Avis de soutenance de thèse : Georges Abou Mrad le 1er octobre 2024 « Lutte des ambiances dans les quartiers en transformation de Beyrouth »
Actualité publiée le 24 septembre 2024
Soutenance de thèse de Georges Abou Mrad, le mardi 01 octobre 2024, à 14h00, amphithéâtre Simounet à l’ENSA Grenoble.
École doctorale : Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire (SHPT), Université Grenoble Alpes
Unité de recherche : UMR ENSAG 1563-CRESSON
Titre de la thèse : Lutte des ambiances dans les quartiers en transformation de Beyrouth
Direction :
- Nicolas Tixier, Directeur de thèse, Professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
- Jean-Michel Roux, Co-directeur de thèse, Professeur HDR, Université Bordeaux Montaigne
Composition du jury :
- Marlène Ghorayeb, Professeure HDR, École Spéciale d’Architecture de Paris, Rapportrice
- Elson Pereira, Professeur, Université fédérale de Santa Catarina au Brésil, rapporteur
- Mona Fawaz, Professeure, Université américaine de Beyrouth, examinatrice
- Aysegül Cankat, Professeure HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, examinatrice
Résumé :
Le Liban était considéré depuis des siècles comme un territoire refuge pour de nombreuses minorités communautaires et religieuses menacées de l’Orient. Ces diversités ont participé à générer une identité complexe et parfois contradictoire du pays et de son patrimoine socioculturel. Malgré sa forte participation à la richesse du pays, cette diversité se présentait parfois comme étant la cause majeure des problèmes ethniques et religieux sur le territoire libanais. Ces conflits ethniques ont été couronnés par la guerre civile, qui devint rapidement de nature religieuse et qui durera environ quinze années entre 1975 et 1990.
Le lendemain de la guerre civile et avec le commencement de la reconstruction du centre de Beyrouth, les vrais dégâts de la guerre se révélèrent. Des quartiers ethniquement stratifiés prirent place sur les vestiges de la ceinture de misères contournant anciennement la capitale. Une nouvelle ère des “quartiers irréguliers de Beyrouth” vit le jour. Des vrais espaces “ghettos”, enclavés et fortifiés par des idéologies religieuses radicales furent établis. Les quartiers se transformèrent rapidement, fabriquant leurs propres ambiances distinctes les unes les autres. Une distinction, non seulement des zones chrétiennes (Chari’iyeh) de celles musulmanes (Gharbiyeh), mais aussi entre les zones confessionnelles chiites, sunnites, maronites, orthodoxes.
Les décisions urbaines de l’époque renforçaient l’isolement et le détachement physique de ces quartiers du centre-ville de Beyrouth par l’aménagement de grands projets d’infrastructures, empêchant tout contact entre la capitale et ces quartiers irréguliers.
Le but principal de ce projet de thèse est de questionner les ambiances en termes d’opérateur principal et fondamental de changement volontaire qui soit urbain, social et sensible de deux de ces quartiers irréguliers, celui de “Ouzaï” et celui de “Karm El Zeitoun”.
De nos jours de nombreuses tentatives privées de requalifications de ces territoires ont vu le jour. Ces tentatives sont dues surtout aux spéculations foncières et à la saturation des territoires constructibles au centre-ville. Ces transformations bouleversent les ambiances dans ces quartiers notamment dans les façons nouvelles de coexister entre elles, dans les vécus autant que dans les pratiques. On assiste depuis quelques années à une dynamique de transformation urbaine de ces quartiers qui touchent fortement la production des espaces habités et des modes de vie par la proximité et l’introduction d’autres modes de fabriques hétérogènes à ces quartiers. Quelles adaptations ou d’appropriations de ces nouvelles ambiances “indigènes” peut-on envisager pour espérer un “être” sensible à son environnement qui joue de cette “hétéroclicité” ? Cette hétéroclicité fut la cause principale de ce que l’on pourrait appeler une lutte des ambiances dans ces quartiers longtemps considérés comme homogènes. Est-ce qu’inversement, une approche par les ambiances peut aujourd’hui devenir un opérateur inédit de transformation urbaine de ces quartiers ? La thèse s’attachera par un travail situé et d’enquêtes à mettre à jour les éléments constitutifs de cette hétéroclicité et d’éprouver comment une approche par les ambiances permettrait d’en imaginer des devenirs possibles.