ferro_audio

présentation des enregistrements

La Portée ferroviaire est une recherche exploratoire sur la dimension sonore des gares, des quartiers de gares et des réseaux ferroviaires européens à travers l’observation ethnographique et l’analyse des représentations que s’en font leurs usagers, leurs riverains et leurs personnels.

Plusieurs terrains ferroviaires ont été choisis : Annot (sur la ligne du Train des Pignes en Haute-Provence), les gares de Bruxelles, d’Hendaye, de Madrid Puerta de Atocha, de Marseille Saint-Charles, de Paris-Nord et de Venise Santa-Lucia. Ces lieux ferroviaires ont été retenus pour leur appartenance à des régions européennes différentes, pour leurs dimensions et leurs fonctions différentes, pour la variété des matériels qui y circulaient. Une attention a été portée sur les gares de Cologne et de Londres. La méthodologie pour préciser l’identité sonore de chaque gare, quartier et réseau a été la suivante : La sélection de chaque terrain a été précédé d’une enquête « phono-réputationnelle » en faisant appel à la mémoire et à l’expérience sonore d’usagers et de non-usagers, de riverains, de cheminots et d’informateurs. Les entretiens ont été libres ou semi-directifs (enquête « phono-réputationnelle »).

Les 40 enregistrements sonores constituant cette recherche ont été effectués par la suite et réunis en plusieurs « bandes sonores test », qui contenaient une majorité de fragments locaux ainsi que des fragments provenant d’autres gares, quartiers ou réseaux. Ces bandes ont été présentées à une nouvelle série de personnes pour des « entretiens sur écoute réactivée » (EER) : les fragments étaient alors écoutés – en condition acousmatique, différée et hors contexte –, commentés en temps réel par les interviewés et enregistrés. Le croisement des différents niveaux d’enquête a permis de constituer un fichier de « cartes d’identité sonore » et de dégager un certain nombre de critères qualitatifs pour approcher cette identité pour chaque gare, quartier et réseau.

Les prises de son ont toutes été effectuées de début 1994 jusqu’en 1997
.

Ces extraits sonores accompagnent le rapport de recherche cresson n°45 :

La portée ferroviaire : ambiances sonores des gares européennes

Index

01 – Tennis sur les voies  Paris-Montparnasse – 01min 48s
Le Jardin de l’Atlantique a été aménagé sur la dalle qui recouvre maintenant les quais. D’étonnants effets sonores y sont repérables, qu’on y séjourne ou qu’on s’y déplace. La dalle n’atteint pas les façades des immeubles qui la dominent, de nombreuses trémies recouvertes d’une grille ou d’une structure métallo-textile laissent passer, ou même rabattent localement les sons ferroviaires de Montparnasse 1 (quai transversal et quais au niveau des motrices) et l’activité du hall transversal de Montparnasse 2. De nouvelles activités sont désormais perceptibles sur la dalle : courts de tennis, jardins d’enfants, cascades…. Le fond sonore reste, de façon plus ou moins discrète selon les horaires, l’activité de la gare. On a là un paradigme de ce que pourraient être les alentours des gares urbaines de demain, pour lesquelles des projets de couverture sont parfois proposés.
Mardi 220797 à 14h45. – À comparer avec PF-25 et 26.

02 – Boucles artificielles  Grenoble – 01min 25s
Plusieurs mouvements de trams sont captés sur les quais de leur station (Gares-Europole) (cloches, thyristors, etc.), sur fond de rumeur urbaine, de circulation automobile et ferroviaire (freinage d’une diesel). La présence humaine est faible au premier plan.
Vendredi 0295 à 10h. – À comparer avec *AP-37 (Gênes : Caricamento).

[Effet sonore] Directionnalité, écran, masque, profondeur.

03 – Un Gros bourdon  Venise Santa Lucia – 01min 31s
Sous la marquise du parvis de la gare Santa Lucia, face au Canal Grande, la volée des 2 cloches de l’église de S. Simeon Piccolo (sur l’autre rive) se mêle à la circulation motorisée locale (passages et manœuvres des motoscafi, vaporetti, taxis, etc.) et à la voix des voyageurs en transit. Un sonal et une annonce proviennent du hall.
Mercredi 091194 à 17h30 – À comparer avec PF-15.

