Cette recherche explore les ambiances de la ville souterraine. Existe-t-il des formes sensibles caractéristiques d’un espace public situé sous la ville ? Comment les pratiques du public interagissent avec les données de l’environnement ? Ces questions sont abordées à partir d’une étude du Louvre et des Halles de Paris. Elle vise à dégager des critères d’analyse et de conception en restituant l’expérience des passants en sous-sol. Elle est basée sur des méthodologies multisensorielles et souvent novatrices qui tentent de croiser des données architecturales avec des mesures acoustiques, lumineuses et thermo-aérauliques et des enquêtes in situ sur la perception en mouvement (méthodes des parcours commentés).
La plupart des enregistrements sonores ont été effectués en suivant la logique des trajets souterrains, en partant systématiquement de l’extérieur (ou d’un accès métro), afin d’emprunter une des nombreuses entrées, et de cheminer en sous-sol jusqu’à une sortie donnant sur l’espace urbain de surface. D’autres ont été effectué en statique au point d’accueil de chacun des deux sites, afin de capter à la fois l’ambiance dans laquelle baignent les hôtesses d’accueil et les interactions qu’elles vivent avec les visiteurs. D’autres enfin constituent de petites miniatures de certaines situations particulières qui se déroulent dans ces espaces.
Ces 23 enregistrements sédimentent une expérience sonore unique que l’on peut revivre, ils permettent de s’immerger littéralement dans l’ambiance des lieux afin d’en percevoir certains aspects liés à la dynamique des parcours. Les lieux parcourus : le Musée du Louvre, le Forum des Halles.
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Ces extraits sonores accompagnent le rapport de recherche cresson n°37 :
01–Station de métro Palais Royal-Musée du Louvres – 1min 54s
Allées-venues de rames de métro dans une ambiance calme et silencieuse. Un musicien s’en va avec la première rame, aussitôt après une autre arrive, les portes s’ouvrent et dans le soudain silence des pas s’éloignent. La sirène retentit, les portes claquent et la rame s’en va, le silence retombe.
[Effet sonore] Crescendo Decrescendo Vague
02 –Parcours 1 : métro – Grande Pyramide – 6min 58s
Parcours depuis le métro, passant au niveau -2 dans les galeries de boutiques, pyramide inversée, grande galerie, Grande Pyramide, puis, par l’escalator, sortie devant la pyramide.
Départ d’une rame de métro, le son mécanique est remplacé par des voix et des pas, discrets ; réverbération dans le couloir ; franchissement des portes métalliques ; changement de réverbération en arrivant dans les galeries marchande (foule lointaine mais peu bruyante qui dominera l’ensemble du parcours jusqu’à la sortie), sons de vaisselle du restaurant au dessus, mais peu d’émergences sinon les voix que l’on croise brièvement ; le brouhaha s’intensifie peu à peu à l’approche de la Grande Pyramide ; léger diminuendo lorsqu’on parvient en haut de la passerelle de la pyramide ; changement d’ambiance à la sortie, avec un groupe d’enfants qui piaillent au loin.
[Effet sonore] Métabole Réverbération
03 – Parcours 2 : Grande Pyramide – Rue de Rivoli – 8min 43s
Parcours depuis l’entrée de la pyramide, descente par l’escalier en colimaçon, passage près de l’accueil, le brouhaha général est très homogène ; puis dans l’espace vestiaire (matité, rétrécissement), retour dans l’espace de la pyramide (réverbération) ; montée sur la mezzanine coté Est et Nord, jusqu’au café (les voix deviennent plus proches et distinctes) ; redescente, sortie par l’enchainement de couloirs et d’escalators dans le passage Richelieu (éloignement de la foule, changements de réverbération, voix plus proches, bruits mécaniques) en direction de la rue de Rivoli (circulation).
