Cette sélection de 10 séquences anecdotiques illustrent le thème de la communication interpersonnelle à partir du médium sonore, entendue comme la communication verbale (en laissant de côté la part linguistique signifiante), la communication vocale non langagière et la communication sonore non verbale (gestes sonores directs ou indirects).
On y trouve 4 situations types:
– situation de masquage où la communication disparaît par le fait de l’environnement sonore;
– situation d’adaptation où même difficilement la communication interpersonnelle subsiste;
– situation de mixage où le sons de la communication et ceux de l’environnement s’interpénètrent;
– situation de création où les sons de la communication façonnent le climat sonore.
Les enregistrements ont été réalisé dans divers types d’espaces : grand ensemble, coursive, immeuble de cité, grands boulevards, marché, chantier, cour d’immeuble ancien.
Cette sélection de séquences est au centre du protocole d’enquête, elle compose la bande-test livrée à l’écoute des interviewés.
Ces extraits sonores accompagnent le rapport de recherche cresson n°07 :
01 – Enfants dans une cité à oullins (mamaaan !) 1min 04s
Scène tout à fait habituelle dans les grands ensembles : des enfants jouent sur l’espace public au pied des immeubles. L’un d’eux se met à appeler ; on distingue « maman » avec une intonation très lyonnaise. Les appels sont repris… sans réponse. Pourquoi la mère répondrait-elle ? Il lui suffit d’entendre les enfants ; sa sélectivité, malgré le bruit routier moyen mais soutenu doit bien valoir celle du microphone.
02 – Enfants et mère dans une coursive de l’arlequin0min 57s Dans une coursive de l’Arlequin trois enfants rentrent chez eux en parlant. Leurs appels s’adaptent à la réverbération très « tonneau ». Une mère sort de l’appartement pour voir son enfant. Echanges verbaux. la mère, algérienne, se retourne vers le preneur de son (passage à une sonorité mate).
03 – Appels dans une cité (juliette et romeo)0min 44s Dans la cité Mistral, à Grenoble, un jeune appelle d’en bas quelqu’un qui habite au 10ème étage ; une petite conversation s’instaure du 10ème au rez-de-chaussée mais, les mots se réverbérant, les phrases sont courtes, monosyllabiques avec des temps plus longs que d’ordinaire entre les segments de phrases, s’adaptant ainsi au bruit de fond de l’autoroute et à la réverbération ambiante de la cité.
[Effets sonores] Réverbération – Staccato
04 – Dialogue à mistral (le masque de l’intime)1min 12s Lors d’une campagne prises de son dans la cité Mistral de GRENOBLE, une habitante discute avec le preneur de son. Ils devisent chemin faisant. Elle évoque l’ancienne cité où tout allait mieux. Parfois l’environnement sonore ponctue ou même commente son récit. Un camion arrive. Le preneur de son moins habitué, monte la voix le premier. L’habitante s’interrompt un instant, au moment di pic d’intensité puis reprend au vol, comme si rien ne s’était passé, sur l’adjectif « … intime (…)
05 – Une interview improbable1min 39s
Deux enquêteurs du C.R.E.S.S.O.N., bardés de casques, micros et magnétophones, font des prises de son dans l’habitat bordant les grands boulevards très bruyants de GRENOBLE. Deux ménagères, cabas à la main, croyant qu’il s’agit là de techniciens mesurant les nuisances sonores, les abordent. Le dialogue est mené péniblement, les mots sont emportés par les vagues des accélérations automobiles. L’intelligibilité est incertaine.: à la même question, l’un répond « oui », l’autre « non ». Il faut forcer la voix, on se fatigue. Très vite, on ne peut plus parler.
[Effets sonores] Lombard – Masque – Mur – Vague
06 – Sur le marché1min 32s
Dans cette série de réactions, l’environnement est privilégié (cité en premier) par rapport à la communication (« drône sur lequel se greffe de la communication »). L’identification d’un lieu de commerce, puis d’un marché, se fait d’elle-même sans indication particulière de la part de l’enquêteur.
[Effet sonore] Métabole
07 – Siffler en travaillant1min 59s
Sur un chantier de réhabilitation aux sonorités bien typiques, un maçon se met à siffler quelque part puis s’arrête. Plus près, un autre, après une minute, se met à siffler « Limelight ». Presque en même temps, le premier siffle le même air dans le fond du chantier, puis continuera tout seul à la fin.
08 – “Bobby” 2min 00s
Dans une cour du vieux quartier de Saint-Laurent à Grenoble, et dont une partie ouvre sur la colline, deux adolescentes discutent et appellent à plusieurs reprises leur chien » Bobby ». Elles le font avec des intonations semblables et par une sorte de doublure mutuelle des voix. Voix, aboiements du chien, boîte de biscuit trainant sur le sol, tout cela fait admirablement sonner la cour.
09 – La sonnette de la cours à st laurent1min 17s
Comme souvent les mercredi après-midi, une volée de gamins entre dans la cour, et va dans tous les sens : sur la colline aussi, et sur le toit du muret qui coupe la cour. Ils commencent à tirer une cloche restée là près de l’ancienne porte. Une petite vielle sort à la fenêtre, les engueule. D’autres fenêtres s’ouvrent. On jette en bas deux bassines d’eau toute prêtes ! Les gamins se sauvent en courant et en se moquant des gens de la cour qui continuent à rouspéter. Un gosse a encore le temps de tirer la cloche avant de sortir.
10 – Déchant pour walkman1min 56s
Une adolescente et son jeune frère (8ans) écoutent chacun par casque le même Walkman. Ils fredonnent inégalement et avec une voix mal contrôlée (sauts brusques) l’air entendu (jeune groupe anglais. Au refrain, ils se mettent tout à coup à choisir, dans l’harmonie assez modale, chacun son motif et dans sa tessiture qu’ils ne quitteront plus jusqu’à la fin, malgré les diverses reprises. Interrogés, ils affirment ne s’être pas entendus mutuellement.
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