Ces 47 enregistrements sont les illustrations sonores du catalogue raisonné de situations de références, établi lors de la première phase de la recherche. Elles sont organisées en trois catégories qui rejoignent des thématiques architecturales et l’usage quotidien : s’orienter dans un espace, entretenir des relations en public, conforter son écoute, trouver des situations appréciées; etc.
Ces trois catégories sont :
L’Articulation (A) qui prend en compte l’idée à priori simple des transformations sonores s’opérant avec le déplacement de l’auditeur et permettant l’identification d’entités sonores spatialement distinctes.
La Limite (L) qui questionne plus précisément des situations-limites dans lesquelles l’environnement sonore peut basculer rapidement d’une configuration à une autre.
L’Inclusion (i) qui considère les phénomènes d’emboîtement sonores par lesquels l’auditeur peut avoir le sentiment d’appartenir à un univers contenu dans un autre.
Ces extraits sonores accompagnent le rapport de recherche cresson n°60
01 – Passage alterné – 01min 34s Passage minéral en forme de succession de coudes couverts ou ouverts, provoquant des phénomènes de résonance plus ou moins marqués. Ce passage rythme la progression sonore par l’alternance des parties découverte et couverte formant résonnateur. La succession de ces parties rythme la progression du passant. Décroissance sonore vers la place de Gordes. Niveau sonore moins élevé à l’intérieur du passage, car on est « à l’abri » du bruit des véhicules.
[Effet sonore] Coupure
02 – Passage résonnant – 59s
Il s’agit d’un passage minéral couvert dont le sol est en béton et les façades vitrées ou en pierre lisse. Il fait transition entre une place minérale urbaine et un parc passant sous les bâtiments. Il offre une courte parenthèse sonore et réverbérante.
03 – Coude enchainé – 47s
Passage couvert en dénivelé faisant changer rapidement de monde sonore dans un fondu enchaîné. La porte « fausse » est une vraie porte parce que le dénivelé assure bien la disjonction des deux milieux : un boulevard circulé en haut et la ville ancienne en bas. Une fontaine coule en bas des marches. Les voix et l’eau réverbèrent dans le plafond cintré du passage.
[Effet sonore] Fondu-enchaîné
04 – Rupture adoucie – 01min 37s
Le passage couvert relie en douceur la place à une cour minérale jalonnée de colonnes tronquées : les colonnes de Buren. Un écoulement d’eau passe en sous face sous des caillebotis métalliques.
[Effet sonore] Résonance Réverbération
05 – Goulot filtrant – 37s
Le resserrement ponctuel entre deux bâtiments forme une pince qui semble contribuer à diminuer le passage des sons entre deux places aux fonctionnalités différentes : la place aux Herbes abrite un marché et la place Claveyson plus petite est plus calme. L’ouverture forme une porte sonore.
[Effet sonore] Coupure
06 – Conduite forcée1 – 01min 01s
Au bout de l’île de la Cité à Paris, se situe le Mémorial des Martyrs de la Déportation. Le parcours commence par un petit espace naturel préservé pour descendre ensuite par un escalier étroit jusqu’au niveau de la Seine (20 marches) et arriver dans un espace clos et réverbérant. Cet espace donne accès à l’entrée du monument. Les murs en béton et le sol dallé allie minéralité et réverbération.
07 – Conduite forcée2 – 01min 06s
Au bout de l’île de la Cité à Paris, se situe le Mémorial des Martyrs de la Déportation. Le parcours commence par un petit espace naturel préservé pour descendre ensuite par un escalier étroit jusqu’au niveau de la Seine (20 marches) et arriver dans un espace clos et réverbérant. Cet espace donne accès à l’entrée du monument. Les murs en béton et le sol dallé allie minéralité et réverbération. Ce fragments diffère du fragment « Conduite forcée 1 » par l’ambiance musicale qui accompagne la descente des escaliers.
08 – Conduite forcée3 – 01min 40s
Au bout de l’île de la Cité à Paris, se situe le Mémorial des Martyrs de la Déportation. Le parcours commence par un petit espace naturel préservé pour descendre ensuite par un escalier étroit jusqu’au niveau de la Seine (20 marches) et arriver dans un espace clos et réverbérant. Cet espace donne accès à l’entrée du monument. Les murs en béton et le sol dallé allie minéralité et réverbération. Ce fragments diffère des fragments « Conduite forcée 1 et 2 » par les sons d’un avion et la voix d’une femme qui accompagnent la descente des escaliers.
