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Depuis l'émergence des outils paramétriques et algorithmiques et leur adaptation parfois contrariée les architectes, la tension entre ce que nous appelons d’un côté un processus créatif et de l‘autre, la méthode d’engendrement par contraintes numérique, a été le principal frein pour une appropriation large dans les écoles. La dialectique entre la précision de la pensée et de la forme et la production de variations illimitées place les architectes, et au-delà, le monde de la conception, dans une position ambivalente.

Comment dès-lors utiliser les méthodes génératives dans la pédagogie pour former les architectes de demain à la conception durable ? Comment en caractériser les recommandations ?

Le projet propose d'aborder le problème par le processus engendrant une forme et non pas par une forme raffinée par des opérations correctrices. De fait, la conception devient la conséquence d'une intrication complexe de données considérées simultanément et la qualité du résultat obtenu dépend fortement de la structuration des questions posées et de la sophistication de la méthode par laquelle l'objet architectural est créé. Cela interroge la conception posée comme un mythe commenté post-factum tendant vers une solution, versus l’exploration de solutions multiples répondant aux multiples contraintes du programme et dans lesquelles il faudra choisir. Au-delà de la problématique de la modélisation du monde et de la création de bases référentielles, c’est la notion très actuelle du double numérique qui est ici mise en jeu.

En positionnant le projet au point de friction du processus créatif et de l'état contemporain des outils génératifs avec l'intégration de l'IA, l’émergence de solutions inattendues à des problèmes multicouches, infiniment complexes et nuancés, devient possible. Une série de méthodes de conception hybrides (analogue + puissance de l'IA) sera testée dans l'environnement académique dans le but d'établir une méthodologie d'enseignement opérationnelle au sein d'un studio d'architecture. Des expériences comparant les performances de groupes d’étudiants chargé de suivre le protocole proposé comparé à des groupes tests fonctionnant de façon classique, permettront d’évaluer les propositions.  En accompagnant le développement de la puissance de calcul et des outils d’analyse environnementaux, nous pensons pouvoir ainsi contribuer à des méthodes de conception pour une architecture moins impactant sur son environnement.

  1. Contexte et enjeux scientifiques

La proposition part des postulats suivants. La part de la construction dans le réchauffement climatique est estimée à 38 % du total des émissions mondiales de CO2. Malgré les outils disponibles pour analyser et calculer, les ilots de chaleur pénalisent les villes dans un contexte d’accroissement rapide et de crise du logement. Les expériences pilotes et manifestes montrées ici ou là n’influencent guère la masse de la production. Notre responsabilité est donc de passer d’un système où la donnée environnementale est une contrainte à un système elle devient une donnée d’entrée de conception.

Cela ne peut se faire qu’avec l’aide d’outils numériques car la complexité ne serait-ce que l’exploitation correcte d’un héliodon ne se fait pas depuis de bonnes intuitions. C’est donc la place du numérique dans la pédagogie des écoles d’architecture qui est adressée. Les outils étant omniprésents, leur légitimité ne semble plus être un sujet de discussion et en même temps, la complexité de les maîtriser à un niveau supérieur exclut les non-experts d'une évaluation pertinente. Il y a donc une approche spécifique à identifier et à structurer.

Dans ce travail de recherche il ne sera donc pas question d’une approche ontologique des outils mais de la façon dont ils révèlent des niveaux de complexité de modes de conception. C’est ainsi que ce travail cherchera à identifier des indicateurs de complexité sur la façon dont le projet est enseigné aux étudiants. Dans le processus qui va de la description du besoin au projet construit, l'utilisation des outils numériques apparaît comme un indicateur de complexité que l'on retrouvera dans la prise en compte des phénomènes climatiques et au premier desquels le solaire, la caractérisation des matériaux, puis de façon plus large, la caractérisation et/ou la prise en compte d'un ensemble de données contextuelles politiques ou sociales. Les outils numériques sont généralement adaptés pour suivre le flux de travail jusqu'au point où ils suggèrent un processus spécifique à suivre comme nous le voyons avec le BIM. Par conséquent, notre question est de savoir si les nouveaux concepts comme la conception générative changent le paradigme de la conception ?

EN

Since the emergence of digital tools in the early ‘90s, through its many incarnations, digital technologies have been infiltrating the architectural discourse first as a drafting tool than as a broader space of speculation. The anticipation of the ‘90s, specifically that the digital is soon to become a complete and superior environment over both the physical space and its inhabitants, has now adopted a different retro-reading. As Mario Carpo describes the attitude towards the emerging technologies at the point of their arrival: “So much was changing and so fast, that some architects started to think that design should change too… Some also concluded that many activities and functions would soon migrate from physical space to cyberspace and that the design of new electronic venues in bits and bytes would soon replace the design of traditional buildings in bricks and mortar. ” 1

However, the direction that digital technologies took wasn’t about a complete negation of the physical space but that of overlocking and merging with the lather. The same can be claimed in regards to the design process. As a result, an emergence of a new modality for architectural design became possible.

The project aims to explore the possible shift in that very modality and understand the current state of architectural design in the context of emerging technologies. To scale down the architecture discourse into a comprehensible research subject we will focus on the following key topics:

I. The creative process
II. The digital environment
III. The architectural space
IV. The architectural object
V. The digital transition
VI. The author.

In the context of the architectural space, architectural object, and the creative process, the goal of this project is to determine what is indispensable in architecture. Looking at the nature of the design processes in the digital environment, the primary focus will be on exploring the creative process as opposed to the generative process.

Through the course of the project, we will be looking into the implications of generative tools in the context of architectural design. The area of research will be narrowed down to an architectural lab environment. A subsequent matrix of digital tools most commonly and unconventionally used in architectural practices in early-stage design will be formulated in order to conceptualize the pattern of digital intervention within the architectural practice.

The research will conduct a close observation of the Architectural design in the context of the architectural studio by establishing the birth of the concept as the key stage of interest within the scope of the research.