04 – La Foire aux voitures – Grenoble – 01min 22s
L’importante animation de la place de la gare est captée sous sa marquise extérieure, en heure de pointe. Ce sont les sons automobiles qui dominent : taxis, véhicules particuliers, autocars, avec claquements de portières, klaxons (italiens), crissements de pneus et démarrages énergiques. La présence humaine et la communication interpersonnelle sont également importantes (brouhaha, rires, gaieté, déplacement de valises à roulettes, frictions, etc.). Aucun son strictement ferroviaire n’est audible.
Février 1995 vers 18h.

[Effet sonore] Rythmicité, profondeur, composition.

05 – Traversée sans urgence – Madrid Atocha – 02min 50s
Parcours depuis l’ancienne entrée principale de la gare (côté plaza del Emperador Carlos V) jusqu’à l’espace-quais. On part du parvis aménagé en contrebas de la circulation et passe successivement par un sas entre deux portes automatiques, le jardin exotique (deux régimes d’aspersion automatique, sonnerie téléphonique insistante, terrasse de cafétéria…), le hall transversal entre deux portes automatiques (avec une musique d’ambiance) ; en arrivant dans l’espace-quais, les moteurs d’un Talgo-III, perceptibles avant même l’ouverture des portes, deviennent prédominants.
Vendredi 161294 à 11h55.

06 – Entonnoir  Paris-Nord – 01min 33s
On est d’abord en point fixe dans le hall transversal sous le panneau de télépancartage, près d’un quai où arrive un TGV, qui finit par dominer dans la halle. On se déplace vers la place Napoléon‑III, et cette ambiance est rapidement remplacée par la circulation automobile sur les pavés.
Jeudi 060194 à 11h50.

07 – Gare festive  Cologne – 02min 03s
C’est le jour du Zug (défilé) du Carnaval (Rosenmontag) à Cologne, qui fait le plein de monde à cette occasion, comme sa gare, les fêtards empruntant les trains locaux, régionaux et internationaux. On déambule entre le hall et les galeries marchandes, où dominent les bars et les restaurants. Des morceaux de musique techno sont diffusés par un puissant lecteur de disque transporté par des jeunes gens, qui déambulent aussi avec les instruments de musique dont ils ont joué dans les rues (grosses caisses et tambourins). Le brouhaha est énorme, cacophonique, on crie. Les espaces sont plus ou moins fréquentés, les changements de volume des espaces sont repérés quand change le temps de réverbération. Le grondement de la dalle de la halle supérieure au passage des trains et les annonces masquées rappellent que nous sommes bien en gare.
lundi 270295 à 15h30. – À comparer avec *AP-17 (Brest) et 26 (Barcelone).

08 – Pas pressés  Grenoble – 01min 29s
On se situe dans le passage transversal sous les voies de la gare, qui dessert les quais et relie pour les piétons le centre de Grenoble au nouveau quartier d’affaires d’Europole. Ce lieu est très prisé par les amateurs de roller et de skate-board. Les pas réverbérés entendus sont plus ou moins pres­sés. Les trémies des escaliers perpendiculaires au couloir laissent passer les sons d’une motrice électrique au ralenti et rappellent la gare. Le passage d’une automobile signale que la ville n’est pas loin.
Vendredi 0295 à 17h45. – À comparer avec *AP-01 (Anvers).

[Effet sonore] Perspective, vague (pas qui redoublent et s’enchaînent), crescendo-decrescendo, enchaînement, profondeur, répulsion-phonotropie négative.

09 – Prends garde à toi  Paris-Nord – 33s
Enregistrement à travers une enceinte de contrôle de l’annonce « pickpockets » trilingue dans le PC du chef de gare. L’annonce est précédée par le sonal TGV.
Lundi 200694 vers 11h.

