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En bref :

Ateliers de troubles épistémologiques est un projet artistique, de recherche et de conservation qui examine des objets conservés au Musée Théodore Monod d’art africain de l’Institut Fondamental d'Afrique Noire de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il rassemble une constellation d'entités culturelles : le Musée Théodore Monod d’art africain, l’Institut Fondamental d'Afrique Noire, l'école des Beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, le laboratoire AAU-CRENAU à l'ENSA Nantes et des artistes (dont Cheikh Ndiaye, Uriel Orlow, Mamadou Khouma Gueye...). Un groupe d’artistes, chercheurs et professionnels des musées (El Hadji Malick Ndiaye conservateur intérimaire du musée et professeur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, Emmanuelle Cherel) emploiera des pratiques ouvertes, spéculatives, artistiques, scientifiques et muséographiques. Notre recherche porte sur une relecture de l'histoire de ces objets et des modalités de leur exposition muséale, sur leurs réalités sociales et culturelles contemporaines, sur l'impact de l'absence de certains artefacts (bon nombre des artefacts culturels ou artistiques sénégalais font partie de collections dans les pays du «Nord») et des restitutions désormais envisagées. Ils aborderont ces questions par la réalisation de nouvelles œuvres d'art (telles que vidéo, installations, photographie) et la recherche académique. Les résultats de ce processus seront exposés au Musée Théodore Monod, à l'école des Beaux-arts de Nantes, etc.

Clairement enracinés à Dakar, Les ateliers de troubles épistémologiques rayonneront vers les collections d’objets en Europe. Ce positionnement du projet est explicite et conscient ; afin de travailler à travers les héritages coloniaux enchevêtrés, il est essentiel d’aller au-delà de la prise de conscience institutionnelle naissante de la société et d'engager l'Europe dans des discours et des discussions intellectuelles, scientifiques et artistiques pensées depuis l'Afrique. Si nous croyons vraiment en des idées de patrimoine et d’histoires partagés, des notions telle que celle du « musée universel ou cosmopolite » devrait également être s’applique aux musées situés en dehors du cœur des anciens empires coloniaux. L’objectif du projet est d’expérimenter les implications de ce positionnement à partir du terrain d’essai de Dakar.

Il bénéficiera de l'important réseau d'acteurs mobilisé par l'IFAN, étroitement lié à la scène artistique et aux instituts de recherche et d'enseignement du Sénégal : Université Cheikh Anta Diop, École Nationale des Arts, UFR CRAC/Université Gaston Berger de Saint-Louis, Institut Supérieur des Arts et des Cultures, écoles de formation artistique et de design privées, Collège Universitaire d'architecture de Dakar, galeries d’art, centres d’art privés et publics à Dakar et hors de Dakar, Institut français, etc.

Contexte

Ateliers de troubles épistémologiques vient à la suite de plusieurs années de collaboration dans le cadre de Dakar : présences du futur (conception de journées d'études[1], projets pédagogiques[2], etc.), entre le Musée Théodore Monod d’art africain de l’Institut Fondamental d'Afrique Noire de l'université Cheikh Antan Diop de Dakar et l’École des Beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire.

Il est lié à toute une série de propositions développées au cours des dernières années par le Musée Théodore Monod. Consacrée aux arts et traditions de l'Afrique de l'Ouest, la muséographie du Musée Théodore Monod de l'IFAN a été conçue sur les modèles occidentaux. Cette institution publique créée en 1936, pendant la colonisation française, longtemps appelé musée de l'IFAN (Institut Français de l'Afrique Noire) fut ouvert au public en 1961 lors de l'indépendance. Depuis ce musée est lié à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire de l'Université Cheikh-Anta-Diop. Il possède et conserve des objets (environ 9 000 objets dont environ 300 sont présentés au public de façon permanente) venant du patrimoine culturel de l'Afrique de l'ouest. Depuis 2017, il réinterroge les questions sur ses collections, son environnement, ses liens avec la société, sur sa relation à l'art contemporain et aux cultures actuelles, sur sa place dans de nouvelles économies et au sein des coopérations culturelles internationales.

Ateliers de troubles épistémologiques est aussi à relier à des projets d'artistes et de chercheurs, principalement domiciliés en Europe, qui ont exploré les nombreuses questions liées aux collections tentaculaires (artefacts, œuvres d'art, restes humains) et archives conservées dans les musées ethnographiques des capitales des anciens empires[3]. En effet, de plus en plus, ces institutions du Nord elles-mêmes font appel aux artistes pour composer avec des héritages historiques encombrants. Certains par la conception de projets de musées conceptuels et fictifs explorent une série de questions et mettent en scène de nouveaux récits[4]. D'autres, répondant à l'invitation des institutions muséales, créent des œuvres (installations, performances, etc.) autour des objets de la collection, de leur exposition, des archives, des réserves, etc. qu'ils ouvrent à de nouvelles interprétations[5] pour contribuer à une réflexivité sur leur histoire[6]. Ces objets sensibles, chargés, à la lisière de plusieurs mondes, d'histoires et de conflits obligent à penser toute une série de questions[7] : la biographie des objets, leurs trajectoires, les imaginaires associés, les conséquences de ces pertes, les réappropriations, les transferts, les réactivations. En considérant leur agentivité c'est à dire leur rôle de médiateur concret (au delà du symbolique) dans les processus sociaux, leur capacité à agir, à produire des effets complexes et des transformations, à générer des débats, des sites de conscience, des projections et des nouvelles perspectives, ces œuvres convient aussi à « renouveler notre propre réflexion sur la manière dont les Hommes peuvent mieux vivre ensemble au sein de la cité, malgré et avec toutes leurs différences, afin de faire monde et de construire des futurs désirables où le lien social et le lien avec la nature seraient renouvelés et émancipateurs ?[8] ». Les musées et centres de recherche[9] du nord tentent aussi de répondre aux défis posés par les demandes de restitution des objets pillés comme celle de la République du Bénin en 2017[10] et les débats actuels sur les rapatriements d’objets, particulièrement intenses depuis la publication du Sarr / Savoy rapport au président français Macron (23 novembre 2018), les ateliers de troubles épistémologiques aspirent à contribuer à cette discussion publique fort nécessaire par le biais d’œuvres d’art attrayantes, éclairées par des recherches académiques.