09 – Pièce d’eau – 44s
Dans les jardins de la célèbre fondation Maeght plusieurs pièces constituent le parcours.
celle qui nous intéresse est une “pièce d’eau” encastrée entre les murs qui se poursuivent dans le jardin et que l’on découvre seulement en passant par elle que ce soit du point de vue spatial ou sonore.
De dimensions réduites (environ 10 m par 5 de profondeur, un bassin de faible fond constitue la majeure partie du sol et un écoulement jaillit du mur du fond tombant dans le bassin d’une hauteur de moins d’un mètre. Le son produit est plus massif et grave que doux et aigrelet.
La proximité des murs renforce les première réflexions et la réverbération. Les sons de l’environnement sont masqués. Le son est latéralisé et distant (environ 5 mètres).
[Effet sonore] Parenthèse
10 – Entonnoir acoustique – 01min 25s
Le parcours débute sur la place du marché à cris situé au centre de Ben Isgue. Le parcours continue dans une ruelle qui se rétrécit pour devenir très étroite, jusqu’à une impasse très calme. Cet exemple illustre bien l’idée d’enfoncement dans un tissu épais où l’on passe d’un espace très public à une domesticité très discrète. La longueur du parcours détermine cette lente gradation.
11 – Elévation continue – 02min 01s
Le fragment se situe sur l’esplanade (côté ouest) de la bibliothèque François Mitterand. Le socle surélevé par rapport à la rue est articulé par un vaste enmarchement. En bas des escaliers, une route avec une circulation qui peut être soutenue. Le bois habille les sols, en haut des marches, des “boîtes” en grilles métalliques d’environ 3 m de hauteur renferment de grands arbustes. Après les marches, on doit passer entre ces boites métalliques pour atteindre l’esplanade. Dès la montée des marches, le vent forcit à mesure que l’on s’élève et accompagne le changement sonore. Les boîtes en métal qui renferment les arbustes sonnent très particulièrement lorsque le vent s’y engouffre. Arrivé sur l’esplanade, il n’y a aucun refuge contre le vent, et le souffle du vent est prépondérant dans les oreilles. Il corrèle l’impression de grande étendue, de monument imposant. Le passage du bas au haut fait passer d’un fond sonore routier à un fond sonore urbain provenant de loin, presqu’immatériel.
12 – Substitution – 30s
Le parcours débute par la montée de quelques marche pour accéder aux Halles, puis la traversée des Halles et enfin la sortie de l’autre côté. En entrant dans la halle, le bruit semble beaucoup plus assourdissant, même si le niveau sonore n’augmente pas. L’activité est la même mais l’on a changé d’ambiance. D’autre part, sous la halle, les odeurs sont très prégnantes (poisson, boucherie…) et l’ambiance n’est plus à convaincre le client mais à le servir. A la sortie de l’autre côté de la halle, l’ambiance est soudainement plus calme, c’est le domaine de l’habillement.
13 – Projection – 35s
Le parcours démarre sur la vaste esplanade du Carrousel pour aller sous la pyramide du Louvre. Le visiteur n’a pas de transition progressive il est directement “projeté” dans le volume dès le passage de la porte, et englobé dans la masse sonore.
Cette projection est essentiellement auditive car au niveau visuel, l’extérieur reste visible à travers le verre. La réverbération est d’autant plus sensible que le visiteur arrive dans la partie haute de la pyramide.
[Effet sonore] Réverbération
14 – Sourdine aggravée – 01min 59s
Entrée par un escalator capitonné de plaques inox dans les espaces souterrains du centre commercial du forum des halles. Entre les deux mondes (la rue et le sous-sol), le passage peut être qualifié de « compressé». La forte composante en fréquences graves de la mécanique, le silence des voix, ainsi que la continuité rythmique du milieu contribuent à un effet « d’aggravation » accompagant la progression de la descente. L’arrivée en sous-sol provoque une relative décompression acoustique (essentiellement dû à l’éloignement des parois et à un retour de l’activité motrice). Mais en même temps, l’environnement est particulièrement confus et « agité ».
