Cette recherche se propose de travailler sur les rapports qu’entretiennent l’art et l’architecture dans des projets urbains situés. Ces rapports seront étudiés au travers des modalités sensorielles qu’ils convoquent (lumière, son, matière, etc.) aussi bien pour des interventions « matérielles » que pour des interventions numériques.
Co-orgnanisée avec plusieurs instituts scientifiques et artistiques italiens, belges et français, cette recherche se compose en un séminaire/workshop dans chacun des trois pays. C’est la deuxième phase qui est ici présentée :
une installation sonore publique dans la Briqueterie du Touillard à Ciry-le-noble (71) – Bourgogne – France
(Ecomusée de la communauté Le Creusot – Montceau–les-Mines)
L’intervention du Cresson s’est déroulée en 2 parties : tout d’abord la composition d’une installation sonore dans le site de la briquetterie, puis une enquète auprès des visiteurs sur leurs réactions & perceptions de cette installation.
Le processus de composition lui-même s’est passé en plusieurs phases : exploration du site, recherche d’élèments sonores & tests de l’acoustique des lieux, composition proprement dite en studio 8 pistes puis installation & ajustement de la bande-son sur le site.
Les enregistrements présentés ici tentent de retracer l’ensemble de ce processus avant de proposer une réduction stéréophonique de la bande-son originale.
Index
01 – Approche 1min50s
Petit parcours en guise d’introduction, où l’on entend quelques-uns des sons caractéristiques qui vont nous accompagner tout au long du projet : un décor campagnard & printanier, un léger vent dans les bonnettes, des voix, des manipulations de vieilles machines et les différentes textures de sol que les pas font sonner (herbe, gravier parsemé de débris de tuiles, plancher de vieux bois, escalier en fer,…)
I – Présentation du site
02 – Visite guidée 2min04 s
Extrait de la visite guidée sous la conduite et les commentaires de Patrice Notteghem, directeur de l’écomusée du Creusot-Montceau. Nous pénètrons dans le grand four central.
03 – Atelier AFPA 1min54s
Extrait de la visite de l’atelier AFPA (Association pour la formation professionnelle des adultes) qui travaille au chantier de rénovation du site. Discution avec un responsable de la formation, sur fond d’activités de l’atelier.
04 – Paroles d’ancien 3min24s
Extrait du parcours commenté de M.Bergeron, qui fut ouvrier de l’usine dans sa jeunesse. Tout en parcourant le site, il nous raconte, avec son truculent accent bourguignon, quelques étapes de l’histoire de l’établissement.
II – microphonies & fabrique d’objets sonores
Dans la partie atelier de fabrication de l’usine, là où la terre arrivait, était broyée et mise en forme avant d’être expédiée vers les fours. Les deux preneurs de sons s’appliquent à enregistrer au plus près, en les manipulant, lorsque c’est possible, les différentes machines.
05 – wagonnets et briques branlantes 1min06s
Deux wagonnets sur leurs rails, le premier vide, qui roule et va s’arrêter contre son butoir, le second chargé de briques qui tremblent à la butée.
06 – coupoirs 1min11s
Les claquements secs des coupoirs à céramiques.
07 – geste sonore 0min24s
Il s’agit ici d’enregistrer un « objet » sonore isolé.
08 – broyeuse et accident du travail 1min26s
La machine à broyer la terre, où l’on entend l’effort des muscles pour mettre en branle les engrenages, enregistrée en glissant les micros au coeur des rouages, jusqu’à ce que le fil de l’un d’eux se trouve pris par la mécanique.
FX : coupure
III – tests en site
Cette série de tests consiste à faire sonner les différents espaces du site afin d’en repérer les potentialités à la fois acoustiques et topographiques. Pour ce faire on y diffuse divers enregistrements retenus pour leur spectre acoustique plutot que pour leur lien avec la thématique de la fabrique.
09 – baleines au four 1min43s
Ici, un haut-parleur placé dans le grand four diffuse en direction des carneaux et la grande cheminée des bruits colorés de la mer et des fréquences émergentes à longue portée de chants de baleines. Enregistrement jusqu’à l’intérieur de la cheminée (effet de réverbération et saturation), puis effet de coupure et émission d’une fréquence pure.
10 – basses fréquences dans les carneaux 1min13s
Tandis que des ouvriers de l’AFPA travaillent non loin, on se retrouve dans la salle de la chaudière où aboutissent les carneaux et on constate que ceux-ci transportent principalement des basses fréquences.