04 – Parcours 3 : rue de Rivoli-parkings – 8min 51s
Parcours depuis la rue de Rivoli (passage Richelieu), resserrement de l’espace et de la foule des visiteurs autour du check-point, puis descente par l’étroit couloir des escalators (voix multiples et multilingues – effet d’immersion) ; le changement de réverbération est perceptible avant l’arrivée sous la Grande Pyramide (effet d’anticipation) ; là les voix semblent se dissoudre dans un vaste brouhaha (émergences fugaces de paroles qui passent à proximité, de pas qui trainent), puis bruits de vaisselle en passant près du café, avant de s’engager dans la galerie marchande ; l’espace se resserre à nouveau (decrescendo), les voix se font plus distinctes ; nouvelle ouverture de l’espace (et de la réverbération) en arrivant sous la pyramide inversée ; peu à peu le silence se fait, tandis qu’on se dirige vers le fossé Charles V (mélange de présences discrètes et de bruit indistinct venant de très loin) ; ventilations ; escalator ; semelles de crêpe ; brusque effet de coupure et changement radical d’ambiance au passage de la porte des parkings (silence et ventilation).
05 – Parcours 4 : parkings – rue de Rivoli – 5min 40s
Parcours depuis le parking souterrain, le son anticipe l’arrivée à la cafétéria, niveau -1 ; traversée de celle-ci (vaisselles, voix multilingues, effet de métabole) ; espace plus calme au bout ; bourdon de l’escalator pour descendre ; traversée de l’espace commercial feutré sous la cafétéria (dont les sons parviennent du lointain – effet de couplage) ; voix éparses, ventilations; en direction de la rue de Rivoli, les sons de vaisselle nous accompagnent, jusqu’à la sortie ; émergence de la circulation.
06 – Parcours 5 : rue de Rivoli – jardin du Carrousel – 5min 41s
Parcours de puis la rue de Rivoli, circulation ; coupure à l’entrée sous la galerie, des voix réverbérées ; nouvelle coupure à l’entrée dans l’espace souterrain, brouhaha lointain et bruits de vaisselle ; on longe la galerie marchande (frottements de pas) jusqu’à la pyramide inversée ; vague musique en passant devant l’entrée du Virgin Megastore ; le silence s’installe en approchant de la salle de la maquette et dans les escaliers qui mènent à l’extérieur ; sortie vers le jardins de tuileries marquée par le surgissement du vent.
[Effet sonore] Métabole Réverbération
07 – Parcours 6 : jardin du Carrousel – entrée Sully du musée – 5min 49s
Parcours depuis l’extérieur des jardins des Tuileries, le vent s’arrête dès le franchissement des portes et le brouhaha réverbéré lointain apparait, se rapproche peu à peu ; quelqu’un joue de la réverbération du lieu en criant ; en arrivant à la pyramide inversée on se retrouve au cœur de la foule (voix multilingues, pas qui glissent, enfants) ; on longe la grande galerie marchande, les voix relativement distinctes se fondent dans la masse en arrivant sous la grande pyramide ; escalator jusqu’à la l’entrée du musée côté Est (entrée Sully) où le brouhaha s’estompe.
[Effet sonore] Métabole Réverbération
08 – The meeting point – 1min 25s
Du brouhaha métabolique de la grande pyramide émerge la voix d’une guide qui indique le lieu de rassemblement à un groupe de touristes. Le positionnement de sa voix dans les aigus pour se rendre audible, constitue un typique effet de créneau ; on peut noter aussi l’utilisation de l’effet de répétition de certains bouts de phrases afin de s’assurer qu’ils ont été bien entendus et compris.
[Effet sonore] Créneau Répétition Réverbération
09 – Vernissage – 1min 13s
Un effet de métabole enregistré lors d’un vernissage dans l’espace feutré (mat) sous la cafétéria. Contrairement au brouhaha sous la Grande Pyramide, les voix sont ici distinguables, c’est leur quantité et leur mélange qui rend l’ensemble métabolique.
[Effet sonore] Métabole
10 – Borne d’accueil – 20min 22s
Enregistrement statique à la borne d’accueil sous la pyramide, du côté des hôtesses.
Sur fond du brouhaha humain ambiant, enregistrement des interactions entres les visiteurs et les hôtesses qui vendent les tickets d’entrée. C’est à la fois très répétitif et infiniment varié par la diversité des voix, des accents, des personnalités et des manières de s’adresser la parole. Par exemple, vers la fin, un quiproquo entre un touriste étranger et la caissière sur le prix du billet : un premier client dit : « 1 billet – 20 francs ; puis un autre qui lui succède qui dit : 2, ça fait 40..? – elle répond : si vous comptez bien c’est ça ! il entend six-cents et s’étonne – elle le rabroue : ah ben non vous avez mal LU… »
Objets sonores récurrents : le tap-tap sur le clavier, le bourdonnement de l’imprimante, les pièces dans la coupelle pour la monnaie, le larsen du micro.
