Les ambiances du campus :
hospitalités et sonorités

La 12e édition de l’école d’hiver du Cresson prend ses quartiers sur le campus de Saint-Martin- d’Hères et propose une exploration des sonorités et hospitalités de cet important territoire de vie étudiante et de recherche. Il est alors question de penser le campus, non pas seulement comme un lieu dédié à l’étude et qui produit des personnes diplômées, mais comme une « infrastructure sociale » faite d’« espaces capables » de favoriser des interactions sociales singulières. Ce qui fait les qualités d’écoute d’un milieu, c’est la possibilité de trouver sa « niche acoustique », de prendre part à une composition spatiale et sonore et de trouver un espace qui respecte un « pacte du silence » (Krause 2012, Despret 2019).

Comme chaque année, l’école d’hiver alterne des temps de conférence à l’école d’architecture de Grenoble et des temps d’atelier sur le terrain. Pour l’édition 2024, le Cresson tisse des liens avec Radio Campus Grenoble pour proposer une restitution finale sous forme d’un grand plateau radio collectif le dernier jour.

Séance introductive :
Ambiances, hospitalité, sonorités

Après une présentation du laboratoire AAU- Cresson et de l’école d’hiver, cette séance sera consacrée à l’introduction et la discussion de quelques notions importantes pour cette semaine d’école d’hiver.

Nous ferons un rapide tour d’horizon de quelques implications théoriques et méthodologiques entre ambiances, hospitalité et sonorités. La matinée
se terminera par une revue du programme de la semaine, qui naviguera de l’école d’architecture au campus universitaire, en passant par une soirée d’écoute au Théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas.

Nicolas Tixier, Professeur TPCAU, HDR, ENSA de Grenoble / Université Grenoble-Alpes, Directeur du CRESSON et directeur adjoint du laboratoire AAU

 

Céline Bonicco-Donato, Professeure en sciences humaines et sociales à l’ENSAG, Docteur en philosophie, HDR en philosophie esthétique

Marc Higgin, anthropologue, enseignant-chercheur LRU à l’Institut d’Urbanisme et de Géographie Alpine, Grenoble.

 

Méthodologies d’enquête par le sonore

A l’écoute de milieux d’écoute

Dans cette conférence, Anthony Pecqueux aborde les implications d’une conception de l’écoute dans l’enquête de terrain qui ne se limite pas à délimiter des rôles (enquêteur / enquêté) mais qui s’ouvre à l’indétermination et à la contingence à ce sujet. Plusieurs enquêtes serviront d’appui au propos ; principalement, celle menée au Parlons-En (Grenoble) et surtout celle au bord du Vénéon (Isère).

• Anthony PECQUEUX est sociologue, chargé de recherche au CNRS ; il travaille dans le cadre d’une sociologie pragmatiste, sur des questions liées à l’écoute, que ce soit sur un plan épistémologique ou empirique.

 

Effets sonores et hospitalités
Penser le vivant dans le projet architectural et urbain par le sonore.

Retracer les grandes notions qui ont permis de penser les liens entre sons, espaces, usages et matérialités nous permet d’interroger le sonore non pas comme un phénomène intangible, volatile, voire mystérieux, mais plutôt de s’en saisir pour ce que l’on peut en faire et ce qu’il peut nous faire. C’est ce que l’on propose ici en abordant tout particulièrement la notion d’ « effet », puis en l’élargissant aux enjeux qui émergent aujourd’hui lorsqu’il s’agit de penser les espaces de la ville contemporaine.

• Théo MARCHAL est architecte, musicien et enseignant chercheur au laboratoire AAU/Cresson. Il travaille particulièrement sur la place du son dans la conception architecturale et son impact à la fois comme outils mais aussi comme matériaux de projet.

 

Les Ondes de l’eau

Territoire industriel développé autour de l’hydroélectricité, la Basse vallée de la Romanche (Isère) est depuis 2010 la scène d’un grand chantier EDF. Ce « projet d’eau et d’avenir » procède à la construction de nouveaux équipements, au démantèlement des anciens et à la renaturation des berges de la rivière.

Dans ce contexte de transformation massive du paysage, un collectif de chercheurs (AAU_CRESSON) et d’artistes (Regards des Lieux) s’est intéressé aux perceptions et aux pratiques liées à la Romanche et ses abords. Comment celles et ceux qui vivent dans la vallée peuvent-ils être témoins, acteurs et passeurs de

la mémoire des lieux ? Quelles expériences sensibles passées, présentes et potentielles la rivière offre-t-elle, complexifiant son image de simple ressource à exploiter ?