11 – rencontre ethnologique 1min49s
Ce jour-là rencontre, près d’un four à baleine, avec une étudiante en ethnologie qui fait une enquète sur le site. Cette discussion donnera lieu au parcours commenté de M.Bergeron.
12 – enchainements 2min27s
Parcours de la longue perspective des fours les plus récents dans laquelle sont diffusés des sons-test. La séquence est imprégné par le rythme des pas sur un sol parsemé d’éclats de céramique. En fin de séquence on revient vers le grand four central dans lequel une voix réverbérée chante du simili-grégorien.
FX : reverb
13 – rampe 2min08s
Toujours à la recherche des sons du lieu, quelqu’un brise des bouts de vieilles tuiles, tandis qu’on remonte la grande rampe qui donne accès au premier étage de l’atelier. Au sommet de la rampe, un haut-parleur diffuse des sons d’océan.
IV – parcours & visites
14 – sirène-échos 0min26s
L’installation prête et disposée sur le site, on procède à quelques vérifications et ajustements.
Enregistrement de la sirène depuis le premier étage de l’atelier.
15 – panorama nocturne 1min52s
Dans la nuit précédant l’ouverture au public, enregistrement depuis la partie centrale à l’arrière du bâtiment. Sur fond de grillons et d’oiseaux nocturnes, on entend gronder le feu dans le grand four central, des bruits de mécanique du côté de l’atelier et un petit coup de sirène.
16 – le tunnel entre nature et culture 0min57s
Parcours depuis le champs à l’arrière du bâtiment, vers le petit couloir qui le relie à l’avant et à la zone des fours modernes.
FX : rétrécissement
17 – K01-premier parcours 4min17s
Enregistrement en mouvement de l’installation en site, à un moment calme de la partition. On reconnait au début un extrait de la première séquence (approche), filtré par le système de diffusion. Ensuite, les sons diffusés se mèlent aux sons réels (pas, voix, passages de véhicules sur la chaussées mouillée, train, avion…) créant un effet de mixage et d’ubiquité, et semblent parfois étrangement dialoguer avec eux : vers 2 minutes, au sifflet lointain d’un train répond un coup de sirène (effet d’enchainement), plus tard, le passage d’un avion s’intègre au frondement du four…
FX : mixage – ubiquité – enchainement
18 – K08-second parcours 5min05s
Parcours d’un pas précautionneux qui révèle les textures de sol ; depuis l’atelier où les machines s’agitent, on passe devant la salle de la chaudière où palpitent les basses fréquences amenées par les carnaux ; au loin sur la route s’approche le vrombissement de deux cyclomoteurs qui croise le passage d’un train de marchandise ; un effet de coupure marque le passage dans la salle traversante vers l’arrière du bâtiment ; là émergent peu à peu les chants des grillons & des oiseaux, tandis que le son de l’atelier & des fours est mis à distance ; la séquence s’achève par un coup hésitant de la sirène, comme le cri d’une baleine blessée, symbole de cette usine à l’abandon…
FX : mixage – ubiquité – coupure
19 – K09-mixages moteurs 2min16s
Séquence présentant plusieurs bruits de vrombissement de moteurs : le premier trés répétitif, marquant l’époque de l’ automatisation, une légère coupure qui laisse apparaitre quelques voix, puis un second vrombissement, plus proche du palpitement, auquel vient se méler, pendant l’enregistrement, le passage d’un avion de tourisme qui renforce le grondement.
20 – K22-fusion 0min53s
A l’arrière du bâtiment, sur fond de grillons, de vent dans les feuillages & du palpitement du coeur du feu, on entend la voix de M.Bergeron, colorée par le système & l’espace de diffusion, expliquer la fusion de la brique ; cette voix elle-même semble fusionner avec l’ensemble du paysage & de l’espace sonore.
FX : coloration – mixage
21 – visite publique vers 20mn – atelier 2min33s
Visite de l’atelier par un groupe de visiteurs, sous la conduite & les explication d’une guide ; chacun y va de ses commentaires & anecdotes. Pendant ce temps, au premier étage, les machines font un boucan du diable pour évoquer l’activité dans cet atelier, mais personne ne semble y préter attention, à peine peut-on noter une variation dans l’intensité des voix selon l’intensité du bruit.
FX : créneau – masque – anamnèse
22 – visite publique vers 26mn – chaudière 1min35s
Visite de la salle de la chaudière. Le carnau amène un continuum de basses fréquences sur lequel s’inscrivent les voix de la guide et des visiteurs ; c’est lorsqu’il se suspend un instant que l’on entend la réverbération de la salle bétonnée.