10 – Élise et le grondement – Bruxelles-Central – 01min 22s

Enregistrement effectué dans le hall supérieur, en haut des marches vers les quais souterrains. La dominante minérale locale procure un temps de réverbération élevé. La ventilation et le grondement des trains qui entrent dans le souterrain, deux niveaux plus bas, est perceptible. L’annonce sans sonal (en flamand ?) est peu intelligible. Une musique ambiante est diffusée à bas niveau (Lettre à Élise). La dominante sonore est verbale : des langues étrangères, des rires d’enfants, etc.
Mercredi 220295 vers 16h. – À comparer avec PF-26 et 27.

11 – Sons porteurs – Venise Santa Lucia – 01min 28s
Dans le hall de Santa Lucia, les rabatteurs (procacciatori) des hôtels locaux et des transporteurs échangent des propos assez vifs, quelquefois des jurons vénitiens, à propos de leurs méthodes de travail et de leurs territoires respectifs (cette dispute a duré une quinzaine de minutes…). Le télépancartage cliquette. Une motrice tourne au ralenti sur les quais, l’avertisseur d’une rame retentit. L’annonce pour un train régional est précédée par le sonal local.
Lundi 071194 à 15h35. – À comparer avec PF-07, 18, 24 et *AP-04, 23 et 38.

12 – Balance gratuite – Grenoble – 01min 21s
Cette séquence a été enregistrée au milieu du hall (qui a été réaménagé depuis). La forte dominante sonore verbale rappelle qu’on est en heure de pointe, les gens sont pressés, les guichets tous investis (nombreux échanges à mi-distance, imprimantes à aiguilles — « le ronronnement des ordinateurs, assez désagréable » —, etc.). Le compostage et les pas sont très émergents. La sonorisation du hall, qui n’a pas été éteinte, émet des larsen. Quand les portes vitrées automatiques s’ouvrent, on entend des bouffées de la circulation routière sur la place de la gare.
Février 1995 à 17h30. – À comparer avec *AP-38.

13 – Prego ! – Venise e Santa Lucia – 02min 10s
Plusieurs échanges à l’un des guichets. Les micros sont placés de part et d’autre de l’hygiaphone, ce qui permet d’entendre, outre les sons de la transaction (monnaie, papier…), l’ambiance qui règne à l’intérieur de la salle des guichets (autres échanges, discussions entre agents, imprimantes…) et celle qui règne dans le hall (dispute entre intermédiaires, moteurs de motoscafi…). Une cliente, qui intervient au milieu du fragment, est connue du vendeur ; plusieurs clients sont étrangers. Vendredi 111194 à 12h15.

[Effet sonore] Attraction (langue italienne), couplage, enchaînement, hyperlocalisation (pièces de monnaie), répétition, reprise, répulsion (négoce).

14 – Retraite – Marseille St-Charles – 01min 27s
Parcours depuis le hall inférieur de la gare (Départs) jusque dans le local des Réservations en franchissant les portes coulissantes automatiques. On perçoit une forte coupure sonore, une matité importante, toutes les dimensions de l’espace paraissent rétrécies. Au signal d’appel, les clients se rendent aux guichets sans séparation, où les échanges se font sans élever la voix, malgré l’impressionnant tapage des imprimantes à aiguilles (remplacées depuis), la musique d’attente et les conversations dans l’espace d’attente.
Vendredi 120595 à 17h20.

15 – Un Bazar qui cloche  Madrid Atocha – 01min 57s
À la terrasse d’une cafétéria dans l’ancienne halle de la gare transformée en jardin exotique intérieur, on entend des conversations (sur l’AVE, qui va « como un avión »), et successivement le sonal Grandes lignes propre à Atocha, une annonce presque inintelligible (« Valencia ») et un parasite d’extinction. L’aspersion automatique du jardin passe à un régime plus doux. Puis 20h sonnent à la cloche locale intérieure.
Mercredi 141294.

