Au début du XXe siècle, les architectes, laissés sur la touche par les ingénieurs, tentent à tout prix d’embarquer dans le train du progrès. Ils se donnent alors pour rôle de faire de la technique une esthétique et de placer l’infrastructure au cœur de la nouvelle théorie urbaine. Tout au long du XXe siècle la technique est la grande pourvoyeuse d’idéaux pour ceux qui font la ville. S’établit alors une étroite coïncidence entre l’idéologie du progrès et les programmes esthétiques et sociaux de l’architecture.

L’objet de ma thèse est d’examiner comment la relation entre les architectes et la technique s’est nouée et comment elle s’est déployée jusqu’à devenir la force impérieuse dominant l’élaboration de tout projet. La période étudiée commence avec les premiers gratte-ciel de Chicago, situation fondatrice qui voit l’apparition de l’immeuble conçu comme un écosystème technique mobilisant toutes les innovations disponibles. Elle se termine avec la COP21 et la crise sanitaire, soit le temps actuel, où l’emprise de la technique sur l’architecture et l’urbanisme est profondément remise en question.

Mon propos s’articule sur une succession de temps forts où la prise de pouvoir de l’univers technicien est mise en parallèle avec des grands chapitres du récit de la modernité. Ces étapes mettent également en lumière des bifurcations possibles dans la relation entre la technique et le projet, et les choix qui ont alors été pris par les architectes eux-mêmes, non sans débat.

  • Temps 1. L’architecture comme écosystème technique, William Le Baron Jenne
  • Temps 2. L’Avant-Garde, cheval de Troie de l’envahissement technicien
  • Temps 3. L’architecture hors sol et l’uniformisation des ambiance.