[Effet sonore] Compression
15 – Couloir absorbant – 53s
Transition de la nouvelle partie de la gare du Nord vers le RER E. Couloir de largeur environ 6m avec, au plafond, plusieurs caisses absorbantes à intervalles réguliers (sur toute la largeur du couloir et d’une hauteur de 50 cm). Les murs en bois avec des panneaux absorbants. Ces dispositifs sont disposés dès l’entrée et sur toute la longueur du couloir avant de descendre dans les souterrains. Brusque coupure des sons dès l’entrée dans le couloir. On est tout à coup « coupé » de l’ambiance de la gare (annonces, trains, brouhaha) et on entend une musique diffusée par des haut-parleurs dans le couloir. Cette musique accompagnera le voyageur jusqu’aux quais de la station Magenta. Cette transition est vécue comme un seuil. On entre ou on sort de la ligne Eole du RER.
[Effet sonore] Coupure
16 – Sols assourdis – 01min 13s
Entrée dans le Bibliothèque Nationale de France (BnF). A l’extérieur les pas résonnent sur un plancher bois et métallique. A l’intérieur une moquette rouge habille le parterre créant une ambiance feutrée. Entre les deux la transition se fait par une porte à tourniquet.
Les pas marquent le chemin qui mène au bâtiment, ils apparaissent se transforment, disparaissent et réapparaissent dans un hall réverbérant où le silence est de rigueur.
[Effet sonore] Réverbération coupure matité
17 – Décompression – 01min 11s
Dans le centre commercial du forum des Halles, ce conduit fait passer de la « Rue Basse » à la « Place Carrée », il est particulièrement contrasté. Le passage entre les deux mondes souterrains se fait par un seuil matérialisé par un sas composé de doubles portes en verre restant ouvertes la plupart du temps. La Rue Basse est comprimante, du fait de ces dimensions et aussi du fait de la fréquentation parfois proche de la saturation. Le phénomène de confusion sonore est amplifié. Le passage de la Rue Basse à la Place Carrée est marquée par une dilatation sonore brusque et un éclaircissement lumineux. Les connotations principales de la Place Carrée sont celles du hall de gare, de cathédrale. La réverbération accentue le sentiment du vide, l’impression de disposer d’un espace tout à coup dégagé s’y conjugue. Mais il est difficile de dire d’où vient les bruits que l’on entend (ubiquité).
[Effet sonore] Réverbération Ubiquité
18 – Transition retardée – 01min 03s
Le passage du parvis de la gare Montparnasse au hall d’entrée (coté Porte Océane) illustre le phénomène de transition retardée. Le parcours articule un espace ouvert à un espace très réverbérant par une porte coulissante dans une paroi en verre. Mais il n’y a pas effet de coupure. Le formant sensible de cette transition est caractérisé par l’ambiguïté de la perception : on sent que l’on change d’espace (et les caractéristiques visuelles et motrices sont importantes à ce niveau) mais les indices sonores sont encore tellement là qu’on se demande si on a vraiment changé d’espace. C’est l’opposition entre des effets liés au changement d’espace (dilatation, rétrécissement) et des effets liés à l’espace précédent (émergence, filtrage,decrescendo) qui forment l’expérience de cette transition.
19 – Glissando – 01min 09s
Ce fragment sonore a été enregistré dans l’entrée principale de la gare du Nord (Paris) construite au 19ème siècle. Cette entrée se caractérise par le passage d’un fronton auquel est accolée un mezzanie à l’intérieur de la grande halle. La mezzanine crée alors une zone tampon dans laquelle l’auditeur peut aménager son écoute lors de son entrée. Cette transition est caractérisée par une relative perméabilité de l’espace construit. L’usager dans cette transition ne perçoit pas de changement net sur le plan auditif. Les caractéristique sensibles de cette transition s’incarnent dans plusieurs effets sonores proches en fonction de l’activité des lieux : fondu enchaîné, mixage, estompage, crescendo, decrescendo, etc… Ce type de transition guide l’usager dans son entrée en gare. Si, par chance, il entre quand les deux environnements sont équilibrés, il peut avoir la sensation de glisser (in auditu) jusqu’à l’intérieur.
