relation to this material as we ask what new theoretical approaches these disciplines can provide in exploring body experience.

Keywords: urban ground, urban ambiances, somatics, sentient experience, human body