[Effet sonore] Métabole Répétition Larsen
11 – Entretiens impromptus – 6min 58s
Court entretien avec des gardiens de l’entrée du musée sur leurs conditions de travail : le niveau sonore et la foule qui « pèsent sur la tête » créant une fatigue. Sortir soulage.
12 – Traversée polyglotte – 3min 14s
Montage effectué à partir de plusieurs enregistrements de parcours commentés, entre l’entrée supérieure de la Grande pyramide, jusqu’au fossé Charles V, sur le modèle de la « traversée polyglotte » (voir p. 146-147 du rapport). Il s’agit d’un montage cut reprenant dans chacun des parcours les moments où la personne décrit une sensation ou un sentiment, afin d’obtenir, par juxtaposition, une description sensible, à plusieurs voix, tout au long du parcours.
Effectué dès 1997 avec les logiciels rudimentaires de montage-son de l’époque, et à partir d’enregistrements de plus ou moins bonne qualité, ce fragment a une valeur surtout expérimentale.
13 – Decroissance pyramide – galerie – 7min 50s
Mesures de décroissance acoustique avec une source de bruit blanc située au milieu de l’espace sous la Grande Pyramide et en s’éloignant vers la grande galerie. Mise en place du protocole et mesure tous les 4 mètres.
2 – Forum des Halles
14 – Point-info – 22min 36s
Enregistrement statique à la borne d’accueil des halles. Sur fond de bourdonnement mécanique de l’escalator, de bruits de chantier, parfois quelques musiques de magasins, les interactions des visiteurs avec une hôtesse s’enchainent pratiquement sans interruption. Malgré le brouhaha ambiant, l’atmosphère est assez feutrée et, même s’il faut tendre l’oreille parfois pour les saisir, les échanges se déroulent avec une bonne distinctibilité.
Comparée à la séquence équivalente au Louvre, où les hôtesses ne faisaient que vendre des tickets, ici les questions que posent les visiteurs sont infiniment variées.
[Effet sonore] Répétition
15 – Parcours 1 : Porte Lescot – porte du jour – 7min 29s
Départ porte Lescot, foule extérieure qui s’engouffre dans le grand escalator « le tube » ; resserrement et aggravation, bourdonnement de l’escalator ; ouverture en bas ; passage en extérieur de la place basse (vers 2min18) disparition de la réverbération, foule ; retour en intérieur et resserrement de l’espace dans la rue basse ; forte réverbération en arrivant Place Carrée (effet de dilatation); émergence et fondu enchainé de musiques de magasins dans la grande galerie ; accalmie et lent decrescendo dans le couloir de la piscine qui mène vers la sortie porte du jour ; souffleries et portes ; coupure au franchissement de la dernière porte vers l’extérieur ; oiseaux.
16 –Parcours_1bis_Porte Lescot-porte du jour – 6min 27s
Départ porte Lescot ; musique de fond en arrivant au bas de l’escalator ; coupure nette à 1min47 en franchissant la porte vers la place basse (disparition de la réverbération, parenthèse dans l’ambiance générale) ; nouvelle rupture à 3min05 en pénétrant dans la place carrée (autre réverbération) ; escalators à 4min30 puis lente décroissance de la réverbération vers la sortie ; des pas et des souffleries nous accompagnent ; coupure à 6min14 en franchissant la porte extérieure.
17 – Parcours 2 : porte du Jour – Porte du Pont-Neuf – 6min 21s
Entrée porte du Pour. Au début, les cloches de Saint-Eustache (angelus) qui sont filtrées et atténuées lorsqu’on pénètre à l’intérieur ; descente le long de la piscine, on commence à percevoir la réverbération au loin qui s’accentue tandis qu’on s’approche ; voix distantes ; sons de commerces (caisses enregistreuses, musiques, voix vives) vers 2min30; puis fondu enchainé de musiques et de voix passantes au long de la rue de la boucle ; vers 4min on commence à percevoir la réverbération dans le grand volume de la place Carrée ; escalators, portes, atténuation de la réverbération et rétrécissement de l’espace dans la rue basse, crescendo d’une musique de rue (flûte de pan) ; sortie par la porte du pont-neuf.