20 – Transition attractive – 02min 13s
Ce parcours sonore enchaîne plusieurs types d’espaces dans la Gare de Montparnasse et fait « transition ». Cette transition offre l’avantage de donner une orientation aux parcours. Elle focalise les parcours et l’attention des usagers vers les pôles attractifs. Elle participe à la lisibilité des espaces publics en gare : passage de porte, annonce sonore en gare…
[Effet sonore] Attraction Emergence
21 – Fondu enchainé – 39s
Ce fragment restitue le parcours d’entrée dans la Gare du Nord par la nouvelle extension : une grande verrière de 10.000 m2, d’une hauteur d’une trentaine de mètres. La nouvelle gare Nord-Echange accueille les banlieusards depuis fin octobre 2001, assurant ainsi une correspondance plus aisée entre le R.E.R., le métropolitain, les bus et les trains de banlieue arrivant à la Gare du Nord.
La transition de l’extérieur vers l’intérieur de la nouvelle gare se fait par des portes en verre. Au centre, le kiosque d’information. Dans le fond, des escalators et sur la gauche l’ancienne partie de la gare.
De l’extérieur, on entend les annonces, mais elles restent inintelligibles. La transparence des portes en verre permet d’imaginer l’ambiance sonore du hall de la gare. Puis, quand on entre, on s’attend à quelque chose de plus clair, cependant l’annonce reste souvent inintelligible.
[Effet sonore] Fondu-enchaîné
22 – Suivi sonore – 02min 35s
« Rue musicale » qui épouse l’ellipse de la salle de concert de la Cité de la Musique (Paris). Comme un gigantesque pavillon d’instrument, elle se développe en s’élargissant. Le niveau du sol s’abaisse par paliers. Couverte d’une verrière et bordée de murs lisses, la rue offre une acoustique réverbérante propre aux lieux monumentaux. L’ambiance sonore y est constituée majoritairement par les bruits de circulation en provenance du boulevard périphérique et de l’avenue Jean Jaurès, qui longe la Cité au nord et à l’est.
Une source sonore produite vers l’entrée (groupe de musiciens se produisant dans la rue) se transforme très progressivement jusquà un certain silence relayé par une nouvelle source vocale qui termine la fragment en musique.
2 – Limites
23 – Passerelle à 2 flux – 39s
Le Pont-Saint-Laurent est un pont métallique suspendu au dessus de l’Isère : le tablier est lié à des cadres d’acier soutenus par des piliers en pierre. Au sol, l’asphalte amortit les pas. La passerelle piétonne mesure 83 m de long et 7 m de large.
Dans toutes ses dimensions, la passerelle joue le rôle d’une limite entre des espaces sonores pourtant assez ubiquitaire (bruit de la circulation, les sons du courant et des remous d’un fleuve). Parcourir la passerelle, c’est constater les différents effets de masques de ces deux sources principales. Leur influence est relative et dépend de la position de l’usager.
[Effet sonore] Masque Vague
24 – Bascule entre 2 sons 1 – 01min 29s
La passerelle piétonne passe au dessus du canal Saint-Martin (Paris) et relie les deux quais circulés en des sens différents. Une première volée d’escalier permet d’atteindre une partie plane puis une seconde permet de redescendre sur l’autre rive. Un basculement spatial du son est sensible : soit il est lié à la progression du piéton qui s’éloigne d’une source et s’approche d’une autre, soit il est lié aux alternances des flux de circulation d’un côté comme de l’autre.
[Effet sonore] Ubiquité
25 – Bascule entre 2 sons 2 – 01min 34s
Cet exemple illustre une situation où le passant bascule par le son d’une rive à l’autre à un point limite avant qu’il n’arrive de l’autre côté, le pont entre les deux sons est ainsi matérialisé, il est pris en sandwich entre deux sons. Si la distance à parcourir était plus longue, ce basculement n’aurait pas lieu, il y aurait une zone neutre vers le milieu du parcours alors qu’elle appartient ici alternativement à un côté ou à un autre.
26 – Contremur – 01min 06s
La configuration spatiale est simple : un banc public est adossé à un mur d’environ 2 mètres de hauteur, au pied du mur s’écoule un filet d’eau. Une étendue vide sépare cette situation des voies routières. Le son faible mais proche de l’eau vient en contrepoint du son massif, grave et éloigné d’un carrefour.
