Ce séminaire prolonge la journée d’études Coexister/Cohabiter avec les animaux initiée par le groupe de recherche « Mondes communs », en novembre 2021 à l’ensa Nantes.

Il se tiendra dans la galerie Loire de l’ENSA Nantes le 5 avril prochain.

Enquêter le vivant prolonge notre attention à nos cohabitations avec différents types de vivants afin d’interroger nos modes d’agir, d’interagir et de (se) ressentir vivant parmi les vivants. L’enquête, à l’inverse ici de la conquête, est marquée par des approches qui considèrent les entités autres qu’humaines, qui explorent des formes d’agentivité, des échelles de représentations, des points d’ancrage (perceptifs, énonciatifs, narratifs) ne se limitant plus à ceux propres aux corps et aux points de vue humains.

Le fait de substituer aux seules actions et décisions des protagonistes humains, des formes de présence et d’attention distribuées entre l’animé et l’inanimé, l’organique et l’inorganique, le naturel et le technique, permet de renouveler nos visions, d’interroger nos valeurs, de déplacer nos habitudes de pensée, d’expérimenter des rapports à l’espace, à la temporalité, à la relation ainsi que de leur donner forme, figure et connaissance. Ici l’habiter, c’est vivre plus que se loger, vivre en un lieu dans une relation étroite avec celui-ci, établie sur l’attention, le soin, le devenir conscient des relations écologiques particulières qui opèrent au sein de ce milieu et autour de lui. Cela signifie entreprendre des activités et faire naître des comportements sociaux capables d’enrichir la vie de cet endroit, de restaurer des systèmes d’accueil de la vie, et d’y établir un mode d’existence écologiquement et socialement durable.

Cette journée du 5 avril 2024 s’organise en trois temps :

1 / Les virus bactériophages. Les vivants par leurs relations  

      10h30-12h30

En ouverture de ce premier temps, Etienne Vrignaud présentera son enquête sur les moustiques à Nantes, qui interroge la perception strictement nuisible de l’insecte par les politiques de santé publique, en croisant les données d’évolution du vent dans la métropole, la morphologie urbaine, et l’éthologie des diptères. A partir de son ouvrage récemment paru « Face à l’antibiorésistance. Une écologie politique des microbes », Charlotte Brives présentera les nombreux enjeux d’un vivre autrement avec les microbes. Entre autres résultats, son enquête invite à une compréhension du corps humain comme un écosystème (peuplé de bactéries, de virus, de champignons…) profondément altéré par les transformations des milieux et rendu vulnérable par les conséquences de notre rapport de contrôle au vivant.

2 / La condition animale dans les espaces urbains modernes ?

      14h-16h

Nathalie Blanc et Violette Pouillard nous conduiront par leurs relectures de l’histoire urbaine à repenser la contribution des animaux à la modernité en nous intéressant particulièrement au XIXe et au début du XXe siècle. Cette période est marquée par une double dynamique aux effets équivoques : les humains ont évité toute forme et expression de l’animalité dans la ville, alors que son fonctionnement nécessite une forte densité de corps animaux.

3/ Considérer la géopolitique des plantes

     16h-16h45

Emmanuelle Chérel présentera des œuvres d’art contemporain s’intéressant aux plantes depuis la question coloniale. Les plantes y sont considérées comme ayant des rôles d’acteurs, de témoins ou d’instruments œuvrant à l’organisation de l’espace, à la délimitation des frontières et à l’exploitation. L’univers botanique conduit à s’interroger sur l’appropriation occidentale de patrimoines et de savoirs, sur la pollution, sur la géopolitique internationale… Il permet de révéler ou de réévaluer des narrations politiques, sociales, économiques, mais aussi spirituelles, et d’inventer de nouveaux récits, formes et pratiques, pensés comme puissances critiques et esthétiques.

Intervenantes et intervenants :

  • Charlotte Brives, anthropologue des sciences, chargée de recherche au CNRS, Université de Bordeaux,
  • Nathalie Blanc, géographe, directrice de recherche au CNRS,
  • Emmanuelle Chérel, historienne de l’art, école des beaux arts de Nantes Saint-Nazaire,
  • Violette Pouillard, historienne, chargée de recherche au CNRS,
  • Etienne Vrignaud, étudiant en Master 2, ensa Nantes.

Coordination AAU-CRENAU :

  • Anne Bossé, maîtresse de conférences à l’ensa Nantes.
  • Emmanuelle Chérel, historienne de l’art, école des beaux arts de Nantes Saint-Nazaire.
  • Léa Mosconi, architecte, maîtresse de conférences à l’ensa Nantes.

Inscriptions 

Ce séminaire est ouvert à tous sur inscription préalable.
Un café d’accueil est prévu à partir de 10 heures.

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Contacts : Anne BosséLéa Mosconi

 

© Photo : Thomas Pesquet, depuis l’ISS en octobre 2021, vue du Golf du Morbihan.