En soulevant ces discussions et débats dans le Nord, les Ateliers de troubles épistémologiques incarnent et recoupent les héritages de l’histoire coloniale que les sociétés européennes n’ont que récemment commencé à reconsidérer. Mais, en abordant ces sujets du point de vue de Dakar, les Ateliers de troubles épistémologiques ouvrent un dialogue urgent qui permet une recherche commune des chercheurs et artistes du Nord et du Sud. Ils permettent aussi de considérer la question muséale sur le continent qui est actuellement particulière forte. Dans les musées nationaux en Afrique de l'ouest, le paradigme ethnique hérité de la période coloniale donne lieu à des aménagements et à des actualisations qui visent à rendre compte à la fois de la diversité culturelle et de l'unité nationale des différents pays[11]. La fondation des musées nationaux met en scène les imbrications entre un projet muséal et des enjeux politiques, ethniques et religieux[12]. Au Sénégal, la question muséale est en mutation[13] comme en témoigne l'ouverture récente du Musée des civilisations noires[14].

Cadre conceptuel

Le projet Ateliers de troubles épistémologiques cherche à prendre pleinement en compte les enjeux passés, présents et futurs, dans tous leurs aspects : dimensions matérielles, technologiques et émotionnelles.

Jeter nos yeux sur le passé ; quel genre d'objets sont exposés dans les collections du Musée Théodore Monod ? Comment dépasser ce qui fut l'une des fonctions du musée, la production de statues et de fétiches, d'archives, d’objets privés de leur souffle et rendus inertes[15] ? Comment questionner la biographie des objets ? Comment revenir sur l'histoire des collectes ? Comment appréhender les processus de patrimonialisation de ces traces matérielles du passé, les inscrire dans leur historicité, en questionner les significations et les récits ? Comment questionner aussi les silences, les oublis ? Comment considérer la multiplicité de filiations, les effets de traduction interculturelle, de relations ? Comment analyser la relation aux objets des populations[16] ? Comment ces artefacts parlent-ils de la société sénégalaise passée ? Quels sont ceux qui ont quitté le Sénégal pendant (et après) la colonisation et dans quelles conditions ? Quel rôle jouent-ils à l'étranger et quelles histoires racontent-ils ? Quels souvenirs et quels actes ces objets ont-ils laissés ou pas ? Et plus généralement, que signifie et implique implicitement, de manière routinière et locale, de faire face à ces vides ? Comment la production et la transmission des connaissances ont-elles été affectées ou transformées par ces processus ? En effet, que signifient les héritages « partagés » ou « contestés », lorsqu’ils sont évalués du point de vue des communautés du Sénégal ? Nous aimerions réexaminer ces notions, à commencer par le musée lui-même en tant qu’espace contesté à part entière, en tant que sites productifs et étudier les relations historiques, culturelles et de pouvoir dans toutes leurs dimensions dynamiques, mais et avant tout, dans leurs interactions avec les expériences locales et « globales ».

Regarder vers le futur ; Quelles autres histoires ces objets peuvent-ils raconter aujourd’hui ? Et comment pouvons-nous imaginer une convalescence d’une situation qui voit les réserves saturées des musées dans le Nord faire face aux rares collections des musées en Afrique subsaharienne ? Quelles réponses créatives peuvent être imaginées pour réparer ces situations complexes ? Qu'implique le rapatriement ? Comment inventer de nouvelles formes pour préserver et valoriser les patrimoines, de nouveaux modes qui auraient un sens aux communautés et sociétés locales ? De quelle manière inscrire les collections du musée Théodore Monod dans un temps hétérogène et dialectique ? Comment générer de nouvelles connaissances, des émergences dans l'horizon des possibilités[17]?  Peuvent-ils initier des cosmologies de l'émergence (comme par exemple une autre relation à la nature) ? Permettre le développement d'une raison synthétique pour reprendre les concepts de Senghor (et non une raison analytique), ou de penser le pluriversel ou l'universel dans le particulier[18] ?  Quelle éthique de l'action (S. Bachir Diagne) ? Quels futurs ? Quelles ressources permettraient de les penser mais aussi d'en précipiter l'avènement ? Quelle place l'art contemporain peut-il y occuper ?

De quelles nouvelles pratiques de conservation ce projet pourrait-il être le déclencheur? Faut-il s'inspirer de l'arsenal de concepts inventés par les institutions coloniales contestées, de l’universel aux notions de « patrimoine partagé » ? Que faudrait-il parvenir à réaliser si nous commencions aussi à considérer les musées situés au sud comme des « musées du monde pour le monde" ? Comment penser ces lieux où nous pourrions très légitimement « réexaminer les identités culturelles et explorer les réseaux de cultures mondiales interconnectées » ?