[Effet sonore] Attraction, bourdon, décalage, enveloppement, immersion, intrusion ou irruption (cloches), masque, phonotonique (début), reprise (sonal et cloche), répulsion (rare), réverbération, suspension.

16 – Un Certain tempo – Marseille St-Charles – 01min 55s
Cette séquence est enregistrée dans le hall supérieur de la gare (Arrivées), au fond de la gare et sous la marquise de verre et métal. Au départ, on entend un automate en gros plan. Puis de nombreux sons techniques (coups de sifflet, sonnerie de quai intermittente, compresseur et souffles de TGV-PSE, télépancartage, chariot à bagages et klaxon…) et plusieurs annonces et appels de service sur différents plans, plus ou moins intelligibles, avec ou sans sonal. Malgré l’importante présence vocale, « l’électronique et les machines ont plus leur place que les humains, pas très présents directement ». Dans ce fragment « sans rythme précis », l’auditeur note cependant une « certaine harmonie entre les sons : chaque son se suit, [il n’y a] pas de mélange qui donne le chaos ; de temps en temps le fait d’entendre des pas, des gens qui parlent ou même le TGD donne un certain tempo ».
Vendredi 120595 à 16h50.

17 – Bonne ambiance – Paris-Nord – 01’26
Une sonnerie d’alarme de quai retentit en permanence. Après leur sonal caractéristique, deux annonces se succèdent : la première, enregistrée, diffusée avec deux niveaux d’intensité ; la seconde, en direct, pour le retard du départ d’un train. La fréquentation est moyenne, quelques passants sont étrangers (Anglais). Une alarme s’est déclenchée. Le souffle de la ventilation de la gare (placé au-dessus de la CEX) fait fond.
Jeudi 060194 à 16h30.

[Effet sonore] Attraction-répulsion, bourdon, décalage (sonnerie), émergence, enveloppement, mixage, perdition, phonomnèse, reprise (sonal), réverbération.

18 – Retrouvailles – Bruxelles-Midi – 02min 28s
Sortie par le hall Eurostar, très feutré, des passagers d’un Eurostar en provenance de Londres. Retrouvailles d’un homme d’affaires flamand avec sa famille et son chien. Une maman inquiète de ne pas retrouver son enfant « commence à avoir des palpitations ». La langue anglaise est très présente, la musique ambiante est diffusée à un niveau très bas, la ventilation mécanique souffle. Les plaques métalliques au sol, qui matérialisent la « frontière », sont rainurées et mettent en relief les pas et le roulement des valises.
Dimanche 260295 à 18h30.

19 – Claquements feutrés – Londres Charring cross – 02’10

Sur ce quai entre 2 voies de cette gare terminus, on entend le ralenti d’une motrice électrique. Les voyageurs se rendent dans les compartiments des voitures, chacun étant muni de portières donnant directement sur l’extérieur. Au signal, les portières claquent et le train démarre. Une annonce égrène la liste des gares desservies. Une motrice tourne au ralenti.
Jeudi 020395 à 18h00. – À comparer avec *AP-28.

[Effet sonore] Anamnèse, attraction, enchaînement, harmonisation, répétition, stochastique, vague.

20 – L’Heure des zombies – Madrid Atocha – 01min 47s
On est en heure de pointe dans l’espace-quais souterrain de la gare de banlieue d’Atocha, sur une passerelle en béton dominant les voies. Une ambiance musicale est diffusée. Successivement arrivent et stationnent plusieurs rames. Le sonal, différent de celui des Grandes lignes, est suivi par une annonce répétée indiquant aux voyageurs un changement de quai pour l’avarie d’une rame. Le piétinement des usagers est audible à la fin du fragment.
Lundi 191294 à 8h25.

[Effet sonore] Enveloppement, gommage (musique), répulsion et synecdoque (annonce), réverbération.

21 – Tout le monde s’en va – Cologne – 01min 48s
Sous la halle de la gare principale (Hauptbahnhof), toute de verre et de métal, la sonorisation diffuse 3 annonces de départ, précédées par un sonal, sur des quais différents, dans une réverbération au taux élevé. Les coups de sifflet des chefs de quai sont quasiment synchronisés avec ces annonces. Un engin de transport de bagages passe, les trains démarrent, une rame entre en gare.
Lundi 270295 à 16h.

