Vendredi 25 mai 2018 à 14h30 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

Le propos de cette habilitation à diriger des recherches est de s’interroger sur la possibilité de formuler une critique à l’égard de l’urbain à partir d’une attention aux ambiances et à leurs transformations : quels sont leurs effets sur l’expérience sensible du piéton, ses manières de faire, de percevoir et d’être en public ?

La critique n’est pas absente des travaux sur les ambiances architecturales et urbaines. Mais elle est le plus souvent implicite et exclusivement formulée à l’égard des champs de la conception et de l’aménagement à qui nous reprochons leur négligence des dimensions sensibles de l’espace et leur focalisation sur les dimensions techniques et normatives. Ces travaux ont certes contribué à asseoir l’intérêt de la notion d’ambiance pour mieux comprendre la nature des rapports de l’homme à son environnement. Mais ils ont jusqu’à présent laissé de côté la question des enjeux sociétaux – voire des problèmes politiques et moraux – que posent les transformations physiques et sensibles de nos cadres de vie.

L’enjeu de ce mémoire d’habilitation à diriger des recherches est précisément de s’emparer de cette question, en proposant des pistes pour construire théoriquement ce que j’appelle une critique sensible de l’urbain. Il s’agit aussi d’essayer de transporter la critique sociale et politique sur le terrain du sensible. Concrètement, je me questionne sur la part des ambiances dans la mise en place de processus de normalisation des conduites piétonnes qui peuvent créer du trouble dans les mécanismes de la civilité, accentuer la vulnérabilité du citadin, reconduire des formes d’exclusion. Qu’est-ce que les cadres spatiaux et sensibles font aux corps et aux sens du piéton ? Quelle est leur part dans le déploiement des pratiques urbaines, dans un attachement au milieu de vie, dans la possibilité d’un « prendre part » à la société ? De quelles manières contribuent-ils à produire ou à reproduire des « mises à l’écart », des indispositions à l’action, des impossibilités à la mobilisation et au partage ?

Le jury sera composé de :

  • William Berthomière, Directeur de recherche, CNRSM
  • Daniel Cefaï (Rapporteur), Directeur d’étude, EHESS
  • Cristiane Duarte (Rapporteure), Professeure, Universidade Federal do Rio de Janeiro
  • Denis Laborde (Rapporteur), Directeur d’étude EHESS, Directeur de recherche CNRS
  • Jean-Paul Thibaud (Garant), Directeur de recherche, CNRSM
  • Yves Winkin, Professeur, CNAM

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