Le patrimoine qui reste. L’espace sonore des Églises romanes des Pyrénées Catalanes après l’enlèvement de leurs peintures murales
Ona Balló Pedragosa Thèse de doctorat débutée en 2023
Encadrement : Nicolas Tixier
Financement : bourse de la fondation Caixa
Plusieurs églises et ermitages datant des XIe et XIIe siècles ponctuent les vallées des Pyrénées Catalanes. Remplies de peintures murales, de musiques, de paroles et de silence tout au long de leur histoire, elles sont aujourd’hui le plus souvent fermées. Dans les années vingt, du côté de la Catalogne et de l'Andorre, des campagnes d'extraction des peintures murales ont été menées, afin d’empêcher la « vente de fresques » à des collectionneurs internationaux. Enroulées et transportées sur des ânes, de la montagne à la capitale régionale, ces peintures murales ont été installées dans des musées. Si aujourd'hui les images ont voyagé vers les grandes villes, l'univers sonore les enveloppant reste lui bien présent.
En partant de l'hypothèse qu'il existe un lien latent entre l'architecture, les représentations picturales et l’espace sonore des lieux (l’acoustique des architectures, le paysage sonore des vallées, l'iconographie musicale et l'activité liturgique), nous proposons de refaire à pied le parcours qui lie ces églises. Nous voudrions enquêter in situ sur leurs histoires afin de nous mettre – littéralement - à l'écoute de cette architecture et de ces espaces de montagne, dans la perspective d’étudier cette valeur patrimoniale oubliée.
L'évidence des possibilités acoustiques de ces lieux donne à expérimenter leur espace actuel par des créations nouvelles pour les redonner à l’écoute. Pour ce projet, nous étudierons, enregistrerons et travaillerons sur les sons retrouvés pendant ce « voyage inverse » à celui réalisé par les peintures au début du XXe siècle. Au lieu de ne songer qu’aux montagnes et à leurs architectures lorsque nous sommes face aux images transportées au musée ou de ne songer qu’aux images une fois que nous sommes à l’intérieur des églises, il nous semble impératif de convoquer ce qui n'a pas pu être « transporté » ni « transposé ». Cela nous permettrait de redécouvrir et, en quelque sorte, de réconcilier un patrimoine dont les éléments sont aujourd’hui séparés.