Cinquante ans après le choc pétrolier de 1973, les dernières décennies ont été bouleversées une instabilité récurrente et une succession ininterrompue de crises. La recherche s'intéresse à cette période particulière de l'Histoire, durant laquelle les épisodes critiques ont acquis une forme inédite de périodicité, et où "la crise", économique, climatique, sociale, politique, est sortie de la sphère financière qui l'a vue naître, en constituant un nouveau référentiel, la condition même de notre temps présent. Qu'est-ce que ce nouveau référentiel fabrique comme postures, comme pensées, comme positionnements intellectuels, théoriques, artistiques ? Dans le champ de l'architecture et de l'urbanisme, peut-on parler d'une "architecture de la crise" concernant le demi-siècle écoulé ? Entre injonction au "moins", remise en cause de l'acte même de projeter ou de planifier, fragmentation de la pensée architecturale et absence de "grand récit", la recherche vise à interroger la façon dont ce contexte de crise et d'incertitude a pu influencer et percoler dans la discipline, en émettant l'hypothèse d'un "shift" incarné dans des formes renouvelées de pratiques et de postures chez les architectes et urbanistes. En creux, nous nous interrogerons sur leur capacité à se saisir des grandes injonctions économiques, et sociales qui pèsent sur la discipline et qui la dépassent bien qu'elles l'influencent profondément dans la pratique quotidienne.