Méthode de travail et approche

Conçu comme une dynamique collective internationale et prospective alliant artistes, théoriciens et dépositaires de différents savoirs, Ateliers de troubles épistémologiques articule Recherche/Production/Enseignement et s'appuie sur des résidences d'artistes et la production d’œuvres revisitant les notions de patrimoine, de savoirs et les théories de la connaissance au Musée Théodore Monod.

Le musée sera pensé comme un espace qui est cœur de la société et de toutes les problématiques liées à celle-ci.  Il sera conçu comme un espace dynamique, de production de connaissances, de savoirs collectifs et de subjectivité, d'interprétations multiples, de récits, d'imaginaires, c'est à dire tout à la fois comme espace ressources, lieu de collaboration et d'expérimentation individuelle et collective, permettant de relier les collections au patrimoine vivant de tous les jours, de penser les relations avec la création contemporaine, de mettre en lumière différentes pistes esthétiques, historiques, politiques, scientifiques, de réfléchir aux enjeux auprès des communautés, d'inventer de nouveaux usages, projets, pratiques, objets, des possibles, des spéculations.  Dakar contemporaine est un point de fusion des communautés de partout dans le monde. Le continent africain en est un autre exemple. Notre idée est de transformer le Musée Théodore Monod en une plate-forme laboratoire créative où ces questions, soucieuses de l'histoire et du lieu d'où elles sont formulées et imaginées, pourraient être retravaillés pour être significatifs à la fois pour les communautés locales et au niveau global.

Pensé comme un espace d'expérimentation engendrant différents niveaux de coproduction fruits d'une expérience collective et immersive, ce projet se manifestera aussi en des discussions lors de séminaires qui accompagneront les résidences d'artistes, des expositions et événements ainsi qu'une édition. Les arts visuels (arts plastiques et cinéma) seront placés au centre, mais cela n'exclut pas d'autres apports en musique, poésie, danse etc. Les usages de la spéculation, la fiction et la fabulation comme modes d'exploration et de questionnement afin de faire surgir des imaginaires ou fictions à naître, nous intéressent. L’utilisation de la 3D et d’autres technologies numériques peut créer des pratiques émancipatrices, du moins en termes de relations.

Le Ateliers de troubles épistémologiques comprend une constellation d’artistes, de conservateurs et de professeurs avec des origines différentes et conscients des positions à partir desquelles ils parlent et travaillent, couvrant divers pays entre l’Europe et l’Afrique. Notre méthode et approche de travail sont structurées pour permettre la liberté créative et le soutien à tous les participants.

Notre ambition est de produire œuvres discursives et accessibles, enracinées au Sénégal mais tout aussi pertinentes pour les publics étrangers. Il s'agit aussi de construire des relations d’échange et renforcer la collaboration et la coopération entre des institutions culturelles, d'échanger des connaissances, de créer un principe de conservation pour les expositions au Sénégal et en France.

Calendrier et résultats du projet

- Une série d’œuvres d’art et de recherches - des objets de "translocations" d’objets (Bénédicte Savoy, 2015) et les questions connexes de présence / absence, possession / dépossession, propriété, agence et valeur (s) - seront créées.

- Une première étape a été engagée début 2019 avec les résidences au Musée Théodore Monod des artistes Cheikh Ndiaye, Uriel Orlow et du réalisateur Mamadou Khouma Gueye. Un premier Atelier aura lieu le 27 février du Musée Théodore Monod autour de la résidence de Cheikh Ndiaye et avant l'exposition en mars 2019 de l'œuvre réalisée au sein même des collections du Musée.

- D'autres résidences sont déjà prévues en 2019. Puis nous l'espérons pour les années 2020 et 2021. Elles seront accompagnées d'exposition, d'ateliers/échanges.

De vastes programmes publics seront développés pour les expositions.

Différents types de publications (articles académiques, catalogue, billets de blog) seront également produits pendant et après le projet.

- La saison culturelle Africa en 2020 permettra un atelier et  une exposition à l'école des Beaux-arts de Nantes (avec les Axes : archivages et histoires imaginaires, fiction et mouvements non autorisés). La saison  culturelle Africa 2020 nous fournit la très belle occasion d'inviter à l'école des Beaux-arts de Nantes, à l'automne 2020, pour de nouveaux ateliers et une exposition (comprenant notamment des œuvres réalisées au Musée Théodore Monod par Cheikh Ndiaye, Mamadou Khiouma Gueye, etc...) nos partenaires africains (artistes, institutions, théoriciens : sont pressentis le musée national du Burkina Faso et le musée national du Mali) et d'autres acteurs de projets artistiques et de recherche similaires en cours comme Invisible Inventories du musée national de Nairobi mené par Marian Nura Goni et deux équipes d'artistes  (Sam Hopkins et The Nest collective)  qui sera montré dans différents musées en Allemagne, ou encore des initiatives du Doual'art au Cameroun, ou du Waza Art Centre d'art de Lubumbashi au Congo.  Des liens/ateliers/résidences/exposition seront faits avec les projets du LU (Oulimata Gueye et son exposition sur les Futurs en Afrique), le Centre d'art contemporain le Grand Café et le Fond Régional d'Art Contemporain des Pays de la Loire. La collaboration avec l'EESI Poitiers-Angoulême (École Européenne Supérieure de l'Image) du fait de son projet avec l'IFAN-ISAC à Dakar et avec le Musée Angoulême – est aussi importante pour notre école, elle permettra une dynamique entre nos échanges.

Ce projet associe tout un collectif de créateurs engagés dans des imaginations spéculatives sur le flux et reflux culturel entre le continent africain et au-delà.

