Les politiques publiques locales en matière d’urbanisme tendent aujourd’hui continuellement vers une approche qualitative du projet de territoire. Héritage d’un urbanisme « descendant », l’urbanisme règlementaire s’équilibre avec une nouvelle manière d’écrire nos règles juridiques urbaines : l’urbanisme négocié. Les plan locaux d’urbanisme se dotent de règles plus souples, plus interprétatives, permettant une intervention adaptative sur la fabrique de leurs territoires. Ils traduisent ainsi une adaptation à l’échelle locale de mutations législatives, institutionnelles et juridictionnelles nationales.

Ce projet de recherche a pour but de s’intéresser au premier niveau de la fabrique administrative locale de la ville : l’instruction des autorisations d’urbanisme. Ces premières lignes de l’action publique urbaine ont longtemps été un angle mort des études urbaines. Pourtant, elles sont aujourd’hui prises entre d’un côté les souhaits d’un mode d’habiter et leur traduction normative (dans la demande d’autorisations) et de l’autre des ambitions politiques, des impératifs hiérarchiques et juridiques, des injonctions d’évolutions des savoirs professionnels.

Ainsi, entre rapports de pouvoirs, de temps, de compétences et d’inscription dans un tissu professionnel urbanistique, cette recherche a pour but de caractériser et mettre en lumière la pratique des « petites mains de la fabrique de la ville ». En prenant le parti d’utiliser les sciences juridiques ainsi que différentes branches de la sociologie (sociologie du droit, de l’action publique, de l’expertise et des groupes professionnels), nous réaliserons une enquête ethnographique de l’instruction des autorisations d’urbanisme, afin d’éclairer ce qui reste largement un impensé dans le monde de la recherche en urbanisme.