L'eau anime un paysage particulier par ses qualités physiques et aussi par la vie et l'activité qu'elle apporte, où qu'elle se trouve, mais l'homme peut-être confronté à un contexte de rareté ou d'abondance de cet élément fondamental selon les régions du monde. L'eau, pour ses qualités esthétiques et environnementales, est perçue comme une ressource précieuse. Par la relation perceptive, significative et symbolique qu'elle crée avec l'homme, elle inspire les concepteurs et les architectes qui se nourrissent de cette relation pour imaginer différents espaces ou monuments où le liquide et le solide s'allient ou se fondent. Avec les développements de la science moderne et la notion d'environnement durable, l'eau a été transformée en "H2O" comme une matière à consommer qui tendrait à perdre ses capacités sensibles. D'autre part, les menaces qui planent sur cette ressource du fait qu'elle devient rare, en font un enjeu majeur du futur. C'est pourquoi les éléments "naturels" comme l'eau méritent une attention particulière : ils constituent à la fois des facteurs constitutifs d'une ambiance et des domaines fondamentaux de gestion environnementale se rapportant à des problèmes écologiques de première importance. En ce sens, notre recherche vise à articuler une écologie des environnements physiques et naturels à une esthétique des ambiances architecturales et urbaines. Il en va ici du rapport entre le matériel et l'immatériel, question particulièrement importante dans le cadre d'une théorie des ambiances. Tenant compte de cette problématique de recherche, nous avons choisi le jardin persan, à l'origine "paradeiza" (paradis), pour étudier les relations sensibles à une ressource dans un contexte où elle est rare. Bien que ces "paradis" soient situés en contexte désertique, l'eau y joue un rôle fondateur et omniprésent et elle est traitée sous différentes formes et dispositifs. Ainsi, malgré sa "rareté" dans les régions arides -notamment dans les deux jardins étudiés au centre de l'Iran -, l'eau se révèle alors comme élément construit de l'espace aussi bien qu’élément formant de l'ambiance. Nous nous posons la question plus précisément de savoir comment se forme l'ambiance visuelle, sonore, thermique et dynamique à partir d'une quantité minimale d'eau disponible en ces deux jardins. On se concentre plus précisément sur la dimension pluri-sensorielle de l'eau qui éveille et fit interagir nos sens en considérant principalement les rapports entre la proportion quantitative d'eau utilisée et la qualité de l'ambiance. L'objectif de ce travail est de dégager les principes et les dispositifs architecturaux utilisant l'eau comme élément d'ambiance, d'imaginaire, de structuration spatiale et de support d'usage dans l'aménagement des jardins à venir. Les méthodes mises en œuvre pour évaluer l'impact de l'eau dans la perception de l'ambiance des jardins ont constitué, dans un premier temps en des enquêtes à partir de la mémoire sensible et basées sur les souvenirs et les récits d'une dizaine de visiteurs. Cela nous permet d'énoncer une première interprétation sur la mémorisation des ambiances en référence à l'eau. deuxièmement l'observation des espaces et usages in situ nous aide à repérer les dimensions objectivables de la présence de l'eau. Enfin, nous avons recueilli in situ des commentaires de perception en mouvement auprès d'une vingtaine de visiteurs qui expriment certains effets sensibles et pratiques de l'eau dans le milieu du jardin.