Variations d’ambiances – audio
présentation des enregistrementsCes enregistrements sont les séquences utilisées pour les entretiens sur écoute réactivée (EER) de cette recherche qui visait à recueillir un corpus de paroles sur l’expérience de la traversée de la ville en métro par ses usagers réguliers. Il s’agissait de diffuser les mêmes extraits sonores à différents groupes de personnes afin de recueillir leurs réactions. Pour cette recherche, ce sont 6 extraits sonores qui ont été diffusés. Chaque fragment est écouté trois fois et commenté après chaque écoute. Participants et animateurs disposent de fiches types précisant les thèmes à aborder dans le cadre de l’EER. L’objectif attendu de l’EER est d’obtenir un discours évocateur, chargé émotionnellement et non pas seulement descriptif. Ces séquences sonores accompagnent le rapport de recherche cresson n°67 : Variations d’ambiances : Processus et modalités d’émergence des ambiances urbaines |
Index01 – Dans la ligne 2 du métro parisien dans la direction Père Lachaise – Villiers – 1min 45s Dans la ligne 2 du métro parisien dans la direction Père-Lachaise – Villiers. On entend le métro rouler ainsi qu’une discussion entre deux femmes, parfaitement compréhensible. Le métro ralentit, des strapontins remontent, la discussion continue. Le métro stoppe, un bruit de dépression pneumatique les portes de la voiture s’ouvrent. En station, l’enveloppe sonore est différente, plus large, moins mate. Quelques lâchers d’air comprimé, quelques pas (en station ou dans le métro ?), des voix, une femme parle dans une langue africaine, quelques strapontins se déplient. La sonnerie précédant la fermeture des portes retentit, les portes se ferment et la discussion, qui n’avait pas cessé, continue sur le même ton et à la même allure. Le métro redémarre, le son du roulement augmente très progressivement cependant que la conversation continue indifféremment au son produit par le mouvement du métro et à la présence des autres passagers. La présence de ces derniers est maintenant plus manifeste : plusieurs conversations non compréhensibles alentours, une musique échappée d’un walkman ou d’un téléphone portable, un message SMS reçu sur un téléphone Nokia (tii-tii – tii-tii). Le son du roulement est très important et « envahit » l’espace sonore, des à-coups entre les roues et les rails se font entendre, seule la conversation reste audible au milieu du chahut du roulement, les femmes forcent davantage la voix. Le son du métro diminue très lentement, les paroles des passagers se font à nouveau entendre, la conversation continue tandis que son volume diminue consécutivement à la baisse du niveau sonore de l’ensemble machinique. Le métro s’arrête. Quelques lâchers d’air, les portes s’ouvrent. Des conversations et la discussion continuent à un niveau plus faible. Une personne tousse [Effet sonore] Créneau Emergence Masque.
02 – Dans la ligne 2 du métro parisien dans la direction Père Lachaise – Villiers après la station Pigalle – 2min 02s Dans le métro 2 de Paris en partie souterraine, dans la direction Père-Lachaise – Villiers, après la station Pigalle. La scène commence sur un nombre important de discussions dans un univers plutôt fermé. Quelques claquements et l’augmentation de l’intensité sonore d’un bourdon naissant indique la mise en roulement du métro. Au même moment que le son de provoqué par l’accélération commence à remplir manifestement l’espace sonore, la voix d’un jeune chanteur- danseur annonce l’imminence de sa prestation. Le son du roulement est maintenant très important et masque à l’aide de la réverbération due au tunnel l’ensemble des discussions. La voix du chanteur-danseur émerge difficilement avant la mise en marche de sa boombox. L’appareil diffuse une musique répétitive R’n’B (de nouvelle génération) dont les médiums et les aigus émergent pour ajouter un tempo binaire au bourdon continu de la traversée. Le chanteur commence à slamer en rythme avec la musique. Le métro ralentit progressivement et laisse apparaître son corollaire musical : les basses de la musique. Le métro est à l’arrêt, un strapontin se relève et un lâcher d’air précède l’ouverture des portes. Le chanteur-danseur continue. Avec les portes ouvertes, le son réverbéré du métro au ralenti s’ajoute péniblement à celui de la musique. La sonnerie retentit et les portes se ferment. Une