Le laboratoire AAU-CRENAU propose un projet de thèse de doctorat à la croisée de l’architecture, de l’aménagement/urbanisme et de la sociologie/anthropologie :

« Les pouponnières à caractère social : l’espace au service de la protection de l’enfance ».

Les candidat.e.s intéressé.e.s sont invité.e.s à contacter Anne Bossé avant le 24 août (date limite de candidature).

Conditions :

  • Financement prévisionnel attendu en janvier 2021 ;
  • Thèse au sein du laboratoire AAU (UMR CNRS 1563), équipe CRENAU, à l’ENSA Nantes ;
  • Direction de thèse Pascale Maulévrier Professeur de sociologie à l’Université de Nantes, encadrante Anne Bossé enseignant-chercheur à l’ENSA Nantes.

Ce doctorat vise à engager un travail d’enquête sur un lieu d’accueil de la petite enfance très méconnu : la pouponnière à caractère social, lieu d’accueil et de vie des enfants âgés de 0 à 3 ans qui ne peuvent demeurer avec leurs familles pour de multiples raisons (adoption, maltraitance, grande précarité des conditions de vie…). Très souvent confiés à l’ASE (Aide Sociale à l’Enfance) sous décision de justice, ces enfants sont pour la plupart dans une situation de grande vulnérabilité et ont vécu des expériences traumatisantes. Depuis 1983, l’Aide Sociale à l’Enfance est une compétence des départements qui lui portent un intérêt grandissant avec, notamment, de nombreux projets de lieux et de bâtiments mieux à même de s’adapter et de suivre les évolutions des pratiques du corps médical et soignant pour l’accueil précoce. Il existe ainsi une forte demande de connaissances sur l’importance de l’espace dans l’accueil et les pratiques de soin de ces enfants. On constate pourtant dans la littérature, d’une part, qu’il y a peu d’écrits sur les pouponnières sociales hors du monde médical ou de la psychanalyse et que l’espace y est souvent réduit à des préconisations ou des schémas fonctionnels. Et d’autre part, du côté des disciplines attentives aux qualités spatiales et d’ambiances et aux usages (architecture, sociologie…), les travaux de recherche quant à la petite enfance se sont quasi exclusivement centrés sur les crèches ou les jardins d’enfants. On constate ainsi un réel manque de connaissances sur le monde spatial et relationnel des enfants de moins de trois ans[1], et plus encore dans les lieux spécifiques que sont les pouponnières.

Ce doctorat, encore ouvert dans les directions plus précises qu’il pourrait prendre, permettrait de combler ce vide de la littérature scientifique en articulant les connaissances du monde médical et les savoirs disciplinaires sur l’espace et l’enfance. Basé prioritairement sur un travail d’enquête ethnographique dans plusieurs pouponnières déjà repérées, ce doctorat pourra prioritairement analyser les modes de conception et d’organisation spatiale anciens et contemporains des pouponnières, les pratiques, les gestes et les interactions dans l’espace entre soignants/enfants/familles, ou encore les enjeux territoriaux des politiques publiques départementales en matière de protection de l’enfance.

Il est à noter que ce doctorat profite d’un contexte spécifique : le programme PEGASE. Ce Programme d’Expérimentation d’un protocole de santé standardisé appliqué aux enfants ayant bénéficié avant l’âGe de 5 Ans d’une meSure de protection de l’Enfance est prévu pour une durée de 5 ans[2]. Porté par le Docteur Daniel Rousseau et la Professeur Karine Chevreul, il engage de nombreux partenaires comme l’Association Saint Ex, URC-éco, le GESPO, le CDEF du Maine et Loire et 15 Conseils Départementaux. Il s’inscrit dans le cadre des expérimentations permises par l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018 et vise, avant tout, à innover dans la prise en charge sanitaire de ces enfants, son objectif étant de proposer un suivi complet pour limiter les conséquences des maltraitances et des négligences dont ces enfants ont souvent été victimes. La mise en œuvre de PEGASE s’appuie sur 15 pouponnières sociales volontaires réparties sur le territoire national (à noter une concentration importante dans l’ouest de la France avec un établissement en Loire-Atlantique, un en Maine-et-Loire, un en Vendée, un en Ille et Vilaine). Ce sont ces pouponnières, pour la plupart engagées dans des réflexions et des projets architecturaux, qui seront les terrains investis par ce doctorat. Les difficultés méthodologiques liées à ce travail en milieu institutionnel fermé et sécurisé seront en partie levées grâce à ce partenariat[3].

Profil attendu :

Pour ce projet de doctorat peuvent candidater des étudiant.es diplômé.es de Master en architecture (ou histoire de l’architecture), aménagement/urbanisme, géographie, sociologie ou anthropologie. Il est surtout attendu des compétences et un intérêt pour la pratique de l’ethnographie et pour l’observation participante, mais également pour les questions d’espace et d’ambiances architecturales. De précédents travaux en lien avec les domaines de la santé seraient un plus.

Calendrier et modalités de candidature :

Un texte de deux pages préfigurant les pistes que privilégierait le candidat ou la candidate pour ce doctorat ainsi qu’un CV sont à adresser à anne.bosse@crenau.archi.fr

[1] Aujourd’hui encore les expériences de l’institut Loczy fondé par la pédiatre et psychanalyste Emmi Pikler découvertes en France à la fin des années 70 restent la référence sur les enfants de moins de trois ans. En France, la demande de connaissance sur les pouponnières est engagée par l’opération pouponnière menée par Simone Veil dans les années 70 à la suite de la découverte, par le grand public, des conditions de vie des nourrissons en collectivité avec le marquant documentaire « Enfants en pouponnière demandent assistance » datant de 1978.

[2] Lire l’arrêté ministériel ici : https://4b420e5c-d621-475e-9924-24663a6cdb02.filesusr.com/ugd/6833ab_8fe3a17315254812bbf70b181cd63881.pdf?index=true

[3] D’autres actions de recherche s’engagent autour du volet santé de PEGASE notamment sur la mémoire et les archives. Cf. https://www.programmepegase.fr/partenaires-pegase

Photo : Free sweet dreams Stock Photo, Lonnie Bradley