22 – Personne avec son mouchoir!  – Madrid Atocha – 01min 13s
En bout de quai, encore sous l’immense halle hypostyle et les marquises, on entend de façon omniprésente le moteur diesel au ralenti d’un TALGO-III, qui prend son départ après le coup de sifflet du chef de quai et la réponse du mécanicien par un coup de trompe. L’engin s’éloigne, accélère, puis le silence revient dans l’espace-quais.
Vendredi 161294 à 15h45. – À comparer avec *AP-44.

[Effet sonore] Anticipation, bourdon, decrescendo, enchaînement, enveloppement, mur, phonoleptique, répulsion, réverbération, suspension.

23 – Quais sans stress – Lille-Europe – 05min 32s
Cette gare d’Interconnexion sur la LN2 reçoit les TGV de tous les types, dont les Thalys et les Eurostar. Certains TGV directs y passent parfois à vitesse élevée. Les rails soudés sans aiguille ne laissent entendre aucun poinçonnement.

Un TGV-R fait halte dans cette gare aux grandes dimensions, dont les quais sont desservis par des coursives supérieures. L’animation sonore passe par un climax en partant d’une ambiance quasi vide où seuls émergent le bourdonnement de la ventilation et les annonces, émises avec le sonal TGV, parfois accompagnées d’un pré-écho lointain qui indique un dispositif de spatialisation sophistiqué. À l’arrivée de la double rame, les radios des agents grésillent entre la cabine et le quai, l’ambiance de retrouvailles entre les voyageurs, dont certains sont étrangers, paraît détendue (« chaleur », « plaisir calme de se retrouver »). Puis le quai retrouve son calme. N.B. : La durée de cette séquence a été réduite d’une minute environ en supprimant les moments qui nous paraissaient moins signifiants.
Lundi 1094 à 19h30.

24 – Cadeau 1 – Annot – 01min 32s
C’est la pétanque estivale en fin d’après-midi qui réunit locaux et vacanciers. On joue à même la voie gravillonnée (goudronnée depuis), entre les rails. La radio provient du buffet voisin. Les joueurs s’écartent à peine quand la rame entre en gare, les passagers descendent. L’un des joueurs (avec un accent du Nord) offre une tournée.
Dimanche 210894 à 18h45. – À comparer avec *AP-09.

[Effet sonore] Anamnèse, phonomnèse, attraction, enchaînement, enveloppement, phonotonique, rémanence.

25 – Mélange détonnant – Madrid Atocha – 01min 43s
Rue General Lacy, les quais de Puerta de Atocha sont occultés par un mur d’environ 3 m de hauteur. Outre les sons de la circulation routière et de l’animation locale, on entend le moteur au ralenti d’un TALGO-III et une annonce Grandes lignes incompréhensible, renvoyés par les marquises de quai et la monumentale couverture qui domine tout l’espace-quais. Une association locale de riverains lutte depuis 1993 pour obtenir la construction d’une protection antibruit.
Mercredi 141294 à 11h. – À comparer avec *AP-40 et 49.

[Effet sonore] Bourdon (moteur), immersion, intrusion, mixage, mur, perdition, répulsion, réverbération.

26 – Métissages ferroviaires – Paris-Nord – 01min 48s
Le viaduc J.-F. Lépine est emprunté par le métro et les automobiles pour franchir les voies de la gare du Nord, à environ 500 m du quai transversal. Se mixent les oiseaux, les automobiles, les moteurs d’un TGVR en attente et des annonces préenregistrées (à 2 niveaux) accompagnées par un flutter-écho (halle de la gare et façades des immeubles dominant la tranchée ferroviaire), parfois masquées par le grondement des rames de métro sur le viaduc (ligne Nation-Étoile par Barbès) ; une rame RIO sort à vitesse élevée du tunnel de la gare souterraine. Les piétons entendus sont d’origine africaine.
Dimanche 190694 vers 16h. – À comparer avec *AP-40 et 49.