Contacts : Emmanuelle Cherel

[1]  Notamment Quels musées au Sénégal pour le XXIe siècle ?  Organisée au Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop, le 12 avril 2017. avec Ousmane Sow Huchart, Président du Conseil d’administration du musée des Civilisations noires Hamady Bocoum, Directeur Général du musée des Civilisations noires Massamba Lam, Ancien conservateur du Musée Théodore Monod d’art africain Abdoulaye Touré, Directeur de l’IFAN/ Cheikh Anta Diop et ancien conservateur du musée historique de Gorée Abdoulaye Camara, Archéologue IFAN/Ch. A. Diop, ancien conservateur du musée historique de Gorée et ancien conservateur du musée Théodore Monod d’art africain Mariama Ndoye, conservatrice du musée Léopold Sédar Senghor Aziz Guissé, Directeur du patrimoine culturel El Hadji Malick Ndiaye, Historien de l’art, Conservateur par intérim du musée Théodore Monod d’art africain et Secrétaire général de l’ICOM/Sénégal Emmanuelle Chérel, Historienne de l'art, Enseignante, EBANSN, Youssouf Diatta, Chef du département des musées/ IFAN.Ch. A. Diop • Ismaïla Cissé.Et en mai 2018, la journée d'étude Le musée dynamique : Histoire et perspectives, Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop, organisée par El Hadji Malick Ndiaye, (Institut Fondamental d’Afrique Noire), Emmanuelle Chérel  (Ecole des Beaux-Arts de Nantes Saint- Nazaire/UMR CNRS AAU équipe CRENAU  de l’Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes), Maureen Murphy (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne/Institut universitaire de France),   Daniel Sciboz (Head, Genève), avec Ousmane Sow Huchart, Président du Conseil d’administration du musée des Civilisations noires, ancien conservateur du Musée dynamique, El Hadji Sy (artiste).

[2]   En 2017, avec les étudiants de master 1 de Nantes et le personnel du musée, ce projet s’est construit sur un manifeste spéculatif : Que pourrait être un musée du futur en Afrique ?

[3]  Voir par exemple, Anna Seiderer, Une critique postcoloniale en acte - Les musées d’ethnographie contemporains sous le prisme des études postcoloniales, Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren, 2014 ou le projet Modernité fétiche. Decolonising Museum, deuxième publication thématique de L'Internationale en ligne aborde les legs et les mentalités coloniales, enracinés et présents dans les institutions muséales en Europe et au-delà. La publication vient de la conférence Décoloniser le musée au MACBA à Barcelone, 27-29 Novembre 2015. L'historiographie des discours scientifiques, des dispositifs muséographiques et des politiques de conservation ou de médiation est donc discutée. La reconsidération des récits modernes, de leurs conceptions du savoir et leurs implications dans l'expansion coloniale, conduisent tout à la fois à identifier des constructions historiques et idéologiques, des manques et des omissions, à décoloniser le regard porté sur les patrimoines et les savoirs endogènes (matériels et immatériels) et à penser la manière dont ces institutions et leurs objets sont traversés par les affects, les conflits et des significations complexes et stratifiées. Elle mène à la recherche d'un musée post-ethnographique.

[4]  Voir les projets de Karen Mirza et Brad Butler, Meschac Gaba, Tania Bruguera, Lisl Ponger, Gustavo Buntix.

[5]  Ces pratiques appréhendent les objets, en considérant leur agentivité c'est à dire leur rôle de médiateurs concrets (au-delà du symbolique) dans les processus sociaux, leur capacité à agir, à produire des effets et des transformations, à générer des débats, des espaces communs, des sites de conscience, des projections et des perspectives potentielles.

[6]  Ex : Fred Wilson, Sammy Baloji, Patrick Mudekereza, Sam Hopkins et Simon Rittmeier, Pauline M'Barek, Pratchaya Phinthong, Abira Hussein. Voir Sammy Baloji Hunting & Collecting, Lotte Arndt, Asger Taiaksev (ed)., Galerie Imane Fanès/ Mu.ZEE, 2016, retraçant l'exposition collective conçue en 2014, au Mu.ZEE à Oostende.

[7]  Clémentine Deliss, Manifeste sur les droits d'accès aux collections coloniales sequestrées en Europe, journées scientifiques de la Biennale Dak'art, 2018.

[8]  Séverine Kodjo Grandvaux, Renouveler le lien, faire monde, Les printemps des Laboratoires d'Aubervilliers, Endetter punir, 16 septembre 2018.

[9]  Par exemple, l'atelier New Cultures of Collaboration : Sharing of Collections and Quests for Restitution – the Benin Case, Vienne, 2010  ou le séminaire expérimental du 12 septembre 2018, Décoloniser la Collection organisé à Paris.

[10]  Voir aussi la  numérisation d'archives comme le fait le centre d'art et de recherche Iwalewahaus (Allemagne) du fonds Ulli Beier, avant son transfert au Center of Black Culture and International Undestranding (CBIU) à Oshogbo (Nigeria).