seconde plus tard, le morceau de musique diffusé passe dans une phase de variation (le rythme et le thème changent) durant laquelle les basses répétitives ne sont plus présentes cependant que le métro accélère et remplit à nouveau l’espace sonore d’un bourdon affectant les basses fréquences. La phase de roulement est à son plein et le premier thème musical revient pour une dizaine de secondes. La musique stoppe au moment même où des frottements roues-rails se font entendre pendant lesquels le chanteur-danseur lance une seconde annonce à l’intention des passagers qui est suivie immédiatement d’une nouvelle musique, toujours rythmée, cependant que le bourdon du métro s’est stabilisé à un niveau inférieur au précédent. [Effet sonore] Bourdon Créneau Crescendo Decrescendo
03 – Dans la partie extérieure de la ligne 3 du métro de São Paulo dans la direction Corinthians- Itaquera – Palmeiras-Barra Funda – 2min 29s Dans la partie extérieure de la ligne 3 du métro de São Paulo dans la direction Corinthians- Itaquera – Palmeiras-Barra Funda. Un bourdon probablement dû à la ventilation plane sur la scène sonore mais laisse entendre faiblement une conversation entre un homme et une femme. La sonnerie prévenant de la fermeture des portes retentit et est suivie du son discret d’un vérin pneumatique et du glissement des portes se refermant accompagnés de quelques lâchers d’air discrets. Le son lointain d’une circulation autoroutière fluide apparaît alors. Le « grincement » très faible de la mise en rotation des moteurs électriques se fait entendre. La scène est uniforme : bourdon, quelques voix, circulation et rien ou presque n’indique le roulement du wagon si ce n’est l’irruption soudaine du bruit très cadencé des rails, probablement dû à la traversée d’aiguillages, se manifestant à la fois par des frottements harmoniques (comme lorsque l’on aiguise un couteau par exemple) et par les à-coups des roues traversant des rails disjoints. L’intensité sonore du bourdon augmente et laisse penser à un son de moteur de locomotive diesel. La scène est à nouveau très stable : bourdon modifié (impression de diesel), voix, frottements et circulation, un ton et une nuance au-dessus. Une seconde séquence de traversée d’aiguillages, plus intense que la première survient. Pendant une quinzaine de secondes, les sons des rails et le bourdon modifié masquent le reste. Les sifflements des rails disparaissent, ainsi que le niveau sonore général sans que le bourdon paraisse modifié. Les voix réapparaissent et se trouvent doublées des à-coups provoqués par le couple roues-rails. L’ambiance sonore reste alors très stable (bourdon, voix, circulation, à-coups) pendant une cinquantaine de secondes, ponctuée par quelques émergences. Quelques frottements (sacs plastiques), un sonal retentit et une voix, peu distincte, d’homme dit : « Estação Patriarca ». Le bourdon est toujours présent, les frottements provoqués par les passagers sont plus importants, quelques voiture klaxonnent à multiples reprises et un bref, et très discret, lâcher d’air suivi d’un son de glissement, très discret aussi indiquent moins l’ouverture des portes que le changement d’enveloppe sonore qui s’ensuit. [Effet sonore] Bourdon
04 – À Varsovie, dans un tramway récent dans la direction Centrum – Rondo Waszyngtona – 2min 15s À Varsovie, dans un tramway récent dans la direction Centrum – Rondo Waszyngtona. Un son de roulement et de moteurs électriques décroît et stoppe très rapidement. Quelques frottements accompagnés d’un son synthétique et mat de xylophone, immédiatement suivi d’une voix d’homme disant « Tu przystanek Most Poniatowskiego », précèdant l’ouverture des portes. Le champ sonore s’élargit immédiatement. Des voitures passent à vive allure sur une route mouillée longeant la voie de tramway. À l’extérieur des voitures, à l’intérieur quelques frottements, l’exclamation d’un homme, puis une sonnerie retentit suivie d’un son mécanique discret. Le champ sonore se referme sur l’intérieur. Quelques frottements, bruits physiologiques et voix éparses signalent la présence humaine proche et relativement dense. Le « grincement » typique des moteurs électriques de tramway indique leur mise en rotation. En même temps que la vitesse augmente, ce qui se traduit par l’augmentation du bourdon dû aux moteurs ainsi que par le son du roulement, un sonal suivi d’une