18 – Parcours 2bis : porte du Jour – Porte du Pont-Neuf – 6min 15s
Entrée porte du jour. L’ensemble est plus calme que dans le même parcours effectué un samedi.
Extérieur, pas dans la rue ; entrée, apparition des souffleries qui s’atténuent lorsqu’on progresse dans le couloir, tandis que les pas et les voix révèlent la réverbération ; voix et brouhaha discret autour de la place de la rotonde ; resserrement de l’espace à l’entrée de la rue de la boucle ; émergence et enchainement de musiques, voix plus présentes ; l’arrivée sur la place Carrée est moins marquée du fait du calme relatif mais l’élargissement de l’espace reste perceptible ; passage des portes, coupure et decrescendo de la réverbération dans la rue basse mais le bourdon des ventilation se fait plus présente ; sortie par la porte du pont-neuf.
19 – Parcours 3 : Porte du Pont-Neuf – porte Saint-Eustache – 4min 30s
Entrée porte du pont-neuf ; La rumeur de la rue en ce samedi après-midi se poursuit à l’intérieur, intensifiée par la réverbération ; pendant toute la progression vers la place carrée et sa traversée, le son est homogénéisé par cette foule réverbérée, comme si on baignait dans un milieu stable ; le contraste est frappant lorsqu’on parvient dans le couloir absorbant qui mène vers la porte St Eustache.
[Effet sonore] Matité Métabole Réverbération
20 – Parcours 3bis : Porte du Pont-Neuf – porte Saint-Eustache – 4min 09s
Entrée porte du pont-neuf ; musique de rue, série de portes qui claquent, ventilations, voix discrètes et pas ; à cause du relatif silence, le son n’anticipe pas l’arrivée à la Place Carrée mais au contraire c’est le son extérieur qui semble pénétrer ; dans la Place Carrée la réverbération reste caractéristique ; le passage à un autre espace, dans le couloir, et son changement de réverbération reste cependant sensible ; escalier extérieur (pas et voix étrangères).
[Effet sonore] Matité Métabole Réverbération
21 – Parcours 4 : porte Saint-Eustache – Porte Lescot – 9min
Entrée porte Saint-Eustache ; les voix extérieures pénètrent au-delà de l’entrée ; puis le bruit de foule réverbéré provient du lointain (Place Carrée) ; vers 2min 06 on pénètre dans l’espace métro-RER (porte qui grince et atténuation brusque de la réverbération) ; bruits mécaniques des composteurs ; puis retour dans la foule réverbérée de la place Carrée ; nouvelle coupure au franchissement de la porte vers la rue basse, la foule se densifie et se rapproche ; puis se clairsème un peu ; montée par l’escalator vers le niveau -2 ; atténuation de la rumeur, bruits de pas, de musique… vagues d’intensités, entre des lieux calmes et d’autres plus denses ; escalator et sortie porte Lescot (harangue d’une vendeuse de journaux révolutionnaires).
22 – Parcours 4bis : porte Saint-Eustache – Porte Lescot – 10min 05s
Entrée porte Saint-Eustache ; Situation calme, presque silencieuse avant l’entrée ; quelques pas dans le couloir d’entrée qui révèlent la réverbération propre au lieu ; rumeur de la place carrée qui se confond avec celle des ventilations ; vers 2min19 espace RATP ; retour dans la réverbération de la place Carrée ; rue basse, enchainement de musiques, passage d’un charriot métallique qui remplit l’espace (effet de masque) ; escalator bruyant pour monter au niveau -2, silence relatif là-haut ; « dream a little dream of me » qui nous accompagne pendant le tour du niveau ; vers 8min20, sons de café puis de l’escalator ; sortie porte Lescot.
23 – Parcours 5 : sortie métro – Porte Rambuteau – 5min 25s
Sortie du métro côté Lescot (portes pneumatiques) ; irruption d’une musique qui anticipe de quelques secondes la sortie de l’espace métro ; escalator puis enchainements de musiques de magasins, bruits de pas, de voix, de café ; vers 2min30, porte qui grince et passage en extérieur de la place basse, coupure de la réverbération, rumeur urbaine au loin, rares voix, pas, pigeons ; montée de l’escalier extérieur vers le niveau -1 (bruits de chantier) ; vers 4min25 retour en intérieur, escalator et sortie porte Rambuteau à côté du chantier.
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