[11]  Julien Bondaz, « Politique des objets de musée en Afrique de l'Ouest », revue Antropologie et Sociétés, vo.38, n°3, 2014, p. 95 111. « Les objets exposés fonctionnent comme des supports identitaires ou comme moyens de reconnaissance et de revendications politiques. Les relations des visiteurs aux collections muséales sont parfois l'occasion de processus de subjectivation et d'appropriation, dont l'observation permet de décentrer les débats sur les publics des institutions patrimoniales. Les usages politiques des objets de musée posent non seulement des problèmes muséographiques, mais aussi des questions plus importantes au sujet de la fabrique des communautés en Afrique de l'Ouest. »

[12]  Julien Bondaz, op. Cit., p. 99 : « Les musées ouest africains demeurent des insttitutions laïques. La nature de leurs collections (les pièces ethnographiques conservées sont très majoritairement des objets rituels) conduit certes plusieurs de leurs agents et une partie de la population locale à les comparer à des « cases sacrées », mais ils ne constituent pas pour autant officiellement des lieux de pratiques magico-rituelles. L'ambivalence du statut de nombreux objets muséaux n'en est pas pour autant moins grande ».

[13]  M.-A. De Suremain, « L'IFAN et la « mise en musée » des cultures africaines (1936-1961) », Revue française d'histoire d'Outre-mer, n°356-357, 2007, p. 151-172.

[14]  Voir les journées d'études initiées par le ministère sénégalais, et aussi Hamedy Bocoum, « Histoire et Enjeux du Musée des civilisations noires », journée d'étude Quels musées au Sénégal pour le XXIe siècle ?  Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop, 2017. El Hadji Malick Ndiaye, « Le musée des civilisations noires »  journée détude Le musée dynamique de Dakar : histoire et perspectives,  Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop,  9 mai 2018.

[15]  Achille Mbembé, Politiques de l'inimitié, op. Cit., p. 157. « Il ne s'agit généralement pas, en l'occurence, d'offrir  paix et repos au signe qu'aura longtemps abrité la forme. L'esprit derrière la forme aura été auparavent chassé (.). L'antimusée, n'est en rien une institution, mais la figure d'un lieu autre, celui de l'hospitalité radicale ».

[16]  Voir aussi les visions de l'art de L.L.Senghor, par exemple David Murphy, The First World Festival of Negro Arts, contexts and legacies, Liverpool  University Press, 2016.

[17]  Voir la sociologie des émergences de Boaventura  de Sousa Santos qu'il définit comme une enquête sur les alternatives contenues dans l'horizon des possibilités. Les deux piliers d'une épistémologie du Sud sont « l'écologie des savoirs » et « la traduction interculturelle ».  Le travail de « traduction entre les savoirs » porte à la fois sur les connaissances et sur les pratiques (et leurs agents). Il revêt la forme d'une « herméneutique diatopique ».

[18]  Souleymane Bachir Diagne, « Pour un universel vraiment universel »,  Achille Mbembé, Felwine Sarr (dir.), Ecrire l'Afrique-monde, op.cit, p 71- 79.

EN

In summary:

Workshops on epistemological disorders is an artistic, research, and preservation project that studies the objects kept at the Théodore Monod museum of African art of the Fundamental Institute of Black Africa, at the Cheikh Anta Diop university, in Dakar. It combines a constellation of cultural entities: the Théodore Monod museum of African art, the Fundamendal Institute of Black Africa, the Beaux-Arts school of Nantes Saint-Nazaire, the AAU-CRENAU at ENSA Nantes and artists (including Cheikh Ndiaye, Uriel Orlox, Mamadou Khouma Gueye…). A group of artists, researchers and museum professionals (El Hadji Malick Ndiaye, temporary curator of the museum and professor that the Gaston Berger university in Saint-Louis, Emmanuelle Cherel) will use open, speculative, artistic, scientific and museographical practices. Our research deals with a re-reading of the history of these objects and modalities of their exhibition in a museum, with their contemporary cultural and social realities, with the impact of the absence of some artefacts (many of the Senegalese artistic or cultural artefacts are parts of collections in the “North”) and the restitutions that are now considered. The work will tackle these questions through the production of new artworks (such as videos, installations, photographs) and academic research. These productions will be exhibited at the Théodore Monod museum, at the Beaux-Arts in Nantes, etc.

Clearly rooted in Dakar, the workshops on epistemological disorders will radiate towards the European collections. The project’s position is explicit and conscious. In order to work with the embedded colonial heritage, it is crucial to go beyond the emerging institutional awareness and to involve Europe in discourses and intellectual, scientific and artistic discussions coming from Africa. If we really believe in the concept of shared heritage and histories, notions such as “universal or cosmopolitan museum” should also be applied to museums located outside of the heart of the ancient colonial empires. The project aims to experiment on the ramifications of this position based on the study field of Dakar.

It will benefit from the significant network of actors mobilised by IFAN, tightly linked to the artistic scene and to research and education institutes of Senegal: the Cheikh Anta Diop University, National School of Arts, UFR CRAC/Gaston Berger University of Saint-Louis, Higher Institute of Arts and Cultures, Private schools of artistic and design training, University College of architecture of Dakar, art galleries, private and public art centres in Dakar and outside of Dakar, French Institute, etc.

Background

Workshops on epistemological disorders is the result of several years of collaboration as part of Dakar: presences from the future (design of study days[1], pedagogical projects[2], etc.), between the Théodore Monod museum of African art and the Fundamental Institute of Black Africa of the Cheikh Antan Diop University of Dakar and the Beaux-Arts of Nantes Saint-Nazaire. It revolves around a series of propositions developed for the past few years by the Théodore Monod museum. Dedicated to arts and traditions from West Africa, the museography of the Théodore Monod museum of IFAN was based on occidental models. This public institution was created in 1936, during the French colonisation, and was called Museum of IFAN (French Institute of Black Africa) for a long time. It was open to the public in 1961, during the independence. From that moment, the museum has been associated with the Fundamental Institute of Black Africa of the Cheikh Anta Diop University. It holds objects (around 9,000 objects, including around 300 that are permanently presented to the public) from the cultural heritage of West Africa. Since 2017, the museum has been re-questioning its collections, its environment, its connections to society, its relation to contemporary art and current cultures, its place within new economies and within international cultural cooperations.

