FR

Le fantasme de l'exotique et de l'étranger a de tout temps incité les hommes au voyage. Chez les architectes, alors que l’École des beaux-arts a été fascinée par la Rome et la Grèce antiques, une aspiration nouvelle apparaît au milieu du XXe siècle pour l’architecture dite « traditionnelle » des pays extra-occidentaux. A la suite de la fin de l'enseignement de l’architecture au sein de l’École des beaux-arts, au moment où la discipline architecturale se trouve dans la nécessité de se reconstruire aussi bien théoriquement que dans sa méthode de formation, l'hypothèse de trouver hors de l'Occident des réponses à la question de l'après-modernisme est formulée. Tandis que les mouvements de décolonisation engendrent de nouvelles relations entre les pays du Nord et les pays du Sud, des enseignements dédiés aux « pays en voie de développement » – ou du « Tiers-monde » – émergent dans plusieurs unités pédagogiques d'architecture. De nos jours, ces enseignements demeurent assez peu connus. Pourtant, ils interrogent autant les rapports entretenus entre la France et les nouveaux États-nations que leur participation au renouveau pédagogique et pratique de la discipline architecturale. Ainsi, l’étude de ces enseignements ne relève pas uniquement de l'histoire de l'enseignement de l'architecture mais permet d’appréhender l’engouement actuel des architectes français pour les pays extra-occidentaux. Un engouement qui – écho ou suite des enseignements de notre corpus – questionne des problématiques proches de celles soulevées durant les années 1970 à 1990, avec sûrement davantage d'acuité au regard du monde globalisé dans lequel nous vivons.

EN

The fantasy of the exotic and the foreign has always invited humans to travel. In architecture, while the Beaux-Arts School was fascinated by Ancient Rome and Greece, a new aspiration emerged in the middle of the 20th century for the so-called “traditional” architecture of countries beyond the western world. After the end of architectural education at the Beaux-Arts, at a time when the architectural field needed to rebuild, both theoretically and in its training method, the hypothesis of finding answers to the post-modernism question beyond the West is formulated.

While the decolonisation movements generated new relations between the North and the South, lessons dedicated to “developing countries” – or the “Third World” – appeared in several educational units in architecture. Nowadays, these lessons remain little known. However, they questioned both the relationships between France and the new nation-states and their participation in the pedagogical renewal and practice of the architectural field.

Therefore, the study of these lessons does not deal only with the history of architectural education, but it also enables the understanding of the current interest of French architects for countries that are beyond the west. This interest – an echo or the continuation of the lessons from our corpus – questions issues that are close from the ones raised between the 1970s and the 1990s, with surely more accuracy in terms of the globalised world in which we live.