27 – Grondements supérieurs – Bruxelles-Midi – 01min 45s
Passage d’une ambulance (ou d’une voiture de police) sous le viaduc de la Jonction, puis de 2 trains au-dessus, sur plusieurs plans de circulation routière.
Mardi 280295 à 11h30. – À comparer avec *AP-40 (Sopraelevata) et 49 (viaduc de la Joliette).

[Effet sonore] Doppler, vague

28 – Heavy métal – Bruxelles-Nord – 02min 05s
Flot quasi incessant de rames électriques aux abords de l’entrée Nord de la Jonction. Les rails ne sont pas soudés et les appareils de voie nombreux. La dernière rame (éléments Break type 1980) cliquette beaucoup.
Le 050294 à 10h30. – À comparer avec *AP-03, 22, 42 et 50.

[Effet sonore] Intrusion, mur, répétition, répulsion, vague.

29 – Coulisses ferroviaires – Marseille-Canet – 01min 41s
Opérations de triage dans l’une des gares de Marseille-Maritime, sur fond distant de circulation routière (nombreuses voies routières proches). Plusieurs appels par haut-parleur. Appel depuis le PC.
Mardi 141094 à 19h30. – À comparer avec *AP-02, 14, 31 et 48.

[Effet sonore] Bourdon, émergence, hyperlocalisation, distortion, répulsion.

30 – Grincements musicaux – Miramas – 01min 53s
Lancement à la gravité de wagons sur la bosse du triage de Miramas (13). Passage du locotracteur diesel.
Juin 1995 vers 19h. – À comparer avec *AP-30 et 50.

31 – Force contenue – Veynes – 01min 54s
Un Écomusée du chemin de fer est ouvert depuis quelques années dans cette petite ville, et un millier d’objets présentés sur 200 m2.
« Respiration » de la chaudière en veille d’une 141 R 420, classée Monument historique en 1987, lors d’un rassemblement d’amateurs à Veynes (05). Voix au second plan. Souffles et chuintements dans les tubulures ou à l’expulsion. Résonance de la tuyauterie.
Mai 1996 à 11h30.

32 Entrelacs miniatures – Madrid-Delicias – 01min 10s
Plusieurs passages de modèles réduits sur un grand circuit dans l’une des salles du Musée ferroviaire national, installé dans la première gare madrilène, aujourd’hui désaffectée.
Mardi 310194 à 11h30.

33 – Un Train de cinéma – Annot – 01min 37s
La locomotive 230T du GECP (Groupe d’étude pour les chemins de fer de Provence) emprunte la ligne métrique Nice-Digne à l’occasion d’une sortie vapeur touristique du Train des Pignes. En sortant du tunnel des Scaffarels, elle s’engage dans une tranchée en direction d’Annot, en tirant un convoi de voitures anciennes, dont les caisses sont en bois recouvert de voliges ou tôlé. La rampe est forte (30mm/m).
Dimanche 210894 à 11h40.

[Effet sonore] Anamnèse, crescendo et decrescendo asymétriques, émergence, enveloppement, filtrage, imitation, phonotonique, sharawadgi.

34 – Le Train-camion – Thorame – 01min 22s
Enregistrement effectué dans un défilé de la Haute-vallée du Verdon (04), sur la ligne du Train des Pignes. On entend l’avertisseur, puis le passage d’une rame courte montante sur des rails courts non soudés ; elle s’engage ensuite dans un long tunnel sous la Colle Saint-Michel. Le fond sur lequel elle émerge est constitué par les remous du Verdon, les chants d’oiseaux et les stridulations des grillons, le tout étant réverbéré et mis en écho entre les flancs de la montagne.
Jeudi 200594 vers 11h. – À comparer avec *AP-25 et 46.