Workshops on epistemological disorders should also be connected to artists and researchers’ projects, mainly based in Europe, who have explored the many questions regarding sprawling collections (artefacts, artworks, human remains) and archives kept in the ethnographic museums in the capitals of the ancient empires[3].
Indeed, the institutions of the North themselves increasingly call for artists to compose with troublesome historical heritage. By the design of conceptual and fictitious museum projects, some explore a series of questions and stage new stories [4]. Others, responding to the invitation of museums, create pieces (installations, performances, etc.) around objects from the collection, exhibition, archives, reserves, etc., which they open to new interpretations[5] to contribute to a reflexivity around their history[6].
These sensitive, charged objects that are at the crossroads between several worlds, history and conflicts force us to think of a series of questions:[7] the biography of objects, their trajectories, the associated imaginations, the consequences of the losses, the re-appropriations, the transfers, the reactivations. By considering their agency, i.e. their role of concrete mediators (beyond the symbol) in social processes, their ability to act, to produce complex effects and transformations, to generate debates, sites of consciousness, projections and new perspectives, these pieces also “renew our own reflection on the way humans can live better together within the city, despite and with all the differences, to create a world and to build desirable futures where the social link and the link with nature could be renewed and empowering[8]”.
Museums and research centres[9] in the North also try to face the challenges of the requests for restitution of stolen objects, such as with the Republic of Benin in 2017[10] and the current debates regarding the repatriation of objects, particularly intense since the publication of the Sarr/Savoy report to French President Macron (23 November 2018). The Workshops on epistemological disorders aim to contribute to this necessary public discussion via attractive works of art, enlightened by academic research works.

By raising these questions and debates in the North, the Workshops on epistemological disorders embody and gather the different heritage traces of the colonial history that European societies have only started to reconsider. However, by addressing such subjects from the point of view of Dakar, the Workshops on epistemological disorders are starting an urgent dialogue that allows for a joint research with researchers and artists from the North and the South. They also allow to reconsider the museum question on the continent, which is currently particularly strong. In the national museums in West Africa, the ethnic paradigm inherited from the colonial period gives way to accommodations and actualisations that aim to account both for the cultural diversity and for national unity of the different countries[11]. The foundation of national museums stages the imbrications between a museum project and political, ethnic and religious stakes[12]. In Senegal, the museum question is changing[13], as evidences by the recent opening of the Museum of black civilisations[14].

Conceptual framework

The Workshops on epistemological disorders project aims to fully consider past, present and future challenges in all their aspects: in their material, technological and emotional dimensions.

Let’s cast a glance at the past; what type of objects are exhibited in the collections of the Théodore Monod museum? How can we overcome what used to be one of the museum’s functions, the production of statues and fetishes, archives, objects devoid of breath and turned inert[15] ? How can we question the objects’ biography? How can we go back to the history of collections? How can we understand the processes of heritage-making of these material traces of the past, to embed them into their historicity, question their meanings and their stories? How can we question silences, oversights? How can we consider the multiple filiations, the effects of intercultural translation, of relations? How can we analyse the relations between populations and objects[16]? How do these artefacts communicate on the Senegalese society of the past? Which ones have left Senegal during (and after) the colonisation, and in which conditions? What role do they play abroad, and what stories do they tell? What memories and what actions have these objects left behind, or not? More generally, what does it mean and imply, in a routine-like and local way, to face these empty spots? How were the production and dissemination of knowledge affected or transformed by these processes? Indeed, what does “shared” or “contested” heritage mean when it is evaluated from the point of view of the Senegalese communities? We would like to re-examine these concepts, starting from the museum itself as a contested space in itself, as a productive site and study the historical, cultural and power-related relationships in all their dynamic dimensions – and, above all, in their interactions with local and “global” experiences.

Let’s look at the future; what other histories can the objects tell nowadays? How can we imagine the recovery of a situation where the saturated reserves of northern museums face the rare collections of Sub-Saharan African museums? What creative responses can be imagined to repair these complex situations? What does repatriation imply? How can we invent new forms to maintain and promote heritage, new modes that would have meaning for the local communities and societies? How can we embed the collections of the Théodore Monod museum within a heterogenous and dialectic time? How can we generate new knowledge, emergence within the horizon of possibilities[17]? Can they initiate cosmologies of emergence (e.g. another relation to nature)? How can we enable the development of a synthetic reason to re-appropriate Senghor’s concepts (unlike an analytical reason), or to think the pluriversal or universal within the particular[18]? What about the ethics of action (S. Bachir Diagne)? What futures? What resources would allow us to think them, but also to speed up their advent? What about the place of contemporary art?

What new conservation practices could the project trigger? Should we be inspired by the plethora of concepts invented by the contested colonial institutions, from the universal to concepts of “shared heritage”? What should we realise if we started to consider museums in the South as “museums of the world for the world”? How can we think these places, where we could legitimately “re-examine cultural identities and explore networks of inter-connected global cultures”?

Work method and approach

Conceived as international and prospective collective dynamics combining artists, theoreticians and agents of different knowledge, Workshops on epistemological disorders articulates Research/Production/Education and relies on artists’ residencies and the production of pieces that revisit the concepts of heritage, knowledge and theories of knowledge at the Théodore Monod museum.

