Durée du projet : 36 mois.

Les deux équipes du laboratoire AAU sont impliquées :

  • Pauline Ouvrard, co-responsable d’axe et  Stéphanie Bouysse-Mesnage (AAU-CRENAU)
  • Théa Manola, co-responsable d’axe (AAU-CRESSON).

Résumé :

Un grand nombre des transitions, voire des bouleversements, qui touchent nos sociétés depuis une vingtaine d’années, au premier chef desquels la lutte contre le changement climatique, ont un impact massif et direct sur la conception et la gestion des espaces habités. De ce fait, les métiers de la fabrique de la ville et des territoires sont soumis à un défi majeur d’adaptation de leurs compétences et de leurs pratiques.

Le projet s’attache aux groupes professionnels des architectes, des urbanistes et des paysagistes comme des « écologies liées » (Abbott, 2003), engagées dans une même dynamique de réajustement au contexte socio-environnemental.

Il considère cette dynamique par trois entrées :

  • La socialisation aux métiers, à la lumière des nouveaux enjeux sociétaux, au cours des formations initiales.

Ce questionnement en termes de socialisation professionnelle (Hughes, 1955 ; Dubar, 1991) s’attache au double mouvement d'une évolution de l’offre de formation et de modèles d'identification issus des formateurs d’une part, et d’une construction active par les étudiants de leur stratégie d'apprentissage et de leurs référents identitaires d’autre part. Les hypothèses sont que la réponse à l’incertitude des savoirs et à l’inflexion des pratiques conduit les uns et les autres à tendre vers des cursus à la carte et vers l’ouverture pluridisciplinaire (a), et que les évolutions des contenus des trois filières étudiées présentent des similitudes (b). Le projet vérifie et qualifie ces hypothèses.

  • Les continuités et ruptures dans les trajectoires, face à un contexte d’exercice en recomposition.

La définition interactionniste de la notion de carrière (Hughes, 1958 ; Strauss, 1992), nous porte à mettre en regard les changements intervenant dans les situations professionnelles et le sens qu’ils recouvrent pour les praticiens des groupes étudiés. Notre hypothèse est que les trajectoires à l’œuvre s’articulent autour de trois processus : une primo-insertion, des ajustements progressifs au contexte d’exercice au cours des carrières et parfois des bifurcations radicales.

  • Les groupes professionnels à l’épreuve des réajustements aux transitions.

Les travaux récents en recherche urbaine mettent en exergue diverses dynamiques d’évolution des pratiques professionnelles : l’inscription accrue des architectes, urbanistes et paysagistes dans les activités situées en amont et en aval de la conception ; la généralisation des enjeux socio-écologiques dans leurs discours et pratiques ; le décloisonnement de leur intervention par diverses formes de démocratie participative. Notre hypothèse est que ces trois dynamiques produisent des redécoupages au sein des trois groupes professionnels pris comme objets mais aussi des rapprochements entre eux, sur des segments nouveaux.

Les effets de la féminisation de ces milieux professionnels, les effets de génération et du rapport au savoir et à l’expérience traversent l’ensemble de ces dynamiques.

Dans ce projet, l’équipe de recherche composée d’un réseau de chercheurs fondé en 1999 (le RAMAU, ramau.archi.fr) mobilise sa pluridisciplinarité, son accès à une diversité d’établissements d’enseignement dans ces trois domaines, ainsi que les partenariats qu’elle a construits avec les tutelles administratives et les organisations représentatives de ces groupes professionnels. Pour saisir les dynamiques sous l’angle de leurs effets objectifs et sous celui des représentations qui les accompagnent, la méthodologie déployée est mixte : des enquêtes par questionnaire et des analyses secondaires de données d’enquêtes existantes pour l’approche quantitative ; des enquêtes par entretiens, des focus groups, de l’analyse documentaire et des observations de scènes significatives pour l’approche qualitative.