FX : bourdon – réverb
23 – visite publique vers 38mn – four 3min38s
Visite du côté du four n°2 à un moment où la bande-son est en pleine activité industrielle. La bande-son à ce moment-là est un mixage de sons d’une briquetterie contemporaine. On sent que la guide doit à certains moments forcer sa voix pour se faire entendre.
FX : créneau
24 – le sonneur de tuile 1min38s
Succession de deux fois le même extrait, le premier issu directement du montage son & le second enregistré sur le site où le son est dispersé dans l’espace. La composition elle-même vient d’une anecdote de M.Bergeron qui racontait qu’on pouvait, à l’oreille, reconnaitre si une brique ou une tuile était bien cuite ou non. De fait les sons utilisés sont ceux de différentes tuiles trouvées sur place. L’aspect musical est un clin d’oeil à la question qu’on nous a souvent posé tout au long du travail & à laquelle on a dû répondre « non, ce n’est pas de la musique qu’on va diffuser… » — quoique…
V – Bande-son (réduction stéréo)
25 – Ciry la suite 49min
Conçue comme une installation sonore, la bande-son originale a été composée sur 8 pistes, diffusées par 8 haut-parleurs répartis sur le site. Il s’agit donc ici d’une réduction audio : de l’octophonie on passe à une bi-phonie, l’objectif étant de produire un fichier audio stéréo diffusable / écoutable sur un système hifi ordinaire.
Cette réduction implique plusieurs conséquences :
– La notion de l’espace sonore est radicalement différente (applatissement ?) et par conséquent celle de la temporalité puisqu’il ne s’agit plus de parcourir à la fois à la fois le son et le site mais de laisser le son se dérouler frontalement.
– Les différentes séquences installées ne pouvant plus être linéaires ni topologiques, il faut donc essayer de les les métaboliser : en offrir des occurrences multiformes au cours de l’audition, comme des thèmes & développements…
– Le parcours commenté intervient de manière plus présente, comme s’il y avait un besoin d’être plus informatif sous ce format audio que dans l’installation sur site (sans doute une inflexion vers la forme radiodiffusion… ?)
– Essayer de faire qu’à chaque instant on se (re)trouve dans une ambiance ; s’acheminer d’une écoute focalisée vers une écoute flottante : on baigne dans une ambiance. A partir de 15/20 mn… la longueur devient manière d’user la concentration de l’auditeur afin de souligner/manifester la spécificité d’une installation par rapport à d’autres formes d’écoute.
Recomposition provisoire des (con)séquences :
(ou bien les marqueurs n’indiquent pas nécessairement une plage (piste isolable) mais sont posés comme des jalons autours desquels se cristallisent des thématiques)
– silence (l’importance du silence initial pour créer une situation d’ad-tente)
– sirène (dimension physique : le son à l’échelle du territoire -> dimension signalétique (effet d’émergence) -> dimension symbolique (liaisons bateau-mer…) -> dimension référencielle (vancouver effet d’imitation ou citation)
– sables (terre matière grain / sablier du temps)
– pas (présence / proche lointain : effet da vinci
– mémoire (personnelle de celui qui raconte, liée à celle du site & à l’histoire qui dépasse le témoin particulier – il confond déjà le début XXème & le début XIXème… !)
– chemin de fer (objet sonore qui ponctue/articule le discours & l’histoire industrielle)
– fusion (des éléments sonores – le sable devient feu – la voix-étalon décrit & génère un autre espace…)
– Ryhtme-production (effet d’(a)synchronie – ou les limites de perception d’une forme organisée…)
– parcours singulier
– représentation
– les briques (séquence d’articulation entre la matière (terre-eau) & l’abstrait (« on le voit : la sonorité n’est pas pareille… »)
– vacarme (chacun se demande comment sonnait réellement l’atelier / chacun imagine un son à la vue des machines / au su des histoires / effet de phonomnèse)
– accident du travail (fx coupure radicale : quand on se prend les fils du micro dans les rouages on peut y laisser ses oreilles)
– basse-carneau
– avenir (entre les fx réverb / chorus / echo & répetition)
– archéologie sonore
– électrification (changement radical d’environnement sonore & d’époque (hier/aujourd’hui)
– pause (autre sirène (electrique) / lent rallentando des machines & de l’activité
– filières
– le sonneur de briques
– la figure du touriste ?
– pavane
bonus :
Conférence de René Farabet (créateur des Ateliers de Création Radiophonique sur France-Culture), lors du workshop Arch/art organisé à Montceau-les-mines autour de l’installation sonore de Ciry-le-noble.http://cressound.grenoble.archi.fr/son/ciry/R_FARABET_leCREUSOT2004.mp3
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