35 – La Pétaudière  Entrevaux – 01min 28s
Lors d’une des sorties vapeur estivales du Train des Pignes, descente de la barrière et attente des automobilistes au passage à niveau à l’est d’Entrevaux (04). Le garde-barrière (qui n’est pas un local) peine à faire respecter l’arrêt d’une voiture et se plaint des conducteurs qui « foncent » parfois sur lui. Sifflets longs du train, rails courts non soudés.
Dimanche 210894 vers 10h. – À comparer avec *AP-45 (Pont d’Arenc).

36 – Idylle estivale – Côte Bleue – 01min 49s
Passage d’une rame diesel sur la ligne de la Côte Bleue, entre Marseille et Avignon via Martigues. L’enregistrement est fait depuis les escarpements de la calanque du grand Méjean à Ensuès, à quelques centaines de mètres des voies et de la petite gare où le train va s’arrêter. L’été sonore bat son plein : les jeux aquatiques, les discussions des familles en vacances, les moteurs des embarcations, les cigales et les grillons se réfléchissent dans la calanque. Le train entre dans la composition et participe au concert en faisant une « sorte de coupure dans la régularité ».
La joie de vivre se dégage de ce fragment, qui, sans le passage du train, aurait même pu donner la sensation que « la scène ne se passait pas de nos jours ».
Juillet 1996 vers 17h. – À comparer avec *AP-47 et 48.

37 – Ça tape des pieds – Berre – 01min 30s

Passage d’un long train de marchandises, tracté par une diesel, à un passage à niveau dans la Crau de Berre-L’Étang (13), sur la ligne Paris-Marseille, sur un fond quasiment silencieux. Sonnerie du passage à niveau et avertisseur du conducteur. Longs rails soudés.
270294 vers 15h. – À comparer avec *AP-11 et 36.

[Effet sonore]  crescendo – mur – decrescendo

38 – Lignes sonores – Colayrac – 02min 50s

Passages d’un TER, puis d’un Corail sur la ligne Bordeaux-Toulouse, près d’Agen (47), enregistrés à près d’un kilomètre, depuis les coteaux dominant la vallée de la Garonne. Ces passages émergent pendant environ une minute. Dans la campagne hivernale, ni oiseaux ni insectes ne sont troublés par les intrus. On entend en fond l’importante circulation routière sur la nationale et le bruissement de la végétation en gros plan.
Un dimanche de février 1997 vers 16h. – À comparer avec *AP‑10 et 30.

39 – Stase et vent – Île-de-France – 01min
Nous sommes en Île-de-France en milieu forestier, à proximité d’un viaduc franchissant la ligne nouvelle Atlantique (LN2), ici en tranchée. Oiseaux et insectes sont très présents. Un tandem TGVA passe. La motrice de queue semble avoir un problème de pantographe et claque dans l’air. Un avion monomoteur traverse le ciel.
Samedi 180694 à 11h30.

[Effet sonore] Anamnèse (anciens matériels de traction), crescendo-decrescendo, émergence, imitation (onomatopées), intrusion, irruption, attraction-répulsion, suspension, vague (littérale).

40 – Nuit ferroviaire – Costa Dorada – 02’25
Passage matinal de 2 rames de desserte de banlieue (Ferrocarrils de Catalunya) enregistré depuis l’un des bâtiments donnant sur le Passeig marítim et la plage à Badalona (environ 10 km au nord-est de Barcelone). La ligne suit le littoral sur une cinquantaine de kilomètres, plus scrupuleusement encore que la route nationale, qui parfois contourne les agglomérations. Nous sommes à quelques centaines de mètres d’un passage à niveau et de la gare, ce qui explique les coups d’avertisseurs systématiques. Les rouleaux de la Méditerranée rythment la séquence, qui paraît « composée », faire l’objet d’un « arrangement presque musical » : « Les bruits de la nature et de la machine se font écho, se répondent. ». L’absence d’activité de la ville à cette heure, l’absence de dimension sociale dans le fragment, les pas sur un sol humide et les échos des avertisseurs lui donnent une coloration grise, nocturne et hivernale, qui renvoie à la poétique nocturne et au sentiment d’insécurité.
Avril 1995 vers 7h.