voix d’homme indique la prochaine station. Des jeunes hommes parlent fort et rient. La vitesse est au maximum, le tram vibre de toutes parts et le bourdon est alors important, mais ne masque pas les voix. Cette scène sonore devient stable pour une quarantaine de secondes, ponctuées seulement par quelques émergences : voix, à- coups roues-rails. Le tram ralentit rapidement, ce qui se traduit par une baisse significative du bourdon mais le son du roulement reste présent. Des frottements s’ajoutent aux voix des passagers. Des à-coups, les frottements augmentent et des personnes se déplacent à l’intérieur de la rame. Les discussions entre les jeunes hommes continuent. Le tram s’arrête brusquement, le sonal suivi de «Przystanek» retentit, la scène est identique à celle d’ouverture. Beaucoup de frottements, ouverture des portes et élargissement du champ sonore. Les voitures passent toujours à vive allure sur une route toujours mouillée. Les jeunes hommes parlent plus fort et rigolent au loin. Une sonnerie suivie d’un son mécanique discret indique la fermeture des portes. Le tram redémarre et le début de l’accélération est ponctué par un sonal. [Effet sonore] Emergence
05 – Dans la ligne 66 du tramway de Bonn, dans le sens Hauptbahnhof – Ramersdorf – 1min 33s Dans la ligne 66 du tramway de Bonn, dans le sens Hauptbahnhof – Ramersdorf. Le tram est à l’arrêt et quelques frottements à peine audibles se distinguent d’un faible bruit de ventilation. La scène est aseptisée et assez vide. Un long lâcher d’air d’intensité sonore moyenne est suivi d’un glissement de porte qui s’achève par trois claquements mats et nets. La ventilation est à nouveau audible et ce bruit de fond est ponctué par quelques gestes sonores, frottements, pages de journal tournées, clefs qui s’entrechoquent, un homme hoquette, quelques pas… La scène reste stable pendant une trentaine de secondes. Un son de rotation (des moteurs, des roues ?) est suivi de celui, électromécanique, du composteur. Très subitement le son de roulement apparaît, accélération des moteurs par à-coups, à-coups roues-rails, rotation des roues, haussement significatif de l’intensité sonore. La présence des passagers est alors à peine manifeste. Quelques claquements de machine mécanique (peut-être le composteur, mais le son est différent de celui du début), un homme hoquette à nouveau, le son de pièce de monnaie puis une voix féminine de synthèse indique : « Nächste haltestelle : Universität/Mart. Ausstieg rechts. Next stop : Universität/Mart. Exit on the right ». L’intensité sonore diminue de même que le roulement, un son de roulis apparaît et diminue progressivement, un lâcher d’air, quelques pas et quelques frottements. Un bref lâcher d’air, un couinement et l’ouverture des portes. Des pas s’en vont au milieu d’un très faible son de ventilation. [Effet sonore] Matité
06 – Dans le métro de Tunis – 1min 21s Dans le « métro » de Tunis. Le métro est à l’arrêt et la scène commence par le retentissement d’une sonnerie. L’univers sonore est chargé, et des sons de ventilation, ainsi que de circulation : moteurs, freins, constituent un drône omniprésent qui couvre quasiment les sons du système pneumatique du métro. Des voix issues de discussions émergent néanmoins. À ce drône très présent vient s’ajouter un de grondement, probablement issu du contact des roues en rotation sur les rails. Les voix restent émergentes et la voix lancinante d’un vendeur de chewing-gums ambulant dont le niveau sonore évolue avec la proximité du vendeur apparaît. Le son dû au roulement augmente et diminue en fonction de la vitesse. On se sent complètement mêlés à la circulation et ses klaxons. Cet univers sonore est stable, même dans ses fluctuations : drône urbain, roulement du métro, voix des passagers et est coloré par les allées et venues du vendeur ambulant. La vitesse du métro augmente et se stabilise, le drône n’est alors plus que celui de la machine en mouvement, des roues tournant sur des rails disjoints, auquel s’ajoute une probable ventilation. Le son de la circulation ne reste présent qu’à travers des émergences : klaxons et crissements de freins. Les voix restent émergentes sur ce fond sonore constitué par le drône, de même que celle du vendeur ambulant qui est déjà un peu plus loin. [Effet sonore] Bourdon Créneau Mixage
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