Ce fragment est commenté : » Voilà c’est le petit ruisselet qui passe devant un mur au pied du stage de foot, visible toujours « .
Cet exemple montre comment un agencement minimal en terme spacial et sonore peut ménager des situations sensibles différenciées par des intervalles de mouvement faibles (entre l’assise et la position debout).
27 – Aux marches du palais – 01min 20s
L’escalier qui s’inscrit dans l’arche de la Défense fait accéder à un niveau de 8,45 m au dessus de l’esplanade qui s’étend à ses pieds. Il forme une paroi sonore réfléchissante lorsqu’on se situe au pied. La largeur de 70 mètres de l’escalier en fait un espace public à part entière.
Le niveau perçu du bruit de fond reste constant mais semble provenir de la béance de l’arche au fur et à mesure qu’on s’en approche. Sur l’étendue de l’esplanade, le pied de l’escalier constitue un des rares lieux où les sons de proximité ne se perdent pas totalement dans le vide.
Cette configuration illustre deux types de situations limites : profiter d’un appui confortant les sons et franchir les distances en ajustant l’espacement et la force du son.
28 – Balance des sons – 01min 06s
Dans le parc de la Villeneuve de Grenoble l’espace sonore est ubiquitaire, les cris des enfants semblent provenir de partout et nulle part. Toutefois du fait de la perméabilité des bâtiments d’habitation sur pilotis les sons notamment de la ligne de tramway qui passe de l’autre côté des bâtiments se propagent et il arrive qu’on les entende à grande distance.
En s’éloignant du corps principal des bâtiments qui enserrent le parc, à un moment donné l’environnement balance entre les sons du parc et les événements de la rue. Cet équilibre se joue sur une frange d’espace assez faible où l’on bascule soit plutôt du côté des sons de la rue soit du côté des sons du parc. Si ce phénomène est assez aléatoire et ténu en l’état, il pourrait être renforcé ou peut être utilisé comme argument d’un espace intermédiaire, limite, entre deux dominantes. Cette situation n’est pas réversible, on n’entend pas le parc dans la rue. Parfois l’équilibre entre deux polarités sonores est identifiable dans l’espace et singularise une position limite. Ce type de situation interroge les liens d’un lieu avec un autre dont les dynamiques peuvent être traduites par la balance entre des sources sonores et infléchir ainsi l’imaginaire habitant.
29 – Escalier ambigü – 56s
Ce fragment restitue l’ambiance sonore d’une cage d’escalier de hauteur R+3 avec escalier et mur en béton dans des HBM construits dans le années trente à Grenoble.
Comme tout escalier, l’intérieur de la cage d’escalier est très réverbérante par rapport à l’extérieur. Son originalité est due aux ouvertures qui le relient à l’extérieur, offrant autant d’ouïes sur le dehors. Quatre bâtiments identiques forment un îlot « poreux » aux bruits environnants car il est semi-ouvert (les bâtiments laissent des passages entre eux). Une cour avec des jeux d’enfants
entourée de platanes se trouve aux pieds des immeubles.
La cage d’escalier devient un amplificateur/résonateur des sons venant des
rues alentours et crée une ambiguïté intérieur / extérieur : par le son, on ne sait plus si on est à l’extérieur ou si l’on se trouve à l’intérieur car on entend très bien les bruits de dehors. La perméabilité sonore est ici remarquable.
L’intérêt de cette situation est de montrer comment le traitement des cages d’escaliers modifie le vécu du trajet entre espace public et privé, ici l’habitant est toujours relié à l’environnement extérieur mais selon les évènements et sa position par rapport aux ouvertures, son écoute bascule d’un côté ou de l’autre.
30 – Le son fait le trottoir – 01min 05s
Ce trottoir de 4m de large de la rue Iassonos à Volos (en Grèce) est situé à l’extrémité d’une rue piétonne. Ce lieu sans qualité spatiale particulière devient un point de rencontre majeur qui prend place à côté d’une voix de circulation tous les soirs. La coexistence des nombreuses sources de bruit caractérise la situation dense : (voiture et principalement motos) + conversations Mélange inextricable de sons humains (voix) et mécaniques.
