L’urbanisme est aujourd’hui marqué par une crise du logement doublée d’une crise environnementale. Dans ce contexte, comment expliquer la position duale des acteurs publics face à l’habitat sans fondations fixes, entre politiques de résorption d’une part et projets institutionnels de l'autre ?

L’habitat sans fondations fixes est ici compris comme une structure habitable associée à des fondations amovibles, conservant ses moyens de mobilité au delà de sa mise en oeuvre sur site. Cette définition descriptive et technique est ici utilisée afin de parler d’une réalité désignée sur le terrain par une pluralité de termes tels que : « habitat mobile », « alternatif », « démontable », « réversible », « mobilier » ou encore « cabane ». Interrogés au regard de leur conformité réglementaire, ces objets architecturaux peuvent se décliner dans des contextes juridiques également très différents : certaines installations se font de manière illégale sur des terrains non-constructibles, d’autres dans le cadre de projets institutionnels de logement portés par des acteurs publics. En dépit de la validité légale de certaines de leurs applications, leur développement fait débat au sein de la société civile et de l’action publique. Du point de vue juridique, ces habitats sont considérés comme des biens mobiliers par l’ordre des notaires. Ils interrogent ainsi les normes sociales, juridiques, économiques et techniques autour de la notion de propriété en permettant à leurs usagers d’être propriétaires de leur logement et locataires du sol. Par ailleurs, la fabrique architecturale spécifique de ces habitats renouvelle les pratiques professionnelles et le jeu d’acteur de l’urbanisme ; la figure de l’architecte, usuellement centrale, se trouve absente ou bien reléguée en posture de conseil en l’absence d’obligation d'y avoir recours, au profit de celles des artisans, des collectifs d’habitants et des autoconstructeurs. Dès lors, comment analyser ces évolutions et leurs effets structurants sur les normes en matière de logement ainsi que sur la manière dont professionnels et institutions veillent à leurs applications ?