The museum will be considered as a space that lies at the heart of society and its issues. It will be designed as a dynamic space for the production of knowledge, of collective knowledge and subjectivity, of multiple interpretations, of stories, of imaginations, i.e. everything as a space of resources, place of collaboration and of individual and collective experiment allowing to connect the collections of everyday living heritage, to study the relations with contemporary creation, to highlight different aesthetic, historical, political, scientific leads, to reflect on the stakes regarding communities, to invent new uses, projects, practices, objects, possibilities, speculations. Contemporary Dakar is a place of fusion of communities from everywhere across the globe. The African continent is another example. Our idea is to transform the Théodore Monod museum into a creative laboratory platform where such questions, attentive to history and to the place where they are formulated and imagined, could be re-worked to become significant both for the local communities and at the global level.

Conceived as an experimental space generating different levels of coproduction from a collective and immersive experience, this project will be translated into discussions as part of seminars that will accompany the artists’ residencies, exhibitions and events, along with a publication. Visual arts (plastic arts and cinema) will be at the centre, but the inputs from music, poetry, dance, etc., are not excluded. We are interested in the uses of speculation, fiction, fabulation as ways to explore and question in order to bolster future imaginations or fictions. The use of 3D and other digital technologies can create empowering practices, at least in terms of relations.

The Workshop on epistemological disorders contains a constellation of artists, curators and professors with different origins, who are conscious of the positions from where they are speaking and working, spanning different countries in Europe and Africa. Our work method and approach are structured to enable creative freedom and support for all participants.

We aim to produce discursive and accessible pieces, rooted in Senegal but also relevant for foreign publics. The point is to build trade relations and to strengthen the collaboration and cooperation between cultural institutions, to exchange knowledge and to create a conservation principle for exhibitions in Senegal and France.

Schedule and project results

  • A series of art pieces and research works – “translocations” objects (Bénédicte Savoy, 2015) and related questions of presence/absence, possession/dispossession, property, agency and value(s) – will be created.
  • The first step started at the beginning of 2019 with the Théodore Monod museum residencies of artists Cheikh Ndiaye, Uriel Orlow and director Mamadou Khouma Gueye. The first Workshop will take place on 27 February at the Théodore Monod museum around Cheikh Ndiaye’s residency and before the exhibition of March 2019 of the piece produced within the museum’s collections.
  • Other residencies are already planned for 2019. We hope that they will continue in 2020 and 2021. They will be followed by exhibitions, workshops/exchanges. Important public programmes will be developed for the exhibitions. Different types of publications (academic papers, catalogue, blog posts) will also be produced during and after the project.
  • The Africa 2020 cultural season will propose a workshop and an exhibition at the Beaux-Arts of Nantes (with the themes: archives and imaginary histories, fiction and forbidden movements). The Africa 2020 cultural season provides us with the beautiful opportunity to invite at the Beaux-Arts of Nantes our African partners (artists, institutions, theoreticians: possibly the national museum of Burkina Faso and the national museum of Mali) and other actors of artistic projects and research in line with ours, such as Invisible inventories at the national museum of Nairobi carried out by Marian Nura Goni and two teams of artists (Sam Hopkins and the Nest Collective), which will be exhibited in different museums in Germany, or the Doual’art in Cameroon initiative, or that of the Waza Art Centre of Lubumbashi in Congo. Connections workshops/residencies/exhibition will be made with the LU projects (Oulimata Gueye and his exhibition on the Futures in Africa), the Grand Café contemporary art centre and the Regional Contemporary Art Fund of the Pays de la Loire. The collaborations with EESI Poitiers-Angoulême (European School of Visual Arts), on their project with IFAN-ISAC in Dakar, and with the Angoulême Museum are also important for our school, as they will allow for dynamics between our exchanges.

This project associates a community of creators committed to speculative imaginations on the cultural ebb and flow between the African continent and beyond.

Contacts: Emmanuelle Cherel

[1] Particularly Quels musées au Sénégal pour le XXIe siècle?  organised at the Théodore Monod Museum of African art at IFAN/Ch. A. Diop, 12 April 2017 with  Ousmane Sow Huchart, President of the executive board of the Museum of Black Civilisations,  Hamady Bocoum, General Director of the Museum of Black Civilisations, Massamba Lam, Former Curator of the Théodore Monod museum of African art,  Abdoulaye Touré, Director of IFAN, Cheikh Anta Diop, former curator of the historical museum of Gorée, Abdoulaye Camara, Archaeologist IFAN/Ch. A. Diop, former curator of the historical museum of Gorée and former curator of the Théodore Monod museum of African art,  Mariama Ndoye, curator of Léopold Sédar Senghor museum, Aziz Guissé, Director of cultural heritage,  El Hadji Malick Ndiaye, Historian of art, temporary curator of the Théodore Monod museum of African art and General Secretary of ICOM/Senegal, Emmanuelle Chérel, Historian of art, Professor, EBANSN, Youssouf Diatta, Head of the museum departments/ IFAN.Ch. A. Diop • Ismaïla Cissé. In May 2018, the study day on Le musée dynamique: Histoire et perspectives, Théodore Monod museum of African art of IFAN/Ch. A. Diop organised by El Hadji Malick Ndiaye, (Fundamental Institute of Black Africa), Emmanuelle Chérel  (Beaux-Arts of Nantes Saint- Nazaire/UMR CNRS AAU CRENAU team of the Graduate School of Architecture of Nantes), Maureen Murphy (University Paris 1 Panthéon Sorbonne/Institut universitaire de France), Daniel Sciboz (Head, Genève), with Ousmane Sow Huchart, President of the executive board of the Museum of Black Civilisations, former curator of the Dynamic Museum,  El Hadji Sy (artist).