C’est la concentration sonore qui matérialise le lieu qui par ailleurs n’a pas d’existence spatiale particulière. Les limites spatiales ne sont pas prégnantes, mais les jeux de limite, liés à l’emprise sonore des voix se font et se défont au grè des positions par rapport aux groupes.
31 – Arcades à 2 voix – 01min 39s
Cette portion d’avenue (Avenue Massena, 19ème siècle, Nice) est “portiquée” sur environ deux cents mètres des deux côtés d’une avenue très empruntée. La hauteur sous couverture est importante (5 mètres), les piliers sont espacés et épais , ils laissent passer les sons des transports.
Le dispositif urbain des portiques peut être intéressant pour créer des limites tant spatiales que sonores, mais le contexte et les dispositions spatiales peuvent en altérer les bénéfices. Dans ce cas les arcades forment bien un espace mais le son routier l’envahit et gomme les limites alors que les voix se réverbèrent dans les voûtes.
[Effet sonore] Réverbération
32 – Portique résonnant – 50s
Le Pavillon d’exposition universelle 1998 (Alvaro Siza) est une grande boite en pierre composée de 8 niches d’environ 4 m en profondeur et en largeur et une quinzaine de mètres de hauteur, dont certaines sont percées d’une ouverture vers la partie voile du pavillon. Chaque niche est revêtue de céramiques (azuleijos) très réfléchissantes créant une caisse de résonance. Un simple clap des mains se réverbère en plusieurs échos sur les 5 parois (écho flottant). Orienté vers le large (sud-ouest) ce dispositif s’ouvre à la fois aux vents et au soleil. Le voile en revanche crée une atmosphère plus fraîche : conditions idéales pour générer un effet venturi. Dans ce cas particulier le bâtiment entier semble conçu comme une gigantesque harpe éolienne pour faire chanter le vent à son passage par un jeu de filtrages acoustiques (dimension des niches).
Les pratiques de jeu des touristes et des enfants avec les différents échos du pavillon mettent à l’épreuve les limites précises où se produisent les phénomènes de propagation. Le dispositif devient un révélateur des actions vocales ou autres (claquements de mains) et un instrument de présence.
[Effet sonore] Echo flottant
3 – Inclusions
33 – Cour emboitée – 01min 23s
Cette cour intérieure (quartier Vaucanson-Grenoble) est encastrée dans le tissu urbain ancien. Elle est caractérisée par un large escalier qui s’ouvre sur elle. Elle est desservie par une allée qui donne dans une rue assez étroite du centre ancien. Le fond sonore qui l’habite génère des sons endogènes qui se mêlent à des sons de la ville de plus en plus audibles au fur et à mesure que l’on monte en étage. La cage d’escalier est inclue à l’environnement sonore selon différentes échelles : par rapport à la cour, par rapport à la rue, par rapport à la ville. Une profondeur de plan exprime cette inclusion que la structure sonore rend sensible. La cour reçoit la ville mais ne lui donne rien.
34 – Patio serein – 02min 52s
Dans un des patios de cette ancienne demeure d’environ 10 mètres de côté, fermé sur les 4 faces par de hauts murs, gravier au sol, abondante végétation. Une fontaine occupe le centre et laisse s’échapper un filet d’eau sans fin, la forte atténuation du son provenant du milieu urbain extérieur et les quelques voix résonnant en d’autres pièces ou patios constituent les objets acoustiques de ce moment sonore.
On a le sentiment d’être retiré, mais aussi rattaché par quelques bribes du monde extérieur. L’inclusion est formée par la clôture spatiale mais aussi par le contraste de distance des plans sonores proches et lointains. Des voix plus proches ramènent tout à coup à la «réalité» alors que les sons lointains offrent un arrière plan presque iréel.
Le patio est une figure de l’inclusion sonore dans un contexte urbain : il filtre l’extérieur mais génère aussi sa propre existence à travers le son de l’eau qui révèle l’espace et semble éterniser le temps de l’expérience.
35 – Place métabolique – 01min 47s
Place de marché entourée de bâtiments anciens : au centre une halle couverte de 4m de hauteur, commerces au RDC des bâtiments. La couverture de la halle permet de clore l’espace sonore et de le contenir dans un volume restreint. La forme de la place amplifie cet aspect. Beaucoup d’échanges (verbaux et physiques) dans ce milieu abrité où les habitués viennent faire leurs courses et se rencontrent.
