La ville est un espace sensible, construit notamment par des architectes et des urbanistes. Ceux-ci modèlent l'espace en n'utilisant souvent qu'une modalité sensorielle de base pour leur travail : la modalité visuelle. Or notre perception d'un espace ne se fait pas uniquement par cette modalité, ni de façon disjointe entre nos différents sens : il existe des interactions entre les sens ; notre perception est une perception intersensorielle. L'objectif de cette recherche est d'appréhender des perceptions intersensorielles situées dans l'espace urbain et de comprendre les bases de leur articulation. Deux démarches ont été adoptées pour appréhender la nature de ces perceptions intersensorielles : 1/ les travaux scientifiques ont été consultés, et 2/ une approche située permettant de relever des perceptions intersensorielles sur un site urbain a été élaborée et testée. Cette méthodologie utilise des comptes rendus de perception d'usagers, des observations ainsi que des mesures physiques réalisés sur site. Les principaux résultats sont les suivants : 1/ les ambiances peuvent être observées d'un point de vue intersensoriel ; 2/ cette observation permet d'élaborer des modes perceptifs révélés par l'interaction existant entre les sens, le langage, la motricité et les modalités de l'être ; 3/ ces modes perceptifs correspondent à trois échelles différentes : profils perceptifs (échelle urbaine), attitudes perceptives (échelle du piéton en mouvement), effets intersensoriels (échelle du dispositif architectural) ; 4/ l'interprétation de ces modes perceptifs fait appel à la motricité ; 5/ les mesures physiques confirment souvent les mesures perceptives et nous en concluons que l'observation des perceptions par le biais du langage est pertinente. Cette recherche contribue à la définition de la notion d'espace public urbain à partir de ses composantes sensibles et à l'élaboration d'un schéma d'intelligibilité des ambiances urbaines basé sur des perceptions situées.