Notre laboratoire, comme beaucoup d’autres avant lui, souhaite exprimer sa forte inquiétude face aux perspectives dessinées dans les rapports préparatoires à la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche [1][2]. Parce que nous sommes ancrés dans ces deux mondes, nous faisons le lien entre les perspectives dessinées pour la LPPR et les politiques menées plus spécifiquement par le ministère de la Culture dans le contexte de réforme des écoles d’architecture [3]. On retrouve en effet de part et d’autre les mêmes situations marquées par :

  • la faiblesse notoire des moyens au regard des missions [4],
  • un recours généralisé aux contrats courts qui fragilisent les personnels concernés [5][6],
  • une approche technocratique et managériale de nos missions [7],

qui conduisent ensemble à une dégradation continue des conditions d’exercice de nos métiers, et qui n’apportent aucune réponse viable aux immenses enjeux de l’enseignement supérieur et de la recherche pour notre pays en général, et pour les mondes de l’architecture et de la ville en particulier.

Partagées par un nombre grandissant de collègues, ces inquiétudes ont fait naitre des mobilisations et des prises de positions dans les ENSA-P et au CNECEA [8]. Elles rejoignent les très nombreuses motions en provenance des universités, des laboratoires, des revues et d’autres lieux de construction et de transmission des savoirs [9]. Comme l’ont fait de multiples collectifs et instances qui travaillent au quotidien pour, avec et dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche [10], à l’université et dans les écoles, nous appelons à d’autres politiques d’enseignement supérieur et de recherche et nous rappelons la nécessité :

  • d’investissements à la hauteur des enjeux en termes de moyens humains, financiers et matériels,
  • de cadres de recherche ouverts à toutes les formes de pensée et de production scientifique, à l’image de nos activités au sein des ENSA-P et des laboratoires qui leur sont rattachés,
  • du maintien et du développement d’un service public d’enseignement supérieur et de recherche ouvert à toutes et à tous, inventif, créatif.

Alors même que sont débattues un peu partout les positions des ENSA-P dans les politiques de sites et leurs liens avec les universités, nous ne pouvons que constater l’urgence de repenser globalement l’évolution de la formation et de la recherche dans nos écoles comme dans les universités desquelles elles se rapprochent.

Les membres du Conseil du laboratoire AAU, UMR 1563
CNRS, ENSA Grenoble, ENSA Nantes, Centrale Nantes
(15 membres, 14 pour et 1 abstention)

[1] Loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) Ce à quoi il faut s’attendre.
Sauvons l’Université !, Newsletter n° 44, 10 janvier 2020
http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article8594

[2] Appel à signature des Directions de laboratoire de recherche pour un moratoire sur la LPPR et pour la tenue d’Etats généraux de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur.
https://framaforms.org/moratoire-lppr-1579126603

[3] Voir la lettre des Président.e.s des Conseils d’Administration et des Directeurs/Directrices des ENSA à Franck Riester, ministre de la Culture, 15 décembre 2019.

[4] La lettre citée en [3] évoque « une faiblesse structurelle des moyens des écoles ».

[5] Cf. la situation des maitres de conférences associés sans contrat et sans rémunération de septembre 2019 à janvier 2020 dans les écoles d’architecture.

[6] La lettre citée en [3] évoque « une dégradation croissante du climat social dans nos établissements ».

[7] Qui se traduit dans nos écoles par une forme d’indifférence de la part de l’administration centrale. En témoignent notamment l’absence de réponse à la lettre citée en [3] et le non respect du protocole d’accord interministériel concernant le rééquilibrage des effectifs d’enseignants dans les ENSA-P.

[8] Voir le communiqué du CNECEA, 24 janvier 2020, et les motions votées par de nombreux CPS des écoles (https://www.amc-archi.com/article/les-ecoles-d-architecture-en-greve,11621). Il manque actuellement une plateforme permettant de rendre visibles ces prises de positions.

[9] https://universiteouverte.org/2020/01/14/liste-des-facs-et-labos-en-lutte/

[10] Jusqu’au Conseil scientifique du CNRS et à la Conférence des Présidents du comité National de la recherche scientifique
https://www.cnrs.fr/comitenational/cs/recommandations/27_janvier_2020/CS-CNRS_sur-les-dispositions-attendues-de-la-LPPR.pdf

Signataires :

Daniel Siret, ensa Nantes, directeur
Anne Bossé, ensa Paris-Malaquais, directrice-adjointe
Nicolas Tixier, ensa Grenoble, directeur-adjoint
Laurent Devisme, ensa Nantes, membre nommé du Conseil de laboratoire
Véronique Dom, CNRS, membre élue du Conseil de laboratoire
Lucile Garnier, ensa Nantes, membre élue du Conseil de laboratoire
Rainer Kazig, CNRS, membre élu du Conseil de laboratoire
Thomas Leduc, CNRS, membre élu du Conseil de laboratoire
Philippe Liveneau, ensa Grenoble, membre nommé du Conseil de laboratoire
Théa Manola, ensa Grenoble, membre élue du Conseil de laboratoire
Jean-François Moisand, ensa Grenoble, membre élu du Conseil de laboratoire
Ignacio Requena, ensa Nantes, membre élu du Conseil de laboratoire
Rachel Thomas, CNRS, membre élue du Conseil de laboratoire
Maïlys Toussaint, ensa Grenoble, membre élue du Conseil de laboratoire