Le phénomène d’inclusion sonore est créé par la masse des gens et redoublé par la couverture lorsqu’on circule sous la halle. A l’approche du marché le passant sent qu’il pénètre dans une masse sonore. Lorsqu’il est dessous les repères sonores avec la périphérie s’estompent, à moins qu’un événement vocal ou autre (chocs) surpasse les autres.
[Effet sonore] Métabole Réverbération
36 – Abri transitoire – 01min 54s
Sous un abri-bus (station de tramway) en verre de dimensions : 3,5 m de long et 2,30 m de haut situé dans une rue piétonne Haussmannienne (Alsace-Lorraine -Grenoble). Un tramway passe à 1 mètre. Ambiance caractéristique de rue piétonne (fond sonore moyen mais persistance du bruit de fond urbain). La musique (diffusée par un magasin) que l’on perçoit peut évoquer la musique de fond d’un supermarché. Le climat général est assez confus mais tout à coup celui-ci change du tout au tout : immersion dans un micro-milieu sonore créé par un groupe d’adolescents attendant le tramway. Le brouhaha et la compréhension de quelques mots au vol illustrent l’effet sonore de métabole. L’abri bus favorise la fermeture et la formation de ce milieu. Une fois le groupe monté dans la tramway, effet de silence par contraste.
Un micro-milieu sonore momentané dans un climat uniforme immerge l’auditeur et fait oublier pendant un court instant toute autre référence sonore, puis disparaît. L’inclusion est transitoire, temporaire et réversible.
[Effet sonore] Immersion Métabole
37 – Isolement public – 28s
Prise de son à une terrasse de café côté quai en face du port de plaisance de Volos (en Grèce). Les façades des bâtiments sont hautes de 5 étages et très régulières, avec des balcons. Le volume sonore est stable en fond (rumeur humaine et musique de bars) et les émergences fortes par rapport au fond sonore (les cris, le rire, les motos) mais la circulation routière est loin.
L’inclusion est coproduite par la forme construite (couverture) et la forme sociale (rencontre), le public des terrasses couvertes créé une enveloppe sonore qui isole du contexte environnant.
[Effet sonore] Bourdon Masque Synecdoque Ubiquité
38 – Auvent réflexif – 57s
Prise de son à la terrasse de la Cité de la Musique (Paris). Cette terrasse est couverte par un auvent qui a un rôle acoustique connu de rabattre les voix. L’abat son créé par une avancée en porte à faux à 3m 50 au dessus de la terrasse de café. Ce type de dispositif, lorsqu’il est placé à une hauteur faible (env. 3 mètres) donne assez de force aux premières réflexions pour donner un caractère « d’intimacy acoustique ». Le milieu sonore vocal masque objectivement l’environnement plus lointain, c’est à dire devant la terrasse. L’enregistrement montre aussi que l’on sort rapidement du contexte sonore formant l’inclusion.
[Effet sonore] Métabole
39 – Alcôves vocales – 52s
Prise de son depuis les assises abritées du Musée du Pont du Gard. Ces niches en béton de forme parallépipédique sont agrémentées d’un banc faisant partie du mur du fond et servant d’assise. Elles s’alignent le long du parvis de circulation du public. Ces assises encastrées forment à la fois un poste d’observation et un point observable. Leur configuration favorise la résonance des voix, ce qui les distingue nettement du parvis qu’elles regardent, tout en y restant phoniquement rattachées.
[Effet sonore] Résonance
40 – Réseau couvert – 01min 02s
Réseau de galeries semi couvertes de l’Ecole des arts décoratifs de Nice. Bâtiments dont les murs extérieurs sont banchés de galets de rivière. Le principe du bâtiment est de former des couches différenciées : terrasses accessibles sur le dessus regardant la ville, réseau serré de circulation entre les salles situées en dessous de ces terrasses. Certains passages sont étroits et des puits de lumière les éclairent créant des liens entre les couches. Les pas et les voix habitent ces lieux résonnants sans que l’on sache d’où ils proviennent, de l’intérieur ou de l’extérieur.