Cette intervention partagera les formes de recherches et de créations qui ont pris consistance au cours d’une résidence au fil de l’eau, entre les conduites forcées, les barrages et le lit torrentiel de la Romanche : deux ans et demi d’observations et de rencontres, d’allers-retours entre la vallée et les collectifs de recherche et de création, d’où ont émergé des formes d’écritures plurielles invitant à plonger autrement dans l’épaisseur sensible (et notamment sonore) de la Romanche.

• Laure BRAYER est maîtresse de conférences dans le champ des Arts et Techniques de la Représentation à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble. Docteure en architecture, elle développe ses travaux de recherche au sein de l’équipe CRESSON de l’UMR AAU- Ambiances Architectures Urbanités.

 

La mémoire sonore de deux écoles d’architecture ENSAG et ENG-ASU

Cette présentation prend le parti d’étudier la mémoire sonore de deux établissements : l’ENSAG en France et la Faculté de l’ingénierie en Égypte ENG-ASU. Pourquoi le sonore ? Étant le lieu où la notion d’ambiance – tout particulièrement l’ambiance sonore – est née, il n’est pas possible de faire l’impasse sur l’étude de L’ENSAG en tant que « milieu sonore ». En parallèle la faculté de l’ingénierie où je travaille raconte tout à fait une autre histoire sonore. Comment ces lieux sonnent, comment l’espace sonore est perçu et mémorisé par les usagers de l’école, comment il a changé au fil du temps… Voici l’objectif de ce cette intervention.

• Noha GAMAL SAID est docteur en architecture et design urbain ; elle est professeure agrégée à l’Université Ain Shams, Département d’architecture et design urbain – Le Caire ; chercheuse associée au centre de recherche CRESSON – École nationale supérieure d’architecture de Grenoble où elle avait soutenu sa thèse de doctorat en 2014.

Ses recherches abordent la notion d’«ambiances» qui appelle l’expérience sensorielle et sensible de l’espace. Elle s’intéresse particulièrement à la dimension sonore, à l’aspect temporel et au caractère évolutif de la ville. Certaines de ses recherches portent sur les enjeux urbains contemporains tels que la durabilité, la densification, lamémoire et le patrimoine vus sous l’angle de l’expérience sensorielle quotidienne de la ville.

 

Ville, récits, paysages

Les Récits de vi(ll)es pour construire la ville de demain

LALCA, laboratoire de recherche et création artistique sur la ville et l’habiter composé d’architectes, de chercheur·es en sciences sociales et d’artistes, et les AML, Archives municipales de Lyon, se sont engagés ensemble pour préserver l’expérience et l’expertise urbaine des usager·es des bains-douches Delessert (Lyon 7e). Les Récits de vi(ll)es, créations sonores de LALCA réalisées à partir de collectes de paroles, racontent les réalités sociales d’aujourd’hui. Le versement de ces œuvres, accompagnées de documents graphiques, permet de préserver la mémoire de ces situations souvent ignorées et de les faire entrer dans l’Histoire de la ville.

• Julie BERNARD, LALCA, chercheure, architecte et artiste
• Yaël EPSTEIN, LALCA, chercheure, anthropologue et artiste
• Virginie GENTIEN, AML, archiviste, responsable des fonds privés
• Florent OTTELLO, LALCA, chercheur, architecte et artiste

 

Écouter les situations de travail et de transformation des lieux

Comment les pratiques d’enquête sonore in situ (enregistrement, montage et radiodiffusion) se mêlent dans la formation d’une école de paysage ? En s’intéressant aux propos de travailleurs dont l’activité tend à transformer des espaces donnés, directement sur leurs lieux de travail, peut-on imaginer et anticiper l’avenir des lieux visités ? En tant que paysagistes, la manipulation de ces matériaux sonores permet-elle un exercice d’imagination, mais aussi une attention critique à l’égard des manières dominantes d’aménager les territoires et les lieux habités ? Nous pouvons réfléchir à la portée sociale et politique de ces ateliers sonores.

• Lolita VOISIN, paysagiste et docteur en urbanisme travaille à l’École de la nature et du paysage de Blois (INSA Centre-Val de Loire), dont elle a été directrice de 2018 à 2023. Ses recherches portent sur la mise en politique du paysage depuis le début du XXe siècle et les expérimentations locales de sa décentralisation. Elle s’intéresse par ailleurs aux postures d’écoute et réalise plusieurs expériences sonores et radiophoniques.

 

Présentation de Radio Campus Grenoble

Clärli Honegger Coordonnatrice d’antenne

 

Organisation de l’école d’hiver :

Paul BAI
Sébastien DEPERTAT
Marc HIGGIN

avec
Françoise ACQUIER
Aurélie GONNET
juL McOISANS
Cédric PICHAT

Écouter la restitution des travaux d’étudiants sur Radio Campus Grenoble :

ou sur Radio Campus Grenoble :

Les ambiances du Campus : hospitalités et sonorités | Ecole d’hiver du CRESSON 2024

 

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Quelques images