[2]   In 2017, with the Master 1 students in Nantes and the museum staff, this project was based on a speculative manifesto: What could be a museum of the future in Africa?

[3]  See for example Anna Seiderer, Une critique postcoloniale en acte – Les musées d’ethnographie contemporains sous le prisme des études postcoloniales, Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, 2014 or the Modernité féticheDecolonising Museum project, second thematic publication of online Internationale addresses the colonial legacy and mentalities, rooted and present in European museum institutions and beyond. The publication comes from the conference Décoloniser le musée at MACBA in Barcelone, 27-29 November 2015.

The historiography of scientific discourses, museographical systems and conservation or mediation policies is thus discussed. The reconsideration of modern stories, of their conception of knowledge and their implications in the colonial expansion, leads both to identify historical and ideological constructions, omissions, to decolonise the outlook on endogenous heritage and knowledge (material and immaterial) and to consider the ways in which these institutions and their objects are crossed by affects, conflicts and complex and stratified meanings. It leads to the search of a post-ethnographic museum.

[4]  See the projects by Karen Mirza and Brad Butler, Meschac Gaba, Tania Bruguera, Lisl Ponger, Gustavo Buntix.

[5]  These practices apprehend objects by considering their agency, i.e. their role of concrete mediators (beyond the symbols) in the social processes, their ability to act, to produce effects and transformations, to generate debates, common spaces, sites of consciousness, potential projections and perspectives.

[6]  e.g.: Fred Wilson, Sammy Baloji, Patrick Mudekereza, Sam Hopkins and Simon Rittmeier, Pauline M’Barek, Pratchaya Phinthong, Abira Hussein. See Sammy Baloji Hunting & Collecting, Lotte Arndt, Asger Taiaksev (ed.), Imane Fanès/ Mu.ZEE Gallery, 2016, recounting the collective exhibition designed in 2014 at Mu.ZEE in Oostende.

[7]  Clémentine Deliss, Manifeste sur les droits d’accès aux collections coloniales sequestrées en Europe, journées scientifiques de la Biennale Dak’art, 2018.

[8]  Séverine Kodjo Grandvaux, Renouveler le lien, faire monde, Les printemps des Laboratoires d’Aubervilliers, Endetter punir, 16 septembre 2018.

[9]  For example, the workshop New Cultures of Collaboration : Sharing of Collections and Quests for Restitution – the Benin Case, Vienne, 2010 or the experimental seminar of 12 Septembre 2018, Décoloniser la Collection organised in Paris.

[10]  See also the digitalisation of archives, as carried out at the Iwalewahaus Art and Research Centre (Germany), about the Ulli Beier Fund, before its transfer to the Center of Black Culture and International Understanding (CBIU) in Oshogbo (Nigeria).

[11]  Julien Bondaz, « Politique des objets de musée en Afrique de l’Ouest », revue Antropologie et Sociétés, vo.38, n°3, 2014, p. 95 111. « The exhibited objects work as identity supports or as means of recognition or political claims. The relations between visitors and the museum collections are sometimes the opportunity for a process of subjectivation and appropriation, whose observation allows for re-centring the debates on the publics of heritage institutions. The political uses of museum objects raise not only museographical problems, but also more important questions regarding the construction of communities in West Africa.”

[12]  Julien Bondaz, op. Cit., p. 99 : “West African museums remain lay institutions. The nature of their collections (the ethnographic pieces kept are mainly ritualistic objects) leads several of their agents and a part of the local population to compare them to “sacred cases” but they do not officially represent places of magical-ritualistic practices. The ambivalence of the status of many museum objects is as important.”

[13]  M.-A. De Suremain, « L’IFAN et la « mise en musée » des cultures africaines (1936-1961) », Revue française d’histoire d’Outre-mer, n°356-357, 2007, p. 151-172.

[14] See the study days initiated by the Senegalese ministry, and Hamedy Bocoum, « Histoire et Enjeux du Musée des civilisations noires », journée d’étude Quels musées au Sénégal pour le XXIe siècle ?  Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop, 2017. El Hadji Malick Ndiaye, « Le musée des civilisations noires »  journée détude Le musée dynamique de Dakar : histoire et perspectives,  Musée Théodore Monod d’art africain de l’IFAN/Ch. A. Diop,  9 mai 2018.

[15]  Achille Mbembé, Politiques de l’inimitié, op. Cit., p. 157. « Il ne s’agit généralement pas, en l’occurence, d’offrir  paix et repos au signe qu’aura longtemps abrité la forme. L’esprit derrière la forme aura été auparavent chassé (.). L’antimusée, n’est en rien une institution, mais la figure d’un lieu autre, celui de l’hospitalité radicale ».

[16]  See also the visions of art of L.L.Senghor, e.g. David Murphy, The First World Festival of Negro Arts, contexts and legacies, Liverpool  University Press, 2016.

[17]  See the sociology of emergences of Boaventura  de Sousa Santos, which he defines as an investigation on the alternatives contained in the horizon of possibilities. The two pillars of a South epistemology are “ecology of knowledge” and “intercultural translation”. The work of “translation between knowledge” revolves both around knowledge and practices (and their agents). It takes the form of a “diatopic hermeneutic”.

[18]  Souleymane Bachir Diagne, « Pour un universel vraiment universel »,  Achille Mbembé, Felwine Sarr (dir.), Ecrire l’Afrique-monde, op.cit, p 71- 79.