[Effet sonore] Résonance
41 – Caverne du grand boulevard – 01min 37s
Passage urbain enterré situé le long d’un boulevard urbain très circulé (Madrid). Situé sous une dalle jardin, le passage d’environ 100 mètres de long et 10 mètres de large est «fermé» latéralement par une chute d’eau provenant de la dalle au dessus. La chute d’eau d’une hauteur d’environ 3 mètres forme un rideau continu. Elle couvre de son vacarme le bruit de la circulation urbaine. La réverbération semble aussi importante. Le passage dessert des salles de spectacles enterrées. Immersion formée à la fois par la descente des marches, le couvrement du plafond et le masque de la chute d’eau. Dans ce milieu si particulier, le passant est pris dans une parenthèse sonore, seule la lumière naturelle extérieure le rattache au monde extérieur.
[Effet sonore] Immersion Masque
42 – Cylindre de meditation 1 – 01min 31s
Commandé par l’Unesco pour symboliser la paix et commémorer le 50ème anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’Unesco. Financée par une collecte de fonds privés japonais, l’ensemble est conçu sur les bases d’un jardin zen. La structure cylindrique en béton lisse de 33m2 s’élève sur 6 mètres, pavé de dalles de granit sur le sol. Il est percé de 2 ouvertures symétriques à sa base.
Depuis l’intérieur du cylindre, on entend le bruit de l’eau qui coule à l’extérieur, filtré par la forme et les matière du bâtiment, créant un bourdonnement. L’intérieur du cylindre est aussi marqué par la forte réverbération des voix : le fragment se termine par le chant d’amour d’une femme.
[Effet sonore] Bourdon Filtrage Réverbération
43 – Cylindre de meditation 2 – 42s
Commandé par l’Unesco pour symboliser la paix et commémorer le 50ème anniversaire de l’adoption de l’Acte constitutif de l’Unesco. Financée par une collecte de fonds privés japonais, l’ensemble est conçu sur les bases d’un jardin zen. La structure cylindrique en béton lisse de 33m2 s’élève sur 6 mètres, pavé de dalles de granit sur le sol. Il est percé de 2 ouvertures symétriques à sa base.
Depuis l’intérieur du cylindre, on entend le bruit de l’eau qui coule à l’extérieur, filtré par la forme et les matière du bâtiment, créant un bourdonnement. L’intérieur du cylindre est aussi marqué par la forte
réverbération des voix s’il on y parle.
[Effet sonore] Bourdon Réverbération
44 – Salle du silence – 01min 15s
Une aile d’un pavillon de garde de style classique XVIIIème, attenant à l’arc de Triomphe de la porte de Brandenbourg, sur la Pariser Platz, au coeur de Berlin. Il s’agit d’un projet dont l’intention sonore est marquée : créer un petit isolat sonore dans l’espace public rappelant ce qu’est le silence. Quelques sons étouffés (graves) proviennent de la ville, ce qui montre comment la perception des composantes graves par l’élimination des aigus induit fondamentalement ce rapport d’inclusion.
[Effet sonore] Decrescendo matité filtrage
45 – Parenthèse sonore 1 – 01min 26s
Pavillon d’exposition à vocation musicale réalisé en 2000 par Peter Zumthor à l’occasion de l’exposition universelle d’Hanovre. Projet d’intention sonore manifeste. Le pavillon forme une parenthèse dans l’environnement de l’exposition tant par son traitement que par les sons qui s’y produisent. Toutefois le fait que l’on soit « coupé » de l’extérieur ne créé pas le sentiment d’inclusion tel qu’un environnement en contient un autre.
46 – Parenthèse sonore 2 – 44s
Pavillon d’exposition à vocation musicale réalisé en 2000 par Peter Zumthor à l’occasion de l’exposition universelle d’Hanovre. Projet d’intention sonore manifeste. Le pavillon forme une parenthèse dans l’environnement de l’exposition tant par son traitement que par les sons qui s’y produisent. Toutefois le fait que l’on soit « coupé » de l’extérieur ne créé pas le sentiment d’inclusion tel qu’un environnement en contient un autre. La musique est très présente dans ce fragment sonore.
47 – Cylindre sonore – 01min 19s
Descente vers le jardin de bambous au Parc de la Villette (Paris) : 5 paliers de 6 marches chacun puis entrée dans le cylindre en béton. Projet dont l’intention sonore est rendue manifeste par une installation électroacoustique qui renforce le sentiment d’une pièce sonore presque autonome de son contexte.
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